Appel à projets de recherche clinique hospitaliers dédiés aux maladies infectieuses émergentes et réémergentes
Dernière mise à jour le 23 juillet 2024
Les lauréats de l’appel à projets de recherche clinique hospitaliers dédiés aux maladies infectieuses émergentes et réémergentes (ReCH-MIE 2023) lancé par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) et piloté par l’ANRS MIE, ont été publiés : quatre projets de recherche ont été sélectionnés pour financement.
Ces projets visent à améliorer la prise en charge des patients et l’efficacité des systèmes de soins, que ce soit pour faciliter le diagnostic d’infections chez les patients immunodéprimés, traiter les séquelles respiratoires post-Covid, prévenir l’infection par le VRS chez les nourrissons, ou encore identifier la prise en charge optimale des bactériémies à Staphylococcus aureus (BSA).
Le projet SENTINEL, porté par Jacques Fourgeaud (Hôpital Necker, AP-HP), vise à évaluer les performances de la métagénomique NGS, une technique qui permet le séquençage complet de l’ensemble des génomes présents dans un échantillon. L’objectif de cette étude prospective est d’améliorer la détection d’agents pathogènes chez les patients immunodéprimés. Son originalité réside dans l’utilisation de prélèvements non-invasifs de selles et d’urines, en comparaison à des prélèvements de référence, des tissus tels que le liquide céphalo-rachidien, le lavage broncho-alvéolaire et/ou le sang, habituellement utilisés en routine.
Les porteurs du projet ont montré, dans une étude pilote préalable, que la probabilité de détecter un pathogène était deux fois et demie plus élevée chez les personnes immunodéficientes par rapport aux sujets immunocompétents, avec un taux de détection plus élevé dans les prélèvements de selles comparés aux prélèvements invasifs. Ce travail a également contribué à décrire de nouveaux pathogènes et à poser des diagnostics non faits.
Le projet vise non seulement à améliorer le diagnostic des infections chez les patients immunodéprimés, mais aussi à surveiller plus efficacement les pathogènes émergents dans cette population. Cent vingt patients seront recrutés dans huit centres hospitaliers français sur une période de 24 mois.
Le projet pilote BASECOVID présenté par David Smadja (Hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP) concerne les séquelles respiratoires du Covid. Il évalue l’intérêt du bevacizumab, un anticorps monoclonal dont l’emploi est déjà autorisé dans le traitement de plusieurs cancers.
La dyspnée et les difficultés respiratoires figurent parmi les symptômes fréquents du Covid long. Elles impactent de manière importante la qualité de vie des personnes touchées et aucun traitement n’est aujourd’hui disponible. Une atteinte des cellules endothéliales et des processus de remodelage vasculaires font partie des mécanismes multiples potentiels à l’origine de ces manifestations cliniques. Le bevacizumab possède de puissantes propriétés inhibitrices de l’angiogénèse, l’ensemble des phénomènes qui concourent à la formation des nouveaux vaisseaux sanguins. Le critère de jugement principal de cette étude est l’amélioration de la DLCO, un test mesurant la capacité de diffusion du monoxyde de carbone, et qui est dégradé chez une partie des patients présentant une atteinte respiratoire du Covid long.
Si l’efficacité du bevacizumab a déjà été testée chez les patients atteints de pneumonie COVID-19 hypoxémique sévère, cet essai pilote est le premier à évaluer cette molécule dans le cadre des séquelles respiratoires de la maladie. Cinq perfusions intraveineuses de bevacizumab seront administrées toutes les deux semaines chez 21 patients recrutés à l’hôpital Hôtel Dieu sur une période de 2 ans.
Le projet PIPELINE-RSV, porté par Pierre Frange (Hôpital Necker, AP-HP), concerne les infections liées au virus respiratoire syncytial (VRS) chez l’enfant, le principal virus responsable de la bronchiolite, une infection des voies respiratoires basses affectant le nourrisson. En 2023, la France a été l’un des tous premiers pays au monde à mettre à disposition pour les nourrissons le nirsevimab, un nouvel anticorps immunisant contre le VRS.
Ce projet de recherche s’intègre dans le consortium européen PIPELINE, une plateforme pour la préparation des pandémies en Europe. Dans le cadre de cette plateforme, plusieurs essais européens sont prévus pour évaluer les stratégies de prévention des infections symptomatiques à VRS du nourrisson : comparaison du nirsevimab administré au nourrisson, de la vaccination maternelle ou de la stratégie combinée (nirvesimab et vaccin). Une méthodologie identique et standardisée, sur les critères d’inclusion, les procédures, les critères de jugement et d’analyse permettra de pooler les résultats des différents essais réalisés en Europe et de réaliser des méta-analyses.
Le projet PIPELINE-RSV est un essai de phase 3 randomisé, contrôlé, évaluant le nirsevimab chez les nourrissons avec ou sans vaccination maternelle pour la prévention des infections symptomatiques à VRS chez les nourrissons. L’objectif de l’essai français est de montrer la supériorité de l’anticorps monoclonal chez le nourrisson associé à la vaccination maternelle par rapport à l’administration du nirvesimab seul chez le nourrisson. 1000 paires mères-enfants seront incluses en France pendant la période d’inclusion de 24 mois sur les 2500 paires devant être incluses en Europe.
Ce projet de recherche intégré à la plateforme internationale SNAP (S. aureus Network Adaptive Platform) et porté par Pierre Tattevin (CHU de Rennes) a pour objectif d’identifier la prise en charge optimale des bactériémies à Staphylococcus aureus (BSA) dues à des souches sensibles à la pénicilline ou à la méthicilline, ou résistantes à la méthicilline, et qui sont responsables de pathologies fréquentes et grevées d’une morbi-mortalité élevée.
Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est la bactérie la plus souvent responsable d’infections graves en France, que ce soit pour les patients hospitalisés (infection nosocomiale), ou les patients suivis en ville. Cette bactérie, qui colonise environ 1/3 de la population générale en bonne santé, devient particulièrement dangereuse lorsqu’elle passe dans le sang : c’est ce qu’on appelle les bactériémies à staphylocoques dorés (BSA). Avec une incidence qui a doublé au cours des 10 dernières années en Europe selon les systèmes de surveillance les plus performants, les BSA figurent parmi les maladies infectieuses émergentes les plus meurtrières en 2024.
Ce projet vise à évaluer plusieurs stratégies anti-infectieuses par des essais cliniques randomisés contrôlés intégrés, multi-factoriels, sur plusieurs continents. Il permettra de tester des interventions thérapeutiques dans 3 domaines (principal antibiotique, traitement adjuvant, relais oral), avec pour critère de jugement principal la mortalité à 90 jours, toutes causes confondues. Cinq cents patients seront inclus en France dans 25 centres, sur une période de 24 mois, parmi les 7000 patients prévus au total dans la plateforme.
La liste des projets retenus est également disponible en téléchargement sur le site du ministère
La campagne 2024 de l’appel à projets ReCH-MIE va être lancée prochainement. Pour plus d’informations
AAP ReCH-MIE 2024