Antirétroviraux et risque de fracture: pas de lien selon une étude cas-témoins

Dernière mise à jour le 27 février 2023

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Antiretroviral therapy, and in particular tenofovir, is not associated with an excess risk of bone fracture, in contrast to what has often been suggested. This is what Dominique Costagliola and colleagues (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique Inserm, UPMC, FHDH ANRS CO4 cohort) have shown in an ANRS- and ANSM-supported study conducted with a member of the nonprofit organization Act Up-Paris. The findings will be presented in an oral communication on 26 July 2017 during the 9th Conference on HIV Science (IAS 2017), organized by the International AIDS Society and the ANRS in Paris from July 23rd to 26th 2017.

Une étude menée par Dominique Costagliola, ses collègues de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique de l’Inserm et de l’UPMC ainsi que ses collègues de la cohorte FHDH ANRS CO4 montre que les traitements antirétroviraux, et en particulier le ténofovir, ne sont pas associés à un sur-risque de fracture osseuse comme cela a souvent été suggéré. Les résultats de cette étude soutenue par l’ANRS et l’ANSM et menée avec un membre d’Act Up-Paris sont présentés en communication orale le 26 juillet 2017 lors de la 9ème conférence sur le VIH/Sida (IAS 2017) organisée par L’International Aids Society et l’ANRS, qui se déroule du 23 au 26 juillet 2017, à Paris.


HIV-infected people have a lower bone mineral density (BMD) than members of the general population and a higher risk of bone fracture. Several studies have suggested a link between this decrease in BMD and treatment with antiretroviral drugs, particularly the nucleotide reverse transcriptase inhibitor tenofovir, and with protease inhibitors. The effect of antiretrovirals on fracture risk is nonetheless contentious. « Among the seven published studies, only one reports an increased fracture risk with tenofovir. The others do not necessarily find a link with tenofovir or protease inhibitors. Not to mention that the full treatment history of the patients is not always taken into account, » emphasizes Dominique Costagliola (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique Inserm, UPMC), who runs the study the results of which will be presented in an oral communication on 26 July, during IAS 2017, which was organized by the IAS and the ANRS (23-26 July, Paris).

Dominique Costagliola and her colleagues have conducted an ANRS- and ANSM-supported case-control study of the effect of antiretroviral drugs on fracture risk, in FHDH ANRS CO4, a French cohort of people living with HIV and treated in hospital that was set up in 1989. Focusing on osteoporotic fracture sites (vertebrae, hip, wrist,…), the re-searchers just considered low-energy fractures (occurring after low-energy trauma), and included all risk factors for bone loss, like age, body mass index (BMI), smoking, alcohol consumption, and corticosteroid treatment.

Of 861 patients who had not started antiretroviral therapy at the time of their inclusion in the cohort and who suffered a fracture between 2000 and 2010, 261 had a low-energy fracture at an osteoporotic site. The patients had a mean age of 49 years and were mostly exposed to tenofovir (49 % of patients) and protease inhibitors (82 %). The data collected were compared with data from patients with a similar profile, notably age, sex, and time of diagnosis of HIV infection, but who did not report a fracture over the same period. The analysis showed there was no association between the risk of fracture, the type of antiretroviral therapy (protease inhibitor or tenofovir), or the duration of exposure to treatment. « On the other hand », notes Dominique Costagliola, « we found an increased fracture risk with the usual factors, like low BMI, alcohol consumption, or use of glucocorticoids. »

« A decrease in BMD was observed with tenofovir, but only in the first year, » notes Dominique Costagliola. « In the longer term, bone loss was similar in HIV-infected patients and patients not infected. These data on tenofovir are particularly important as the question now relates to the value of treatment with next-generation tenofovir, tenofovir alafenamide fumarate, which is believed to have less impact on bone, compared with tenofovir generics. Tenofovir alafenamide fumarate is currently proposed as an alternative, while tenofovir generics should soon be on the market. »

Professor François Dabis, director of the ANRS, considers that « These results, recorded in a large number of patients, are encouraging for patients who have been on antiretrovirals for several years and who are wondering about side effects. They should also be considered in light of the fact that the generic form of tenofovir should soon become available. »

 

Source :

Impact of exposure to each antiretroviral treatment (ARV) on the risk of fracture in HIV-1 infected individuals, an analysis from FHDH ANRS CO4.

D. Costagliola1, V. Potard1,2, S. Lang1,2, S. Abgrall1,3, C. Duvivier4,5, H. Fischer6, V. Joly7, J.-M. Lacombe1,2, M.-A. Valantin1,8, M. Mary- Krause1, S. Rozenberg9, on behalf of the FHDH ANRS CO4.

1Sorbonne Universités, INSERM, UPMC Univ Paris 06, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS1136), Paris, France, 2INSERM Transfert, Paris, France, 3AP-HP, Hôpital Antoine Béclère, Service de Médecine interne/Immunologie clinique, Clamart, France, 4AP-HP, Hôpital Necker-Enfants Malades, Service des maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 5Institut Pasteur, Centre Médical de l’Institut Pasteur, Paris, France, 6ACT-UP Paris, Paris, France, 7AP-HP, Hôpital Bichat, Service de maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 8AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service de maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 9AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service de rhumatologie, Paris, France.

 

Les personnes infectées par le VIH présentent une densité minérale osseuse (DMO) plus faible que la population générale, et un risque de fracture osseuse plus élevé. Plusieurs études ont suggéré un lien entre la baisse de la DMO et la mise sous traitement antirétroviral, en particulier avec le ténofovir, un analogue nucléotidique, et les inhibiteurs de protéases (IP). Le rôle des antirétroviraux sur le risque de fractures est toutefois débattu. « Parmi les sept études publiées explorant ce lien, une seule rapporte une hausse du risque de fracture avec le ténofovir. D’autres ne trouvent pas forcément d’association, tant pour le ténofovir, que pour les IP. Sans compter que l’ensemble de l’histoire thérapeutique des patients n’est pas toujours prise en compte », souligne Dominique Costagliola (Inserm, UPMC Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique), responsable d’une étude sur cette question dont les résultats seront présentés en communication orale, le 26 juillet, lors de la conférence IAS 2017 co-organisée par l’IAS et l’ANRS (23-26 juillet, Paris). 

Dominique Costagliola et ses collègues ont mené une étude cas-témoin soutenue par l’ANRS et l’ANSM afin d’évaluer la répercussion des antirétroviraux sur le risque de fracture. Ils se sont focalisés sur les sites de fractures ostéoporotiques (vertèbre, hanche, poignet…) et n’ont considéré que les fractures de basse énergie (survenant après un traumatisme de faible intensité). Ils ont intégré l’ensemble des facteurs de risque de perte osseuse, comme l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC) ou encore le tabagisme et la consommation d’alcool ou de corticothérapie. Les chercheurs ont travaillé à partir de la cohorte française des patients pris en charge à l’hôpital et vivant avec le VIH qui a été constituée en 1989 : FHDH ANRS CO4.

L’étude a été menée sur 861 patients. Ces derniers n’avaient pas commencé le traitement antirétroviral au moment de leur inclusion dans la cohorte et ont présenté une fracture entre les années 2000 et 2010. Pour 261 des participants, la fracture était une fracture de basse énergie à un site ostéoporotique. Les patients avaient un âge moyen de 49 ans et ont été, en majorité, exposés au ténofovir (49 % des cas) et aux IP (82 %). Les données recueillies ont été comparées avec celles de patients au profil similaire, notamment sur la l’âge, le sexe et la période de diagnostic de l’infection à VIH, mais n’ayant pas rapporté de fracture sur la même période. L’analyse montre une absence d’association entre le risque de fracture, le type de traitement antirétroviral (qu’il soit par IP ou par ténofovir) ou la durée d’exposition au traitement. « On retrouve, par contre, un risque de fracture accru avec les facteurs habituels, comme un faible IMC, une consommation d’alcool ou une utilisation de glucocorticoides », commente Dominique Costagliola.

« Une baisse de DMO est observée avec le ténofovir, mais seulement la première année. A plus long terme, la perte osseuse devient similaire entre patients infectés par le VIH et des patients non infectés », ajoute la chercheuse. « Ces résultats sur le ténofovir sont d’autant plus importants que se pose actuellement la question de l’intérêt d’un traitement par le ténofovir de nouvelle génération, le TAF (ténofovir alafenamide fumarate), que l’on suppose avoir moins d’impact sur l’os, par rapport aux génériques du tenofovir ». La nouvelle combinaison de ténofovir, est actuellement proposée comme alternative, alors que les génériques du tenofovir devraient bientôt arriver sur le marché.

Selon le Pr François Dabis, directeur de l’ANRS, « Ces résultats, obtenus sur un grand nombre de patients sont encourageants pour les patients sous antirétroviraux depuis plusieurs années et qui se posent des questions sur les effets secondaires des molécules ». Il ajoute : « Ils sont également à considérer alors que la forme générique du ténofovir devrait bientôt être disponible ».

 

Source :

Impact of exposure to each antiretroviral treatment (ARV) on the risk of fracture in HIV-1 infected individuals, an analysis from FHDH ANRS CO4.

D. Costagliola1, V. Potard1,2, S. Lang1,2, S. Abgrall1,3, C. Duvivier4,5, H. Fischer6, V. Joly7, J.-M. Lacombe1,2, M.-A. Valantin1,8, M. Mary- Krause1, S. Rozenberg9, on behalf of the FHDH ANRS CO4.

1Sorbonne Universités, INSERM, UPMC Univ Paris 06, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS1136), Paris, France, 2INSERM Transfert, Paris, France, 3AP-HP, Hôpital Antoine Béclère, Service de Médecine interne/Immunologie clinique, Clamart, France, 4AP-HP, Hôpital Necker-Enfants Malades, Service des maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 5Institut Pasteur, Centre Médical de l’Institut Pasteur, Paris, France, 6ACT-UP Paris, Paris, France, 7AP-HP, Hôpital Bichat, Service de maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 8AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service de maladies infectieuses et tropicales, Paris, France, 9AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service de rhumatologie, Paris, France.

 


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