Les derniers résultats de l’étude COINCIDE présentés au Congrès SFLS 2024

Dernière mise à jour le 26 novembre 2024

L’essentiel

Le 25e Congrès de la SFLS a eu lieu du 20 au 22 novembre 2024 à Biarritz avec pour thème « Bien vieillir avec le VIH, vieillir en bonne santé sexuelle ». Les derniers résultats de l’étude COINCIDE y ont été présentés.

L’étude COINCIDE

L’étude COINCIDE, soutenue financièrement par l’ANRS MIE, a permis la description inédite de l’épidémie VIH en Île-de-France (IdF) à une échelle géographique fine, celle de l’arrondissement et de la commune. Les cartographies de l’épidémie de VIH en IdF ont été réalisées à partir de données de cinq COREVIH IdF provenant de 10 410 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) nouvellement diagnostiquées sur la période 2014-2021. Ces cartographies représentent une aide précieuse pour identifier finement, et jusqu’en grande couronne, les « territoires clés » à prendre en compte prioritairement pour le contrôle de l’épidémie : ceux où les taux et les nombres de nouveaux diagnostics sont élevés, témoins d’une épidémie active, et ceux où les diagnostics tardifs (DT) sont fréquents, signalant que les populations clés ne sont pas ou peu atteintes par les stratégies actuelles de dépistage.

Derniers résultats de l’étude COINCIDE

Deux études issues des données COINCIDE ont été présentées au Congrès de la SFLS en 2024 :

Des inégalités territoriales pour le diagnostic tardif

Un point particulièrement interpelant des cartographies présentées dans le cadre de la première étude est la très forte hétérogénéité de la prévalence des diagnostics tardifs (CD4 < 350/mm3 ou SIDA) selon le territoire. Ces diagnostics tardifs (DT) sont souvent beaucoup plus fréquents en dehors de Paris, quelle que soit la population considérée (HSH, femmes, personnes nées à l’étranger non HSH). Ils représentent quasiment la moitié des nouveaux diagnostics et sont une problématique centrale de l’épidémie.

Leurs conséquences sont en effet délétères tant au niveau individuel, par la surmorbi-mortalité dont ils sont responsables, qu’au niveau populationnel, où ils contribuent à entretenir l’épidémie et engendrent un surcoût de prise en charge important et durable.

Un travail analytique réalisé à partir des données COINCIDE a permis de révéler les inégalités socio-territoriales des DT en IdF. Les personnes ayant des conditions précaires de logement ont un risque accru de 52 % d’être diagnostiquées tardivement et celles vivant dans les quartiers de résidence les plus défavorisés voient ce risque augmenter de 40 %. Par ailleurs, les hommes étrangers (non HSH) et les femmes étrangères sont les plus à risque de DT (65 % et 57 %, respectivement) et les HSH nés en France les moins à risque (30 %).

Les résultats de ce travail suggèrent une forte ségrégation socio-spatiale des populations clés de l’épidémie VIH en IdF à prendre en compte dans les stratégies de prévention et de dépistage.

Un lieu de prise en charge très variable quand on vit en banlieue

Par ailleurs, les données COINCIDE suggèrent des flux importants entre le lieu de résidence et le lieu de prise en charge en IdF.  Le second travail présenté lors du Congrès a permis de préciser ces flux.

Près de 40 % des PVVIH résidant en banlieue se déplacent jusqu’à Paris pour leur prise en charge. Ces personnes sont très différentes de celles restant en banlieue : ce sont plus souvent des personnes HSH, sans problématique de logement précaire et résidant dans un territoire avec une offre de dépistage plus importante.

Ces résultats interrogent sur les raisons de ces flux qui mériteraient d’être analysées plus en détail.

Conclusion

Les données COINCIDE offrent l’opportunité unique d’analyses socio-territoriales de l’épidémie VIH en IdF. Les résultats apportés par ces deux premiers travaux soulignent l’importance d’efforts complémentaires auprès des populations les plus vulnérables, dans les territoires les plus défavorisés, pour aller vers un meilleur contrôle de l’épidémie.

Travail sur le diagnostic tardif : patients et méthodes

Étude transversale à partir des données des PVVIH prises en charge dans les COREVIH IDF, majeures et diagnostiquées en 2014-2021. Sept groupes de transmission ont été caractérisés : HSH nés en France (Fr)/à l’étranger (Etr), hommes non HSH Fr/Etr, femmes Fr/Etr, personnes transgenres. La précarité du type d’hébergement (SDF ou hébergé chez un tiers) était connue. Au niveau territorial ont été pris en compte le niveau de défavorisation du quartier de résidence via l’EDI (European Deprivation Index), ainsi que l’offre et l’accès en médecine générale et le taux de dépistage VIH. Les facteurs associés au diagnostic tardif ont été identifiés par modèles multiniveaux.

Travail sur la prise en charge de PVVIH résidant en banlieue : patients et méthodes

Étude transversale réalisée à partir des données des PVVIH prises en charge dans les COREVIH IDF, diagnostiquées en 2014-2021, majeures et vivant en banlieue parisienne au moment du diagnostic. Les facteurs associés à une prise en charge à Paris ont été identifiés par modèles multiniveaux, notamment le groupe à risque de transmission, les conditions de logement (domicile personnel/ SDF ou hébergé chez un tiers), le niveau de défavorisation du quartier de résidence via l’EDI (European Deprivation Index) et l’offre et l’accès en médecine générale.