Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2025

Elle est célébrée chaque année le 24 mars.

Dernière mise à jour le 24 mars 2025

Le thème de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2025

 Le thème de cette année, « Oui ! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose : nous engager, investir et agir concrètement », se veut un appel audacieux et porteur d’espoir, à agir d’urgence car la tuberculose continue d’anéantir les vies de millions de personnes dans le monde.

L’impact de la tuberculose

Une recrudescence de la tuberculose

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un nouveau rapport sur la tuberculose indiquant qu’environ 8,2 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été diagnostiqués en 2023 ; soit le nombre le plus élevé jamais enregistré depuis que l’OMS a commencé son suivi de la tuberculose dans le monde en 1995.

Même si le nombre de décès liés à la tuberculose a connu une baisse, passant de 1,32 million en 2022 à 1,25 million en 2023, la tuberculose reste l’une des maladies infectieuses qui entraînent le plus de décès dans le monde. Chaque jour, près de 3425 personnes meurent de la tuberculose et près de 30 000 personnes tombent malades à cause de cette maladie que l’on peut prévenir et guérir.

Une amélioration de l’accès au diagnostic et au traitement mais qui reste insuffisant

On estime que les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la tuberculose ont permis de sauver 79 millions de vies depuis 2000.

Dans son dernier rapport sur la tuberculose dans le monde, l’OMS a souligné que plus de 8,2 millions de personnes atteintes de tuberculose ont eu accès au diagnostic et au traitement en 2023, un niveau en hausse par rapport aux 7,5 millions de 2022, et bien supérieur aux 5,8 millions de 2020 et aux 6,4 millions de 2021. Mais un écart important subsiste à l’échelle mondiale entre le nombre estimé de personnes atteintes de la tuberculose et le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées.

L’engagement de l’ANRS MIE dans la lutte contre la tuberculose

Pour garantir les progrès en matière de réduction de la morbi-mortalité de la tuberculose, il est nécessaire de maintenir des niveaux de financement suffisants pendant de nombreuses années. L’ANRS MIE s’engage contre la tuberculose en finançant des projets de recherche et en animant des groupes d’action coordonnée composés d’experts du domaine.

Animation scientifique

Découvrez l’interview d’Olivier Neyrolles et François-Xavier Blanc, co-présidents de l’action coordonnée tuberculose, groupe d’experts pluridisciplinaires de l’ANRS MIE qui œuvre pour la recherche sur la tuberculose.

Projets de recherche sur la tuberculose

L’ANRS MIE et le SAMRC ont lancé un appel à projets conjoint pour renforcer la recherche sur la tuberculose en favorisant la collaboration entre chercheurs sud-africains et français. Lancé en août 2024, il a reçu 20 candidatures couvrant cinq priorités de recherche. Cinq projets ont été sélectionnés pour financement, portant sur des stratégies vaccinales à ARN messager, l’évaluation par intelligence artificielle de la tuberculose, des thérapies individualisées, de nouvelles techniques de dépistage et des méthodes rentables de recherche de cas.

En savoir plus sur le SAMRC Découvrir les lauréats

A l’occasion de cette journée mondiale, l’ANRS MIE vous présente également certains des travaux majeurs en cours, notamment ceux sur la prise en charge de tuberculose méningée. Découvrez ci-après l’interview du Dr Alain Baulard, Docteur en Biologie moléculaire et Directeur de recherche Inserm au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille et du Pr Fabrice Bonnet, CHU de Bordeaux.

Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2025 : défis et traitements de la tuberculose méningée

Interview du Dr Alain Baulard et du Pr Fabrice Bonnet,

Pourquoi travailler sur la tuberculose méningée ?

Fabrice Bonnet. La tuberculose méningée affecte 180 à 200000 personnes par an dans le monde. La méningite tuberculeuse est la forme de tuberculose la plus létale, avec une mortalité qui s’élève entre 30 et 40 % des personnes. Elle affecte avec prédilection les populations les plus vulnérables et les plus immunodéprimées.

Comment améliorer le pronostic de la tuberculose méningée ?

Fabrice Bonnet L’ANRS MIE est particulièrement impliquée dans cette problématique puisqu’elle assure la promotion et le financement de deux essais cliniques dédiés à la tuberculose méningée. L’essai TIMPANI explore l’adjonction de l’adalimumab pour moduler l’activité anti-inflammatoire, tandis que l’essai INTENSE TBM évalue l’effet de l’ajout de l’aspirine. D’autres pistes thérapeutiques incluent l’optimisation des soins de support, avec une meilleure prise en charge de l’hyponatrémie, des convulsions et de la dénutrition. L’intensification de l’antibiothérapie est également essentielle. Pour cela, les recherches se concentrent sur l’amélioration de la vitesse de bactéricidie et la diffusion des traitements dans les compartiments extrapulmonaires, en particulier au niveau du système nerveux central.

Qu’est-ce qu’un pro-antibiotique ?

Alain Baulard. On les appelle pro-antibiotiques car ces molécules doivent d’abord pénétrer dans la bactérie pour être activées par celle-ci. Une fois cette activation effectuée, elles deviennent pleinement efficaces et détruisent la bactérie. C’est un peu comme quand on achète un téléphone portable, il faut lui fournir une carte SIM pour le rendre actif. Le téléphone, c’est antibiotique et c’est la bactérie qui fournit la carte SIM nécessaire à son activation.

Nos équipes à l’Institut Pasteur de Lille et à l’Université de Lille, se sont associées à des partenaires pharmaceutiques privés pour développer un nouveau concept. L’idée, c’est de renforcer l’étape d’activation de l’antibiotique pour le rendre plus puissant. Pour reprendre l’analogie du téléphone, c’est comme si on passait d’une connexion 4G à la 5G en changeant la carte SIM. C’est nous maintenant qui fournissons la carte SIM à la bacterie. Cette carte s’appelle alpibectir. C’est une petite molécule qui permet à la bactérie de super-activer l’éthionamide, un puissant antibiotique. Résultat : la bactérie est éliminée plus rapidement et plus efficacement.

Comment les pro-antibiotiques peuvent-ils améliorer la prise en charge de la tuberculose méningée ?

Fabrice Bonnet. L’augmentation de l’activité antibiotique intracellulaire apportée par le boost de l’alpibectir sur l’éthionamide nous permettra, nous l’espérons, d’augmenter l’activité antibiotique et donc le pronostic de la tuberculose méningée. C’est ainsi que nous mettons en place un essai de phase II, financé par l’ANRS MIE, visant à apprécier la pharmacocinétique et la pharmacodynamique de l’alpibectir et de l’éthionamide au cours de la tuberculose méningée. Cet essai se déroulera dans trois pays Madagascar, Côte d’Ivoire et Zambie, où les taux de méningite tuberculeuse sont particulièrement élevés.

Ce projet illustre parfaitement bien un projet translationnel du labo à la clinique, porté par les équipes de recherche sur la tuberculose française et soutenu par l’ANRS MIE.

Comment est née cette collaboration autour de la tuberculose méningée ?

Alain Baulard. Notre rencontre avec le Pr Fabrice Bonnet s’est déroulée dans le cadre d’une action concertée sur la tuberculose à l’ANRS MIE. C’est à cette occasion que nous avons commencé à échanger sur la problématique de l’antibiothérapie dans les méningites tuberculeuses, un domaine que je ne connaissais pas du tout à l’époque. Ce fut pour moi une véritable découverte : l’éthionamide, une molécule autrefois utilisée dans le traitement des méningites tuberculeuses, avait progressivement été abandonnée en raison de sa toxicité. Fabrice Bonnet m’a alors expliqué qu’il s’agissait pourtant d’un antibiotique efficace et qu’il serait intéressant de le réintroduire dans la prise en charge de la maladie.

Dans nos travaux sur la tuberculose pulmonaire, nous développions justement une approche combinant l’éthionamide avec l’alpibectir, permettant de réduire la dose nécessaire d’éthionamide et ainsi limiter ses effets toxiques. En discutant, il nous est apparu évident que cette stratégie méritait d’être explorée dans le cadre de la méningite tuberculeuse, d’autant plus que nous savions déjà que l’alpibectir possédait une excellente capacité de pénétration à travers la barrière méningée, tout comme l’éthionamide. C’est ainsi qu’est née notre collaboration.

Pour en savoir plus

  • Sur le rapport de l’OMS

The WHO Global tuberculosis report 2024 https://www.who.int/publications/i/item/9789240101531

  • Sur la tuberculose méningée

 

  • Sur l’amélioration de l’efficacité de l’éthionamide

Grosse, Camille, Maud Sigoillot, Véronique Megalizzi, Abdalkarim Tanina, Nicolas Willand, Alain R Baulard, and René Wintjens. 2024. “Crystal Structure of the Mycobacterium Tuberculosis VirS Regulator Reveals Its Interaction with the Lead Compound SMARt751.” Journal of Structural Biology 216 (2): 108090. https://doi.org/10.1016/j.jsb.2024.108090.

Flipo, Marion, Rosangela Frita, Marilyne Bourotte, María S. Martínez-Martínez, Markus Boesche, Gary W. Boyle, Geo Derimanov, et al. 2022. “The Small-Molecule SMARt751 Reverses Mycobacterium Tuberculosis Resistance to Ethionamide in Acute and Chronic Mouse Models of Tuberculosis.” Science Translational Medicine 14 (643).https://doi.org/10.1126/scitranslmed.aaz6280.