Dernière mise à jour le 27 février 2023
A une semaine de la journée nationale des hépatites (25 septembre), nous vous proposons de retrouver les principales avancées scientifiques soutenues par l’ANRS depuis le début de l’année 2019, De l’accès aux soins à la démonstration d’efficacité de traitements en passant par une stratégie mondiale contre l’hépatite B.
Hépatite C
En France, le nombre de personnes présentant une infection chronique au virus de l’hépatite C était estimé à 133 000 en 2016 dont 26 000 ne seraient pas encore dépistées (Source : Santé Publique France). Nous disposons de traitements de l’infection par le VHC particulièrement efficaces : plus de 95% des personnes infectées de manière chronique sont désormais guéries après quelques semaines de traitement par les médicaments antiviraux à action directe. Une faible proportion de patients développe des résistances aux traitements ; certains, plus gravement atteints, développeront des tumeurs hépatiques malgré l’éradication du virus.
> Traitements : L’efficacité des anti-viraux à action directe démontrée « en vie réelle »
En février, un travail de recherche interdisciplinaire soutenu par l’ANRS montre, sur la base du suivi de 9 895 patients de la cohorte nationale ANRS CO 22 HEPATHER recrutés dans 32 centres en France, les bénéfices cliniques à court terme des antiviraux à action directe dans le traitement de l’infection par le virus de l’hépatite C. Ces résultats font l’objet d’une publication dans The Lancet.
En France, les AAD ont commencé à être prescrits en 2014, dans un premier temps prioritairement aux patients présentant une hépatite C avancée, puis en janvier 2017 à l’ensemble des patients infectés de manière chronique par ce virus. Parmi les 9 895 patients de l’étude, suivis 33 mois en médiane, l’analyse statistique a permis de mettre en évidence, auprès des 7 344 patients ayant reçu les AAD avant la fin de l’étude, que ce traitement était associé à une diminution de la mortalité et de la survenue de carcinomes hépatocellulaires (cancer du foie).
> Accès au soin : des différences subsistent
En France, les usagers de drogues constituent le principal groupe à risque de transmission du VHC, et une population-clé pour l’élimination de l’hépatite C. Alors que les nouveaux traitements contre l’hépatite C (antiviraux à action directe ou, AAD) permettent de guérir la quasi-totalité des personnes traitées, des chercheurs se sont intéressés à l’accès aux traitements de l’hépatite C en France chez les usagers de drogues, en particulier opioïdes. Dans le cadre du projet ANRS Fantasio, ils qont analysé les données de remboursement de soins (base nationale de l’Assurance Maladie -SNIIRAM) de plus de 27000 personnes atteints d’une hépatite C chronique et les ont comparées aux données concernant les quelque 200 000 sujets français recevant des traitements de substitution aux opioïdes. L’étude, publiée le 22 mai dans l’International Journal of Drug Policy, montre que, même avec les stratégies actuelles de traitement universel contre l’hépatite C, les femmes ont en France significativement moins accès à un traitement que les hommes.
> HCV-Related Mortality Among HIV/HCV Co-infected Patients: The Importance of Behaviors in the HCV Cure Era (ANRS CO13 HEPAVIH Cohort)
S’il est possible aujourd’hui de maintenir le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC) sous contrôle, la co-infection par ces deux virus reste problématique. En effet, les complications dues au VHC (notamment la cirrhose décompensée) sont les principales causes de décès dans cette population. C’est pourquoi Patrizia Carrieri et son équipe se sont intéressés à 1028 patients suivis dans la cohorte ANRS CO13 HEPAVIH et ont mis en évidence des facteurs capables de modifier le taux de mortalité.
Ainsi, dans ce travail publiée le 8 juillet dans Aids and Behavior, les chercheurs observent que la consommation de café ou de cannabis, ainsi que le fait d’être non-fumeur, semblent avoir un effet fortement protecteur vis à vis des complications dues au VHC.
> Cancer après hépatite C : Des travaux mettent en lumière les mécanismes impliqués
• Joachim Lupberger, dans l’équipe de Thomas Baumert (Inserm et Institut de Recherche sur les Maladies Virales et Hépatiques, Université de Strasbourg) a étudié la transformation des cellules hépatiques en cellules cancéreuses lors de l’infection par le VHC in vitro puis in vivo à l’aide un modèle de souris au foie « humanisé ». Ces résultats, vérifiés chez plus de 330 patients atteints de Carcinome Hépatocellulaire, ont été publiés en août dans la revue Gastroenterology.
• Même si les antiviraux à action directe (AAD) ont montré leur efficacité dans l’élimination du virus de l’hépatite C (VHC) en ne provoquant pas les effets secondaires du traitement par l’interféron, le risque de carcinome hépatocellulaire (CHC) reste présent après disparition du virus de l’organisme, quel que soit le traitement. Grâce à des prélèvements de foie de plus de 50 patients et un modèle de souris avec un foie humanisé, une équipe de recherche internationale soutenue par l’ANRS et coordonnée par Thomas Baumert, directeur de l’Institut de Recherche sur les Maladies Virales et Hépatiques (Unité Inserm U1110-Université de Strasbourg) a mis en évidence que ce risque rémanent est dû à des changements durables causés par le VHC, qui altèrent l’expression de gènes notamment impliqués dans le cancer du foie. Le ciblage de ces modifications dites épigénétiques constitue une piste pour détecter plus tôt les risques de CHC chez les patients dont l’infection est prise en charge.Les détails de ces travaux ont été publiés en mars dans la revue Gastroenterology.
Hépatite B
L’hépatite B représente un défi mondial pour la santé publique, d’échelle comparable à la tuberculose, au VIH et au paludisme. Plus de 257 millions de personnes à travers le monde présentent une infection chronique par le VHB, et près de 900 000 personnes sont décédées de cette maladie en 2017.
> Une stratégie de recherche internationale publiée
La stratégie scientifique globale de la coalition ICE-HBV, dont l’ANRS est partenaire, a été est publiée le 10 avril dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology. Elle propose deux approches principales de recherche en vue d’un traitement curatif pour l’hépatite B et émet plusieurs recommandations en matière de mise en œuvre. Première approche : guérir l’infection par le VHB sans tuer les cellules infectées. Seconde approche : induire un contrôle immunitaire pour éliminer en toute sécurité les cellules infectées. Chacune de ces approches devra être sous-tendue par des études cliniques coordonnées pour faire progresser le traitement curatif de l’infection par le VHB.
La stratégie ICE-HBV cite également des preuves récentes indiquant que l’« horloge » de l’infection par le VHB commence à se déclencher plus tôt que prévu, et que des intégrations de l’ADN du VHB sont associées au cancer du foie – nécessitant un traitement à un stade beaucoup plus précoce que celui actuellement recommandé.
Retrouvez Fabien Zoulim, directeur adjoint de l’ICE-HBV, vice-président du conseil scientifique et directeur du programme « HBV Cure » de l’ANRS dans une courte vidéo, précisant les problèmes actuels de santé publique causés par l’hépatite B, ainsi que des pistes potentielles pour son éradication.
Maladies du foie
> Un atlas qui permet de déchiffrer la biologie et la pathologie du foie humain ; Une avancée vers l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques pour le traitement des maladies chroniques et du cancer du foie
Parmi les pathologies cancéreuses, le cancer du foie est aujourd’hui une cause majeure de décès. L’arsenal thérapeutique est insuffisant voire inexistant pour le traitement de ces maladies. Une des raisons est la connaissance limitée de la biologie complexe du foie et de l’évolution de ses différents types de cellules en situation normale ou pathologique. Pour répondre à ce défi médical, le professeur Thomas Baumert, directeur de l’Institut Inserm des Maladies Virales et Hépatiques (IVH, Inserm U1110) et ses collaborateurs de l’Institut Max-Planck d’Immunobiologie et d’Epigénétique de Fribourg-en-Brisgau, ont analysé le foie humain à l’échelle de la cellule unique. En réalisant une compilation sans précédent de données sur la composition cellulaire et la biologie du foie, les chercheurs ont établi le premier atlas des cellules hépatiques humaines qui va être un outil essentiel pour la découverte de nouvelles cibles pour la prévention et le traitement des maladies chroniques et cancéreuses du foie. Ces travaux soutenus par l’Agence sont une percée majeure dont les résultats ont été publiés en juillet, dans la revue Nature.
Evénements
Mercredi 25 septembre : Journée nationale de lutte contre les hépatites virales, organisée par le Ministère des solidarités et de la santé (Paris)
http://ptolemee.com/colloque-contre-hepatite/programme.html
> L’ANRS soutient les 1ers Etats généraux de l’hépatite B organisés par l’Association SOS hépatites, qui ont débuté en septembre par une enquête nationale auprès des personnes vivant avec l’hépatite B et se dérouleront partout en France jusqu’en 2020.
http://www.soshepatites.org/lancement-des-1ers-etats-generaux-de-lhepatite-b/
> L’ANRS est partenaire des 85e journées de l’AFEF (Société française d’hépatologie) du 2 au 5 octobre à Marseille (Palais du Pharo)
https://www.congres-afef.com/synopsis!fr
Symposium ANRS-AFEF sur le thème « Hépatite B-Hépatite D », vendredi 4 octobre à 15h
Créée en 1988, l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales) Agence unique en Europe, à la fois chargée de la coordination, de l’animation, l’évaluation et du soutien à la recherche dans le domaine du VIH/sida et des hépatites virales (recherche fondamentale, clinique, en santé publique, au Nord comme au Sud). Elle est dotée d’un budget de 46 M€ (2018). Depuis 2012, l’ANRS est une agence autonome de l’Inserm. Pour en savoir plus
L’étude bibliométrique réalisée en 2018 par l’agence avec le concours du DESP (Inserm), montre que, sur la période 2013-2017, dans le domaine des hépatites virales, la France bénéficie d’une excellente reconnaissance internationale puisqu’elle occupe la 1ère place mondiale du classement des pays en nombre de publications figurant dans les top 1% et top 10% mondiaux. Sur la même période, les données recueillies montrent que l’ANRS est le principal soutien de la recherche sur le VIH/sida et les hépatites en France puisque près de neuf publications sur dix (88,7%) ayant bénéficié d’un financement français étaient associées à l’agence.
Contact presse :
Séverine Ciancia
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