Les Journées scientifiques du programme PAC-CI, partenaire de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes en Côte d’Ivoire, auront lieu les 23 et 24 janvier 2023, à Abidjan, et seront retransmises en ligne. Cet événement est l’occasion de faire un zoom sur trois projets de recherche menés ou coordonnés par le programme PAC-CI : INTENSE-TBM et TIMPANI, LASCOPE et OPTIMISE AO.
Dernière mise à jour le 13 mars 2023
Ces deux journées seront l’occasion de présenter les projets portés par PAC-CI, Mereva, sa plateforme d’ingénierie scientifique experte dans la mise en œuvre d’une gestion standardisée des projets, et son réseau de partenaires afin d’échanger autour de thèmes de recherche porteurs : VIH/sida, maladies infectieuses émergentes, tuberculose, réponse aux épidémies, maladies non transmissibles, santé mondiale, interdisciplinarité.
Inscription gratuite mais obligatoire.
Pour toute question sur ces journées : ecom@pac-ci.org
Selon l’OMS, 10,4 millions de nouveaux cas et 1,4 million de décès en 2021 sont causés par la tuberculose : cette maladie reste aujourd’hui un problème de santé mondiale majeur. Elle est la maladie infectieuse responsable du plus grand nombre de décès dans le monde, en dehors de la Covid-19.
La forme la plus mortelle et la plus invalidante de tuberculose est la tuberculose méningée (TBM) qui affecte le système nerveux central. La TBM touche environ 100 000 nouvelles personnes par an et son taux de mortalité peut atteindre 50 % chez les personnes vivant avec le VIH, et ce malgré le traitement.
Alors que la tuberculose est une maladie que l’on peut soigner et guérir, le traitement de la TBM reste moins efficace, notamment parce que les médicaments antituberculeux ne pénètrent pas complètement dans le cerveau et les méninges. La réaction inflammatoire est également trop importante et peut être fatale.
Dans ce contexte, deux essais cliniques randomisés internationaux ont pour objectif de tester des nouvelles approches pour améliorer le traitement anti-tuberculeux et le traitement anti-inflammatoire des personnes présentant une TBM afin de réduire leur risque de décès.
L’essai INTENSE-TBM (Intensified tuberculosis treatment to reduce the mortality of HIV-infected and uninfected patients with tuberculosis meningitis: a Phase III Randomized Controlled Trial), vise à tester une augmentation des doses d’antituberculeux afin d’améliorer leur pénétration dans le cerveau, et l’ajout de l’aspirine à faible dose pour éviter les thromboses vasculaires qui aggravent le pronostic de la TBM. Il est mis en œuvre chez des adultes et adolescents co-infectés ou non par le VIH présentant une TBM en Côte d’Ivoire, à Madagascar, en Afrique du Sud et en Ouganda.
L’essai TIMPANI (TNF inhibitors to reduce mortality in HIV-1 infected patients with tuberculosis meningitis: a phase II, multicenter, randomized clinical trial), teste quant à lui une approche innovante pour lutter contre l’inflammation grâce à des inhibiteurs du TNF alpha chez des adultes co-infectés par le VIH présentant une TBM au Brésil, au Mozambique et en Zambie.
Les approches des essais INTENSE-TBM et TIMPANI sont complémentaires. Les deux équipes collaborent et mutualisent les connaissances acquises au cours de leur réalisation afin d’améliorer les chances de succès des deux essais.
Les deux essais sont coordonnés par la même unité conjointe de coordination des essais cliniques (Université de Bordeaux, France* – Programme PAC-CI, Côte d’Ivoire) et sont promus par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes. L’essai INTENSE-TBM est financé par EDCTP (2021-2024) et coordonné par le Pr Fabrice Bonnet (Université de Bordeaux – France*). L’essai TIMPANI est financé par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes (2023-2025) et coordonné par Dr Nathalie De Castro (Hôpital Saint-Louis, AP-HP – France) et Dr Celso Khosa (Instituto National de Saude – Mozambique)
*Equipe GHiGS – Global Health in the Global South (Inserm 1219, IRD 271, Université de Bordeaux)
La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique virale aiguë qui se transmet à l’homme par contact avec des animaux infectés. Elle est endémique dans plusieurs pays d’Afrique occidentale et pourtant, peu de recherches ont été menées à ce jour sur cette maladie.
Début 2018, une flambée épidémique sans précédent de fièvre de Lassa est survenue au Nigeria. C’est dans ce contexte que l’alliance CORAL* et ses partenaires nigérians, dont le Centre médical fédéral d’Owo, ont décidé de mettre en place en urgence le programme de recherche clinique LASCOPE (LASsa fever clinical COurse and Prognostic factors in an Epidemic context).
LASCOPE a pour objectif de décrire l’évolution clinique, les caractéristiques biologiques, la gestion des cas et les conséquences de la maladie sur les patients suspects et hospitalisés dans plusieurs régions du Nigéria.
Le programme PAC-CI, via la plateforme d’ingénierie scientifique Mereva s’est vu confier le rôle de centre de méthodologie et de gestion pour ce projet mené en dehors de la Côte d’Ivoire. Mereva a donc mis à disposition des investigateurs de LASCOPE l’infrastructure informatique, la gestion des données et l’analyse statistique. Elle a également organisé la formation à la recherche clinique des premiers investigateurs nigérians (médecins et infirmiers).
Le programme LASCOPE a permis la mise en place d’un laboratoire de type P3 sur le site d’Owo par l’ONG ALIMA afin que les patients atteints de fièvre de Lassa puissent bénéficier d’un suivi biologique approprié, réalisé dans des conditions sécurisées. Ce projet structurant a permis d’améliorer la prise en charge des patients et d’établir un partenariat de recherche durable avec les équipes nigérianes. Les premiers résultats de la cohorte LASCOPE, publiés dans la revue The Lancet Global Health, ont permis de préciser le taux de mortalité et d’identifier les facteurs pronostiques de la maladie. Ils constituent une référence pour le design de futurs essais cliniques visant à évaluer l’efficacité de nouvelles stratégies thérapeutiques pour la fièvre de Lassa.
*GHiGS (Inserm 1219, IRD 271, Université de Bordeaux), le programme PAC-CI et l’ONG ALIMA
Le programme LASCOPE est porté par le Pr Denis Malvy (Université de Bordeaux, CHU de Bordeaux – France) et le Dr Oladele Oluwafemi Ayodeji (Federal Medical Center Owo – Nigeria). Il est financé par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes / Inserm, le DfID (UK Department for International Development), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le ministère français des Affaires Etrangères, l’Union Européenne (EDCTP via le réseau ALERRT), l’Université d’Oxford et le Wellcome Trust.
Grâce à l’accès aux antirétroviraux, le nombre d’adolescents (10-19 ans) vivant avec le VIH infectés en période périnatale s’accroît en Afrique de l’Ouest. Ils sont particulièrement vulnérables et nécessitent une prise en charge multidisciplinaire: ils ont une annonce souvent tardive et non-optimale de leur statut VIH avec un impact sur leur santé mentale ; ils présentent un taux de mortalité plus élevé par rapport aux adultes, des problèmes d’observance thérapeutique, des risques d’échec thérapeutique et d’apparition de résistance aux traitements antirétroviraux. Enfin, leurs besoins en santé sexuelle ne sont pas suffisamment pris en compte.
Pour améliorer la qualité de l’annonce, l’observance de ces adolescents et leur santé mentale, les investigateurs d’OPTIMISE-AO évaluent l’acceptabilité sociale et familiale ainsi que l’efficacité d’un paquet d’interventions comprenant l’amélioration des conditions d’annonce du statut VIH et l’identification et l’accompagnement communautaire des adolescents ayant une charge virale détectable par des pairs-éducateurs.
L’essai multicentrique inclut des adolescents vivant avec le VIH âgés de 10 à 17 ans de la cohorte pédiatrique IeDEA, coordonnée par le programme PAC-CI. Le recrutement est terminé en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso et démarrera en 2023 au Togo et au Mali. Le suivi prévu est de 18 mois.
Les premiers résultats concernant les 450 adolescents inclus, présentés lors de différents congrès, montrent que 42 % des adolescents ne sont pas complètement informés de leur statut virologique à l’inclusion dans l’essai. L’absence d’annonce complète du statut est significativement associée à une anxiété légère à modérée ou une dépression dont la prévalence atteint 34 % à l’inclusion. Malgré, la réalité de la transition vers le dolutégravir, le succès virologique (charge virale indétectable) demeure sous-optimal, estimé à 75 % des adolescents à l’inclusion, et est négativement associé à l’anxiété ou la dépression.
L’essai se poursuit et contribuera, à terme, à évaluer une stratégie efficace et pérenne de soutien familial et professionnel à l’annonce complète et de renforcement de l’observance thérapeutique des adolescents vivant avec le VIH basée sur la charge virale, adaptée au contexte de l’Afrique de l’Ouest. Cette cohorte présente également une opportunité unique de mieux concevoir une stratégie de prise en charge multidisciplinaire répondant aux besoins des adolescents (santé sexuelle, transition vers la prise en charge adulte).
L’essai est porté par la Dr Valériane Leroy (Inserm / université de Toulouse – France) et par le Dr Désiré Lucien Dahourou (Institut de Recherche en Sciences de la Santé/CNRST – Burkina Faso). Il est financé et promu par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes. Il est niché au sein de la cohorte pédiatrique « International Epidemiology Databases to Evaluate AIDS (IeDEA) » West-Africa, coordonnée par PAC-CI.