JOURNEE MONDIALE SIDA Dossier spécial "dépistage"
Dernière mise à jour le 27 février 2023
D’après les dernières données de Santé Publique France, en 2016, environ 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité pour l’infection par le VIH en France. Le dépistage est un point crucial dans la lutte contre l’épidémie de VIH/Sida. Le diagnostic de l’infection conduit en effet à la mise sous traitement, pour le moment à vie du patient. Le traitement antirétroviral permet le contrôle du virus dans l’organisme et empêche de ce fait l’affaiblissement du système immunitaire du patient et les maladies que cela pourrait entrainer. La personne séropositive traitée préserve ainsi sa santé à long terme. Le traitement antirétroviral permet également aux personnes qui le suivent de ne plus transmettre le virus ce qui participe au contrôle de l’épidémie. Le dépistage représente ainsi le premier maillon de l’objectif 90 90 901 fixé par l’OMS et l’ONUsida pour mettre fin à l’épidémie de Sida d’ici 2030. Un diagnostic négatif après un dépistage est également un évènement important qui permet d’apporter des conseils de prévention voire même la proposition d’un programme de PrEP (Prophylaxie Pré-exposition) pour les personnes les plus exposées au risque d’infection par le VIH.
Ainsi, l’ANRS se mobilise à travers des projets de recherches pour :
– réduire la prévalence de l’infection du VIH non diagnostiquée
– réduire les délais entre infection et diagnostic afin de permettre une prise en charge le plus rapidement possible.
– prévenir les nouvelles infections chez les personnes fortement exposées au VIH
En France, le nombre de personnes infectées par le VIH et ignorant leur séropositivité serait responsable de la majorité des nouvelles infections. L’étude ANRS INDIC* s’est intéressée à l’estimation de cette prévalence non diagnostiquée en France. Elle montre dans un premier temps que la majorité des personnes non diagnostiquées vivant avec les VIH vivent dans des milieux urbains. Cette étude estime, en France aux alentours de 25 000, les personnes infectées par le VIH ignorant leur statut sérologique.
L’un des enjeux de la recherche est de proposer des outils et approches de dépistage adaptés aux différentes populations afin de diminuer ces nouvelles infections.
Selon cette même étude ANRS, en 2013 le temps médian de diagnostic de l’infection par le VIH était de 3,2 ans en France.
Ce délai médian était de 4,4 ans et 3 ans chez respectivement les hommes et les femmes hétérosexuel(les) français, de 4.3 ans et 3 ans chez respectivement les hommes et les femmes hétérosexuel(les) étranger(e)s, de 3, 7 ans chez les usagers de drogues injectables et de 2,8 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Une forte prévalence de l’infection en Guyane
La Guyane est fortement touchée par l’infection par le VIH mais également par d’autres ISTs. Une étude ANRS* a pour projet de dresser l’épidémiologie des hépatites B, C, D et du VIH dans la population vivant autour du fleuve Maroni, frontière naturelle entre la Guyane et le Surinam. Des dépistages de ces différentes hépatites et du VIH seront proposés à la population dans le but de connaitre la prévalence de l’épidémie dans ce secteur et de favoriser l’accès à la prise en charge.
Un diagnostic rapide après infection par le VIH est crucial car il permet aux personnes infectées d’être rapidement sous traitement antirétroviral. Ceci représente un double bénéfice : prendre le traitement au plus vite évite la dégradation de l’état de santé des personnes infectées mais cela leur permet également de ne plus transmettre le virus et de limiter ainsi la propagation de l’épidémie
En France, les populations les plus exposées à l’infection par le VIH sont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l’étranger (dont les ¾ sont nés dans un pays d’Afrique subsaharienne). Ces deux populations, ont représenté en 2016 respectivement 44% et 39% des nouveaux diagnostic d’infection et représentent 70% à 90% des personnes non diagnostiquées en fonction des départements. La recherche s’emploie donc à évaluer différentes approches de dépistages qui permettraient d’atteindre ces personnes.
Un dépistage plus ciblé aux urgences des hôpitaux
En 2011 une étude avait mis en avant le fait que le dépistage généralisé du VIH à tous les consultants aux urgences hospitalières était peu efficace. Suite à ces résultats le projet ANRS DICI-VIH* a évalué l’efficacité d’un dépistage plus ciblé grâce à des questionnaires permettant d’identifier les patients les plus exposés au risque d’infection afin d’ensuite leur proposer un test de dépistage rapide. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans la revue Annals of Emergency Medicine le 30 octobre dernier.
Faciliter l’accès au dépistage via les autotests
En 2014, le ministère de la santé s’est prononcé favorablement à la mise à disposition des autotests en pharmacie. Dans ce cadre, l’étude ANRS V3T* vise à évaluer l’impact de l’autotest sur le recours au dépistage chez les populations dans lesquelles l’incidence est la plus élevée (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), migrants, usagers de drogues, travailleuses du sexe). Cette étude se base sur la mise à disposition d’autotests suivie d’un entretien permettant à ces personnes de décrire leur vécu et l’impact de l’autotest dans leur vie personnelle, leur rapport à la santé et à l’accès aux soins. D’après Santé Publique France, en 2016, près de 75 000 autotests ont été vendus en pharmacie et ces ventes ont continué à augmenter en 2017. Depuis 2017, la distribution gratuite par les associations habilitées est mise en place.
HOMMES AYANT DES RELATIONS SEXUELLES AVEC DES HOMMES
Proposer un dépistage régulier pour les personnes à haut risque d’infection
L’étude Prévagay* dont certains résultats ont été présenté lors de la conférence de l’IAS à Paris a enquêté auprès de 3 000 HSH fréquentant des lieux de convivialité gay dans plusieurs villes de France. Cette étude a montré entre autres que près de 30% était infectés depuis moins de 6 mois par le VIH. Ce chiffre confirme la nécessité dans cette population d’un dépistage régulier, comme le recommande la HAS, afin de pouvoir proposer un traitement le plus rapidement possible après infection et limiter ainsi la propagation du virus. L’étude Remind* qui devrait débuter prochainement, évaluera l’efficacité d’un programme d’incitation au dépistage trimestriel du VIH chez des HSH multipartenaires. Cette promotion se fera via une solution personnalisée, adaptable dans le temps et s’appuyant sur l’ensemble de l’offre de dépistage existant en France (auto-prélèvement, autotest, TROD, consultation en CeGIDD…).
La notification aux partenaires
L’étude ANRS IPERGAY* a, via un questionnaire en ligne auprès de près de 300 HSH, pu estimer les pratiques existantes en matière de notification aux partenaires chez les HSH infectés par le VIH. La notification aux partenaires est une approche de santé publique qui permettrait de cibler des personnes dont on est sûr qu’elles ont été exposées au VIH. Elle consiste à aider les personnes nouvellement diagnostiquées pour une infection sexuellement transmissible à identifier leurs partenaires afin de prévenir ces derniers le plus tôt possible qu’ils ont été exposés et les inciter à se faire dépister. Cette pratique n’est pour l’heure pas formalisée en France contrairement à d’autres pays. Une nouvelle étude ANRS* vise pour le moment à établir la faisabilité d’interventions allant dans ce sens auprès de personnes découvrant leur séropositivité au VIH en France.
MIGRANTS D’AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
Les personnes migrantes originaires d’Afrique subsaharienne sont le deuxième groupe le plus touché par L’épidémie de VIH en France. L’étude ANRS INDIC* estime que les migrants représentent un tiers des cas non diagnostiqués en France et parmi eux la moitié se trouve en Ile de France.
L’enquête ANRS Parcours* menée entre 2012 et 2013 en Ile de France a étudié les parcours de vie et l’infection au VIH et/ou à l’hépatite B de migrants d’Afrique subsaharienne vivant en France. Cette étude a permis de révéler qu’entre 35 et 49% des patients originaires d’Afrique et vivant avec le VIH avaient été infectés après leur arrivée en France. Elle a également mis en lumière le fait que l’exposition au VIH est étroitement liée aux situations de précarité sociale et administrative vécues après l’arrivée en France. L’étude ANRS MAKASI* qui sera prochainement lancée a pour objectif de permettre aux migrants subsahariens de s’approprier les moyens de prévention et de soins, notamment en matière de santé sexuelle, pour renforcer leur autonomie et préserver leur santé face aux multiples bouleversements imposés par la migration.
L’étude ANRS MIDAS* a pour objectif d’augmenter les dépistages auprès des populations migrantes en Ile de France en mettant en place au sein d’associations partenaires et de lieux de vie communautaires des hauts de seine, une information et une proposition de dépistage de santé globale (IST, diabète, hypertension…). En effet, il semble important de proposer une offre de dépistage ne se limitant pas au VIH afin d’éviter les stigmatisations et rendre le dépistage plus acceptable dans cette population.
Renforcer les actions de dépistage tout en ciblant les populations clefs de l’infection par le VIH va permettre de découvrir de nouvelles infections qui mèneront à la mise sous traitement de ces personnes limitant ainsi la propagation de l’épidémie. Un diagnostic négatif sera l’occasion de dispenser des conseils de prévention face aux ISTs et particulièrement face à l’infection par le VIH. Les personnes fortement exposé au virus pourront se voir proposer l’entrée dans un programme de PrEP (Prophylaxie pré exposition).
Les résultats de l’étude ANRS IPERGAY* démontrant la très haute efficacité de la PrEP à la demande dans la prévention de l’infection par le VIH ainsi que la décision de la ministre de la santé, fin 2015, d’autoriser un médicament pour la prévention du VIH ont permis à des programmes de PrEP de se mettre en place. Ces programmes comportent outre la prise de PrEP des dépistages VIH et IST répétés qui permettent un accès aux soins et aux traitements en cas de diagnostic positif.
L’étude ANRS PREVENIR* lancée en mai 2017 a pour mission d’évaluer l’impact de ces actions pendant 3 ans sur l’épidémie VIH à Paris et en Ile de France. Cette étude portera sur 3 000 personnes volontaires, séronégatives, présentant un haut risque d’infection par le VIH et ayant intégré un programme de PrEP.
* Retrouvez ici les fiches des différents projets de recherche cité dans cet article :