Mise en évidence des réservoirs viraux au sein des tissus lymphoïdes viscéraux

Mise en évidence des réservoirs viraux au sein des tissus lymphoïdes viscéraux

Dernière mise à jour le 27 février 2023

L’introduction de médicaments antirétroviraux (ARV) et de leur combinaison dans le traitement du VIH dans les années 90 a permis le contrôle de cette infection. Toutefois, l’incapacité à éradiquer complètement le virus de certaines cellules infectées, mécanisme appelé persistance, représente l’un des principaux obstacles à la rémission totale.

Dans ce contexte, Jérome Estaquier et son équipe (Centre de Recherche du CHU de Québec, Université Laval, Québec, QC, Canada et l’unité Inserm 1124, Université Paris Descartes, Paris, France) ont cherché à identifier ces réservoirs cellulaires et tissulaires en se focalisant sur les lymphocytes T CD4, cibles du VIH.

Dans leur étude soutenue par l’ANRS, le programme CanCURE (www.cancurehiv.org), les Instituts de Recherche en Santé du Canada et le Centre de Recherche du CHU de Québec, les chercheurs ont administré à des macaques rhésus, dès le 4ème jour d’infection par le SIV (l’équivalent simiesque du VIH), une thérapie d’ARV avec pour but de limiter la dissémination précoce du virus au sein de l’organisme. Le détail de leurs résultats est récemment paru dans Mucosal Immunology

 


 

Hydre de Lerne

Céramique montrant l’Hydre de Lerne, figurée par un serpent aux multiples têtes, et son combat qui l’oppose à Héraclès. Tel l’Hydre de Lerne, chaque cellule, chaque tissu, livre un combat pour éliminer le virus hébergé, mais celui-ci renaît des réservoirs cellulaires à chaque interruption de thérapie.


Cette thérapie a, comme attendu, permis d’éviter l’infection des cellules T CD4 du sang et des ganglions périphériques. Cependant, les chercheurs ont observé un rebond viral indiquant l’établissement précoce de ces réservoirs dans d’autres organes. Cette étude montre que les réservoirs viraux sont ici des lymphocytes T mémoires et helper, dont un sous-type spécialisé dans l’activation des cellules B, cellules qui produisent des anticorps nécessaires à l’élimination du virus.

L’établissement de ces réservoirs est observé dans les tissus viscéraux que sont la rate et les ganglions mésentériques qui drainent l’intestin grêle (jéjunum et iléum) et le colon. La détection de rétrotranscrits précoces du VIH suggère également une production virale sous-jacente, en dépit d’une thérapie hautement active.

Ainsi, les chercheurs concluent que « l’identification de ces cellules représente un élément clef dans notre compréhension des réservoirs viraux et des approches thérapeutiques pour le Sida. Nos résultats permettent d’imaginer des moyens d’empêcher l’infection des lymphocytes T, améliorant ainsi les potentielles stratégies vaccinales « .

Source :

Despite early antiretroviral therapy effector memory and follicular helper CD4 T cells are major reservoirs in visceral lymphoid tissues of SIV-infected macaques, Jérome Estaquier, Henintsoa Rabezanahary, Félicien Moukambi, David Palesch, Julien Clain, Gina Racine, Guadalupe Andreani, Ghita Benmadid-Laktout, Ouafa Zghidi-Abouzid, Calayselvy Soundaramourty, Cécile Tremblay, Guido Silvestri

Centre de Recherche du CHU de Québec, Université Laval, Québec, QC, Canada

INSERM U1124, Université Paris Descartes, Paris, France

Yerkes National Primate Research Center, Emory University, Atlanta, GA, USA

Mucosal Immunology, 13 novembre 2019

Contact scientifique :

Jérome Estaquier

+33 1 42 86 41 36, jerome.estaquier@parisdescartes.fr