Les 23 et 24 juin 2025, les principaux membres représentants du Réseau international de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes se sont réunis à Paris pour deux journées de rencontre, de partage et de travail.
Dernière mise à jour le 07 juillet 2025
Cette réunion en présentiel a permis d’échanger autour de plusieurs thématiques scientifiques et stratégiques clés :
À l’heure où les défis sanitaires mondiaux se multiplient et où les financements internationaux tendent à diminuer, cette réunion annuelle a été l’occasion pour les représentants des membres du Réseau international de se retrouver dans un cadre propice à la réflexion collective. Pour la Pr Coumba Touré Kané, coordinatrice du Site partenaire du Sénégal, « l’organisation de la rencontre annuelle est une chose très importante au sein du Réseau. Elle permet de raffermir les liens, de voir ce qui se fait dans les différents pays partenaires, de nouer des collaborations, de réfléchir aux modalités de travail collectif ».
Le format en atelier, introduit pour la première fois lors de l’année passée, a été salué : il a permis de confronter les points de vue, de faire émerger des consensus et d’identifier des leviers communs sur les thématiques de la formation et sur les stratégies de recherche sur le cure.
Ces réunions permettent de voir que de nombreuses choses sont transposables dans nos contextes. Par exemple sur les questions de cure, nous réalisons que nous avons les capacités de mener des études dans nos pays, notamment socio-anthropologiques sur la perception par les populations.
De plus, expliquer la différence entre cure et rémission permet l’adhésion des populations, et au-delà de nos communautés, de sensibiliser davantage les décideurs, et les comités éthiques. Finalement plus de partenaires adhèrent au projet de recherche et le portent. Cela élargit nos perspectives et notre champ d’action et apporte une réelle valeur ajoutée.
Comme illustration des projets de recherche qui se répondent au sein du Réseau, l’étude DENGAGE au Vietnam, financée par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et portée par l’ONG SCDI en collaboration avec le CDC de Dak Lak et l’ANRS MIE, vise à établir des données solides sur la séroprévalence de la dengue dans une région particulièrement touchée. « C’est un projet important, car il y a beaucoup de structuration à faire en amont qui servira de base aux futurs projets qu’on espère construire », explique Ann-Claire Gourinat, experte technique internationale au Vietnam.
« Le projet DENGAGE a plusieurs volets. Il y a une approche communautaire qui le différencie, avec des entretiens, des groupes de discussion et une étude KAP (knowledge attitude practice), et un volet épidémiologique avec l’étude de séroprévalence, où l’on va venir regarder la présence d’anticorps dirigés contre les virus de la dengue avec un objectif de 1600 inclusions. Dans une deuxième phase il sera possible d’utiliser la sérothèque constituée pendant ce projet pour faire des études sur d’autres arboviroses. »
En parallèle, le jeune chercheur guinéen Salifou Talassone Bangourra développe une réflexion similaire sur les arboviroses en Afrique subsaharienne. Son travail de thèse mené au CERFIG (autour duquel s’articule le PRISME Guinée) à Conakry en Guinée a permis de documenter la circulation de virus comme la dengue ou le chikungunya sur le continent, malgré le peu d’études publiées.
« Nous avons réalisé une revue systématique et méta-analyse des études de séroprévalence sur les arbovirus en Afrique subsaharienne, publiées au cours des 22 dernières années (période 2000-2022), pour documenter la circulation antérieures de ces virus. Les résultats obtenus sont essentiels pour orienter les stratégies de contrôle et de prévention, et soulignent l’importance d’investir dans les activités de surveillance et de recherche sur les arbovirus dans la région. Ce travail va pouvoir servir de base aux études qui vont suivre. Notre prochaine étape est de modélisation les épidémies d’arbovirus et de cartographier les zones à risques. »
Il est très difficile de cerner les infections liées aux arbovirus. D’une part, 70 à 80 % des patients sont asymptomatiques et les infections sont souvent de courte durée. D’autre part, la plupart des pays d’Afrique ne disposent pas de ressources suffisantes pour la surveillance et le diagnostic des arboviroses. De plus, la co-circulation de nombreux autres agents pathogènes, à la fois viraux, bactériens et parasitaires, présentant les mêmes symptomatologies, ainsi que les co-infections, compliquent davantage la surveillance des arboviroses.
Une collaboration sous-régionale, voire internationale, serait essentielle pour mener des activités de recherche et établir des protocoles harmonisés de surveillance, de diagnostic, de préparation et de réponse aux futures épidémies
Didier Laureillard, membre de l’action coordonnée Tuberculose a dressé un état des lieux des recherches menées jusqu’à présent, notamment dans les pays du Réseau international, et des questions de recherche soulevées aujourd’hui. Il a constaté notamment le peu de projets en cours en sciences humaines et sociales sur la thématique de la tuberculose, souligné la nécessité de créer plus de lien avec les acteurs du Réseau autour d’un grand projet multicentrique fédérateur, et a invité les chercheurs des pays du Réseau international à se mobiliser autour des cas d’immunosuppression, très préoccupants dans les différents pays du Réseau. L’action coordonnée Tuberculose est à disposition pour aider à développer des projets sur ces thématiques.
Un atelier a été consacré aux initiatives de formation portées par les PRISME et les Sites partenaires. Il a permis de dresser un état des lieux des formations existantes (diplômantes, professionnalisantes ou ponctuelles) et d’identifier les besoins pour renforcer cette dynamique. L’objectif : éviter les duplications, mutualiser les expertises et renforcer la capacité des pôles d’excellence à rayonner régionalement. Les partenaires ont souligné l’importance de ces formations pour faire émerger une relève scientifique locale.
En 2024, l’ANRS MIE a soutenu plus de 30 formations dans les pays du Réseau international. Lire par exemple les actions mises en place au Sénégal.
Toutes ces présentations et moments d’échanges ont souligné la mobilisation du Réseau international pour répondre aux priorités scientifiques des pays. Les membres du Réseau ont rappelé l’importance d’ancrer les projets de recherche dans les réalités locales et de valoriser les capacités des partenaires des PRFI.
Le renforcement du dialogue avec la présence des conseillers régionaux en santé mondiale, Pierre-Alain Rubbo et Aline Serin, de l’Ambassadrice pour la Santé Mondiale Anne-Claire Amprou et de représentants de diverses institutions nationales et internationales a également été identifié comme un levier pour faire progresser une diplomatie scientifique fondée sur des partenariats équilibrés.
L’ANRS MIE et ses partenaires français et togolais établissent les fondations d’une plateforme PRISME au Togo, un partenariat ambitieux et fédérateur.
28 mai 2025