Trafic et usage de drogues en Afrique de l’Ouest : une réalité incontournable

En quelques années, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de stupéfiants, en particulier de cocaïne, principalement à destination de l’Europe. La région est également un lieu de production de drogues de synthèse. Les revenus du trafic déstabilisent les États et les économies. La circulation de ces produits conduit également à une consommation en augmentation dans les différents pays, avec des conséquences sanitaires importantes concernant le VIH et les hépatites.

Depuis le milieu des années 2000, il est désormais reconnu que l’Afrique de l’Ouest est un lieu de transit important du trafic mondial de drogues, en particulier de la cocaïne et de l’héroïne. Le transport de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe via l’Afrique de l’Ouest serait de 18 tonnes. La valeur de gros de cette quantité représenterait 1,25 milliards de dollars US, soit un montant nettement supérieur au budget annuel de plusieurs États de la région.

Le volume d’héroïne, en provenance d’Asie du Sud et de la Turquie et à destination également de l’Europe via l’Afrique de l’Ouest, est lui en augmentation ces dernières années.

Plus récemment, l’Afrique de l’Ouest est devenue un lieu de production à grande échelle de drogues de synthèse telles que les stimulants de type amphétamine (STA), en particulier de méthamphétamine. Celle-ci est destinée essentiellement à l’Asie du Sud-Est. Même si cette production reste modeste à l’échelle mondiale, elle génère des revenus de l’ordre de dizaines, voire quelques centaines de millions de dollars US. Il est toutefois peu probable que la production de STA augmente dans des proportions importantes à l’avenir, compte tenu de la compétition avec les producteurs locaux dans les pays asiatiques de destination. Le risque est donc un écoulement de la production dans la région ouest africaine.

Des consommateurs mal connus

En raison de ces différents trafics, il est aujourd’hui de plus en plus facile de se procurer des stupéfiants en Afrique de l’Ouest. De fait, on assiste à une augmentation de la consommation et de la dépendance, en particulier chez les jeunes. Cependant, les informations concernant l’usage de drogues dans la région sont très imprécises, faute d’un recueil de données fiables, voire de l’absence totale de données. Ce niveau de consommation serait toutefois nettement supérieur à la moyenne mondiale rapportée à la taille de la population de la région.

Des conséquences majeures

Les conséquences du trafic et de la consommation de drogues en Afrique de l’Ouest sont importantes au niveau politique, économique, social et sanitaire. Le trafic déstabilise des États déjà faibles et contribue à l’instabilité politique de certains d’entre eux. Il favorise la corruption et le blanchiment d’argent. Même s’il n’existe aucune estimation quant à l’impact du trafic de drogues sur les économies nationales, il est probable que ce dernier est un facteur de déstabilisation du développement socio-économique des pays de la région.

En Afrique de l’Ouest, seul le Sénégal a mis en place un programme de réduction des risques liés à l’usage de drogues.

Les États d’Afrique de l’Ouest disposent de peu de moyens pour lutter contre le trafic et assurer la prise en charge des usagers. La criminalisation de l’usage et de la détention de drogues constitue la principale réponse apportée par les autorités nationales. Les services de soins et de prise en charge des usagers de drogues sont rares en Afrique de l’Ouest et manquent généralement de ressources adaptées. De fait, la plupart des consommateurs de drogues ne fréquentent pas les structures de santé. Cette situation contribue notamment à la diffusion des épidémies liées au VIH et aux virus des hépatites. En Afrique de l’Ouest, seul le Sénégal a mis en place un programme de réduction des risques liés à l’usage de drogues.

Sources

Commission Ouest-Africaine sur les Drogues. Pas seulement une zone de transit. Drogues, Etat et société en Afrique de l’Ouest.

Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. World Drug Report 2016 (United Nations publication, Sales No. E.16.XI.7).