Un composé pour aider le système immunitaire à éliminer les cellules infectées par le VIH

Un composé pour aider le système immunitaire à éliminer les cellules infectées par le VIH

Dernière mise à jour le 27 février 2023

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Si le système immunitaire est capable de reconnaître de manière spécifique les cellules tumorales ou infectées grâce aux lymphocytes T, il faut que ceux-ci soient activés afin d’éliminer leurs cibles efficacement. C’est une des étapes qui pose actuellement problème dans l’élaboration d’un vaccin contre le VIH. L’équipe de Victor Appay (Sorbonne Université, Inserm, Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (CIMI-Paris), Paris et International Research Center of Medical Sciences (IRCMS), Kumamoto) soutenue par l’ANRS montre dans une étude publiée dans JCI Insight le 4 avril 2019 l’efficacité d’un composé, le cGAMP, pour augmenter l’activation des lymphocytes T CD8. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une collaboration avec l’équipe de Masafumi Takiguchi (Center for AIDS Research, University of Kumamoto, Japon) dans leur étude publiée dans eBiomedecine le 5 avril 2019 qui met en évidence que le cGAMP aide les lymphocytes T à éliminer les cellules infectées par le VIH. Ces résultats sont déterminants dans l’élaboration d’un vaccin et à ce jour l’une des difficultés à surmonter.


Les lymphocytes T CD8 sont les cellules immunitaires dont la fonction est de reconnaître et d’éliminer les cellules étrangères ou infectées par des pathogènes. Afin de différencier les lymphocytes en cellules capables de détruire leurs cibles, ils ont besoin d’entrer en contact avec un élément spécifique à reconnaître, appelé antigène. Les lymphocytes passent alors de l’état dit « naïf » à activés. Cette activation passe notamment par la voie de l’interféron de type I, un composé utilisé par les cellules du système immunitaire pour communiquer entre elles.

L’équipe de Victor Appay (Sorbonne Université, Inserm, Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (CIMI-Paris), Paris et International Research Center of Medical Sciences (IRCMS), Kumamoto) montre dans une étude soutenue par l’ANRS qu’un composé connu pour induire la production d’interférons de type I, le cGAMP, facilite l’activation spécifique des lymphocytes T CD8 naïfs et leur différenciation en cellules particulièrement efficaces. Ainsi, lorsque celui-ci est ajouté lors de la mise en contact in vitro de lymphocytes T CD8 humains avec un antigène, une plus grande proportion de ces cellules immunitaires est activée spécifiquement en comparaison avec l’ajout d’autres composés ou adjuvants.

Ces résultats ont été confirmés in vivo en vaccinant des souris contre un type de cellules cancéreuses ou contre un virus. Dans les deux cas, l’utilisation de cGAMP comme adjuvant (c’est-à-dire en tant que composé non actif seul mais augmentant l’efficacité du vaccin) a permis de mieux réguler la tumeur ou l’infection respectivement. Cette réponse immunitaire améliorée prouve une augmentation de l’efficacité des lymphocytes T CD8.

L’une des perspectives de cette étude a été explorée lors d’une collaboration franco-japonaise entre l’équipe de M. Appay et celle de Masafumi Takiguchi (Center for AIDS Research, University of Kumamoto, Japon), qui s’intéressent au contrôle du VIH et à l’élimination de ses réservoirs par les lymphocytes T CD8. L’équipe de M. Takiguchi, en utilisant cGAMP comme adjuvant avec un antigène du VIH-1, a réussi in vitro à activer des lymphocytes T CD8 naïfs en cellules effectrices capables de reconnaître et d’éliminer des cellules infectées par VIH-1, et ce de manière plus efficace qu’en absence de cGAMP (figure 1)

 

Figure 1 : l’activation des lymphocytes T CD8 en présence de cGAMP permet une meilleure reconnaissance et élimination des cellules infectées par le VIH comparé à d’autres adjuvants

Les auteurs concluent que « le cGAMP apparaît comme un adjuvant puissant » et que « ces études permettent de projeter l’utilisation d’adjuvants pour élaborer un vaccin contre le VIH ».

Ces résultats pourraient aider à mettre en place des stratégies dites de « shock and kill ». Dans celles-ci, les cellules dormantes infectées par le VIH (ou cellules réservoir), échappant au contrôle immunitaire, sont réveillées (le « shock ») et pourraient être éliminées (le « kill ») grâce à des réponses lymphocytaires T CD8 efficaces, induite à l’aide d’un adjuvant tel que cGAMP.