L’utilisation de traitements antirétroviraux (ARV) constitue un outil majeur pour contrôler l’épidémie de VIH. L’efficacité de ces traitements peut toutefois être limitée par un défaut d’observance. Afin de diversifier les modalités d’administration de ces traitements, des stratégies innovantes sont actuellement en cours d’évaluation, voire d’implémentation, parmi lesquelles : les traitements ARV par voie Injectable et à Libération Prolongée (ARV-ILP).
Des essais cliniques ont montré qu’une combinaison de deux molécules – le cabotégravir et la rilpivirine – administrées par voie injectable en intramusculaire, toutes les huit semaines, pourrait être une alternative aux comprimés, acceptable et efficace chez les Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) traitées, avec une charge virale indétectable et sans résistance connue ou suspectée aux deux molécules. Ces traitements sont, depuis fin 2021, autorisés en France et prescrits en routine. Pour autant, il existe encore peu de données probantes sur leur implémentation. En plus des questions d’efficacité, de tolérance et d’acceptabilité de ces traitements en vie réelle, se pose la question de leur accessibilité ainsi que du contexte, des modalités et des effets de leur implémentation. Cette nouvelle option thérapeutique ne peut faire l’économie d’une réflexion sociale et politique sur les conditions et les enjeux de son implémentation. Ces préoccupations seront renouvelées et évolueront avec l’avènement prochain d’autres traitements ARV-ILP.
Quelles que soient l’association de molécules utilisées, les traitements ARV-ILP ont un potentiel de transformations : médicales, organisationnelles, associatives, sociales, etc. Leur introduction en routine laisse présager d’une nouvelle régulation médicale et pharmaceutique de la prise en charge du VIH, de nouvelles dynamiques dans la vie des personnes concernées et dans la lutte contre le VIH. Ils revêtent une diversité d’enjeux qu’il convient d’identifier rigoureusement et collectivement. Dans cette perspective, nous proposons de mettre en place un pré-projet associant un état des connaissances et un processus inclusif de participation des personnes concernées par les ARV-ILP, pour formuler des questions de recherche adaptées et co-construire un projet de recherche interdisciplinaire.
L’objectif principal du contrat d’initiation est de fournir des bases scientifiques et partenariales solides pour définir et co-construire un projet de recherche interdisciplinaire, permettant d’accroître les connaissances et de soutenir l’accès et l’implémentation d’options thérapeutiques répondant à la diversité des besoins des PVVIH. Pour ce faire, il s’agira de : (1) produire un état actuel des connaissances scientifiques et expérientielles, afin de mieux comprendre la diversité des enjeux liés aux ARV-ILP en traitement de l’infection à VIH, et fournir des pistes de réflexion sur lesquelles s’appuyer pour construire la suite ; (2) mettre en dialogue des professionnels de santé, patients, chercheurs en sciences sociales et acteurs associatifs, dans une démarche inclusive et participative, et co-construire un dispositif de recherche basé sur les connaissances scientifiques existantes et les expertises réunies.
Ce dispositif alliant connaissances scientifiques et partage de pratiques et savoirs expérientiels sera réalisé sur 12 mois consécutif. Il permettra de : (1) produire un état des connaissances sur l’implémentation des ARV-ILP en traitement de l’infection à VIH ; (2) identifier des questions de recherches ; (3) Construire des alliances solides entre associatifs, patients, professionnels de santé et chercheurs en sciences sociales ; (4) Ecrire et soumettre un projet de recherche pluridisciplinaire, innovant et pertinent au regard des connaissances scientifiques et des besoins de connaissances pratiques des acteurs concernés.