Analyse des relations entre pauvreté, pollution, prévention et progression du COVID-19
Dernière mise à jour le 31 mars 2025
Le projet COVID4P (« Analysis of the Relationships Between Poverty, Pollution, Prevention, and COVID-19 Progression in Burkina Faso ») permet d’identifier les facteurs comportementaux et environnementaux déterminants l’adoption de comportements de prévention dans le cadre d’une épidémie comme la COVID-19 dans trois zones urbaines et périurbaines de la région Centre Sud au Burkina Faso (Kombissiri, Manga et Pô).
Cette étude a pour objectif d’analyser les facteurs influençant l’incidence et la gravité de la maladie CoViD-19 et des relations entre pauvreté, pollution, prévention et progression de la COVID-19 au Burkina Faso.
Elle se concentre particulièrement sur deux éléments clés de la propagation du virus : l’adoption des comportements de prévention (tels que la mise en quarantaine et le respect des gestes barrières) ainsi que l’impact de la pollution atmosphérique.
Les hypothèses principales sont les suivantes :
Co-Investigateurs
Adama Sana , Centre Muraz (Burkina-Faso) et Philippe De Vreyer LEDa – UMR CNRS 8007 – UMR IRD 260, Université Paris-Dauphine – PSL
Equipes
Abdramane Berthé (Université de Dédougou et Centre Muraz), – Hermann Badolo (Centre Muraz), Elodie Djemaï (Laboratoire d’Economie de Dauphine), Dramane Kania (Centre Muraz), Thomas Thivillon (Bordeaux Sciences Economiques)
Financement
ANRS Maladies infectieuses émergentes, appel flash COVID-19 de 2020
Promotion
Institut de recherche pour le développement (IRD)
L’étude repose sur une enquête transversale descriptive menée entre juin et juillet 2021 dans trois villes de taille moyenne de la région Centre-Sud du Burkina Faso (figure ci-dessous ) : Kombissiri, Manga et Pô .
Elle s’est appuyée sur un échantillon (réalisé entre fin novembre 2019 et début mars 2020) et constitué de 825 ménages tirés au hasard dans ces trois villes, dans le cadre du projet REDGAS.
Les participants, âgés de 16 ans et plus ont été soumis à un test sérologique utilisant le test rapide Biosynex COVID-19 BSS pour détecter les anticorps IgG et IgM contre le SARS-CoV-2. Un questionnaire standardisé a également été administré pour recueillir des informations supplémentaires.
Une première publication de Adama Sana et al., a permis d’estimer la séroprévalence du SARS-CoV-2 et de comprendre comment les facteurs socio-économiques, tels que la pauvreté et l’accès à l’eau potable, influencent la vulnérabilité des populations au COVID-19.
L’étude a rapporté un taux de séroprévalence global : 11,48 % (246 tests positifs sur 2143 tests réalisés) mettant en évidence une différence significative entre les taux de séroprévalence officiels et ceux réellement observés. Cette étude démontre que, malgré le nombre limité de cas officiellement déclarés (25 cas confirmés de mars 2020 à juillet 2021, et 4 cas supplémentaires d’août à décembre 2021), la région Centre Sud du Bur- kina Faso n’a pas été épargnée par la pandémie de COVID-19. Le nombre de cas confirmés par les autorités sanitaires était largement sous-évalué en raison du manque de tests systématiques.
Les femmes représentaient 66,67 % de tous les sujets testés positifs : ainsi 13,37% des femmes (164 cas) ont été testées positives, et 8,95% des hommes (82 cas).
Les résultats de l’analyse multivariée révèlent un taux d’infection significativement plus élevé chez les femmes, les personnes de plus de 55 ans et les individus en surpoids.
L’étude a également révélé un lien paradoxal entre l’accès à l’eau potable et la séroprévalence. Alors qu’un meilleur accès à l’eau aurait dû favoriser une meilleure hygiène, il semble que les personnes ayant accès à l’eau courante aient été plus exposées au virus, probablement en raison d’un niveau de vie plus élevé et d’une mobilité accrue vers des zones à plus forte transmission comme Ouagadougou.
Les résultats de cette étude montrent que le virus COVID-19 circule également dans la population des villes de taille moyenne du Burkina Faso, bien plus que ce qui était officiellement rapporté par le service d’information du gouvernement burkinabé, compte tenu de l’absence de tests systématiques dans la population générale du pays. L’étude a également mis en évidence la plus grande vulnérabilité des femmes, des personnes âgées et des personnes en surpoids face à l’épidémie. Les mesures préventives mises en place pour lutter contre la pandémie doivent tenir compte de ces différents facteurs.