La fièvre du Nil occidental est est une maladie infectieuse causée par un arbovirus appartenant à la famille des Flaviviridae. On la trouve actuellement en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et en Asie occidentale.
Dernière mise à jour le 01 décembre 2025
Le virus du Nil occidental (WNV pour West Nile virus, en anglais) est à l’origine d’une zoonose : la fièvre du virus du Nil occidental.1 Il a été isolé pour la première fois en 1937 chez une femme dans le Protectorat de l’Ouganda (l’actuelle République d’Ouganda), dans la province du Nil occidental.2 Des cas sporadiques ont été détectés plus tard dans les années 1950 chez l’humain en Égypte et Israël.1
C’est dans les années 1960 que le virus aurait été introduit en Europe par des oiseaux migrateurs venus d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient. Avec 13 cas humains dénombrés en Camargue entre 1962 et 1964, la France a été le premier pays européen où ont été rapportés des infections humaines par le WNV.1,3
La première épidémie d’importance chez l’humain a eu lieu en Afrique du Sud en 1974.4 Mais c’est à la fin des années 1990 que le virus a retenu l’attention de la communauté scientifique : des cas humains d’une sévérité inhabituelle sont survenus au cours de neuf épidémies ayant sévi dans des pays du pourtour méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie, France, Italie, Israël) et des pays d’Europe centrale et de l’Ouest (Roumanie, Russie).4
En 1999, un virus du Nil occidental circulant en Tunisie et en Israël a été importé à New York, révélant son potentiel épidémique. La flambée spectaculaire de grande ampleur qui s’est propagée de 1999 à 2010 sur le territoire des États-Unis a souligné le danger, pour le monde entier, que représente ce virus émergent, endémique désormais en Amérique du Nord.5,6 Entre 1999 et 2006, l’infection liée au virus du Nil occidental a causé aux États-Unis le décès de 962 personnes ; près de 24 000 infections ont été documentées dont près de 9 900 étant des formes neuro-invasives.6
On trouve actuellement le virus en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et en Asie occidentale.5
Après quelques épidémies sporadiques, la première épidémie majeure en Europe a eu lieu en 1996 en Roumanie, avec près de 400 cas humains et l’apparition de premiers signes neurologiques graves.7 Depuis, essentiellement depuis 2010, les épidémies et les foyers épizootiques se sont multipliés, surtout en Europe centrale et en Méditerranée orientale où le virus est endémique, zones situées sur les principaux axes migratoires des oiseaux.5,8
L’année 2018 a été particulièrement remarquable, avec la plus importante épidémie décrite en Europe et un nombre de cas recensés supérieur à la somme des sept années précédentes. Des cas humains ont été signalés pour la première fois en Allemagne en 2019 et 2020 et aux Pays Bas en 2020.8
En 2024, 19 pays européens ont signalé 1 436 cas humains autochtones d’infection par le WNV, dont 235 décès, principalement en Italie (455 cas et 21 décès) et en Grèce (217 cas et 34 décès).9
Depuis le début de l’année jusqu’au 13 août 2025, huit pays européens ont signalé des cas humains d’infection par le WNV : 1 cas en Bulgarie, 1 en Hongrie, 5 en Roumanie, 13 en France, 24 en Grèce, 9 en Serbie, 1 en Espagne et 267 en Italie.10
Depuis 1962, où il a été détecté pour la première fois en France, le virus du Nil occidental est régulièrement repéré sur le pourtour méditerranéen.1,3,8
Des cas humains d’infection au WNV ont ainsi été identifiés en France en 2003, avec un accroissement de la circulation du virus depuis 2015.6
En 2024, 38 cas autochtones d’infection ont été signalés dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine : 24 cas dans le Var, 9 dans l’Hérault, 3 dans le Gard, 1 en Gironde et 1 dans les Pyrénées-Atlantiques. Le tribut de l’année 2024 a été l’un des plus élevé, proche de celui de 2023, avec 39 cas, et nettement supérieur à ceux de 2022 (6 cas) et 2021 (aucun cas). Depuis 2021, la maladie est inscrite sur la liste des maladies à déclaration obligatoire chez l’homme, permettant ainsi de renforcer sa surveillance.11
Depuis le début de l’année 2025, jusqu’au 19 août, 13 cas autochtones d’infection ont été dénombrés en France hexagonale. Trois épisodes ont été recensés en Provence-Alpes-Côte d’Azur (9 cas), 1 en Île de France (2 cas), 1 en Corse (1 cas) et 1 en Occitanie (1 cas). La première détection du virus en 2025 a eu lieu dans le Var le 29 juillet.12
L’épisode francilien concernait deux patients sans antécédents ni facteurs de risque, ayant développé une forme neurologique. La jeune femme de 25 ans, qui n’avait pas voyagé récemment, présentait une méningite accompagnée d’un nystagmus (oscillation rythmique involontaire de l’un ou des deux yeux), manifestation rarement décrite lors d’une infection par le virus du Nil occidental. L’homme de 64 ans avait séjourné dans le Jura et présentait une encéphalite associée à un syndrome cérébelleux*. Les deux patients n’ont reçu aucun traitement. Ils sont sortis indemnes et sans séquelles après quelques jours d’hospitalisation. Un troisième cas en Île-de-France est en cours d’investigation.
* atteinte du cervelet se caractérisant par des pertes d’équilibre, des problèmes d’élocution, des difficultés pour marcher ou encore effectuer des gestes précis
Le virus du Nil occidental (WNV) est un arbovirus à ARN monocaténaire de polarité positive, appartenant à la famille des Flaviviridae et au genre des Orthoflavivirus, comme le virus Zika et le virus de la dengue.6,13 Il peut infecter l’être humain, le cheval et d’autres mammifères.5,14
Neuf lignées phylogénétiques ont été décrites. En Europe, les lignées 1 et 2 provoquent la maladie chez l’humain.13,15 La lignée 3 est potentiellement pathogène pour l’espèce humaine.16
La fièvre du Nil occidental est une arbovirose.2,6,14
Les oiseaux constituent le principal réservoir du virus et sa transmission entre oiseaux virémiques et non infectés est majoritairement assurée par des femelles moustiques du genre Culex.17

En France métropolitaine, deux espèces sont principalement impliquées : Culex pipiens, parfois très abondant en ville, et Culex modestus, plutôt rural.17 Culex pipiens pipiens se nourrit sur divers hôtes (oiseaux, mammifères) et joue un rôle majeur dans la transmission du virus. Culex pipiens molestus se nourrit principalement sur mammifères et joue probablement un rôle limité dans la transmission.17
Culex modestus piquent de préférence les oiseaux mais également les humains et d’autres animaux.17
D’autres moustiques, comme Aedes albopictus, peuvent répliquer ou transmettre le virus du Nil occidental. Cependant leur importance épidémiologique en France n’a pas été démontrée.17
La circulation du virus suit une saisonnalité, en lien avec la période de reproduction des moustiques qui commence au printemps et s’achève en automne. Les chevaux et l’être humain sont des hôtes accidentels du virus ou des impasses épidémiologiques (la virémie est insuffisante pour infecter le moustique lors d’une piqûre et permettre ainsi la transmission de la maladie).8,14
La transmission interhumaine peut se produire par le biais de substances d’origine humaine : transfusion de sang, transplantation de tissus, de cellules ou d’organes provenant d’un donneur infecté et virémique.17
La période d’incubation dure généralement entre deux à six jours, jusqu’à 21 jours chez les immunodéprimés.6 Le diagnostic d’une infection par le WNV repose sur une détection indirecte basée sur la sérologie (sérum et liquide céphalo-rachidien ; réactivité croisée avec virus du genre Orthoflavivirus), mais aussi directe (PCR sur sang total, plasma à partir de J2, sérum, liquide céphalo-rachidien en cas d’implications neurologiques et urine).8
Les infections humaines par le virus du Nil occidental sont asymptomatiques dans 80 % des cas ; cependant, 20 % des patients peuvent développer une forme symptomatique avec de la fièvre, des myalgies, des malaises, des nausées, des vomissements ou des éruptions cutanées, qui s’estompent généralement en une semaine.5,6,18
On retrouve des complications neurologiques (méningite, encéphalite et paralysies flasques) chez moins de 1 % des patients,6,18 mais aussi des syndromes de Guillain-Barré qui peuvent entraîner le décès.18 Parmi les formes graves, la létalité peut atteindre jusqu’à 17 %, en particulier chez des populations à risque comme les immunodéprimés et les personnes âgées.5,19 Les facteurs de risque comprennent l’âge avancé, les tumeurs malignes perturbant la barrière hémato-encéphalique, l’hypertension, les troubles hématologiques, le diabète sucré, les maladies rénales, l’abus d’alcool et les facteurs génétiques.19
Il n’existe pas de traitement curatif pour l’espèce humaine, en particulier pas d’immunoglobulines spécifiques thérapeutiques homologuées. Des soins de soutien sont administrés aux patients atteints de formes neuro-invasives, impliquant une hospitalisation, une assistance respiratoire et une surveillance étroite des fonctions vitales.13
Des recherches sur les traitements antiviraux, incluant à la fois des molécules antivirales et des anticorps monoclonaux, sont en cours mais restent limitées. Plusieurs candidats ont été identifiés et testés principalement sur des modèles animaux avec des résultats encourageants. Parallèlement, des anticorps monoclonaux ciblant la protéine E du virus du Nil occidental ont montré une efficacité prometteuse en améliorant la survie et en réduisant la charge virale dans ces modèles. Cependant, aucun traitement spécifique n’est encore approuvé pour un usage humain, en partie à cause des difficultés liées à la mise en place rapide d’essais cliniques.20
Certaines pistes de recherche s’orientent également vers l’identification et l’optimisation de nouveaux inhibiteurs, notamment ceux ciblant l’ARN polymérase dépendante de l’ARN (celle catalysant la synthèse de l’ARN complémentaire à un modèle d’ARN donné).21
Il n’y en a pas encore de disponible, toutefois des produits comme West Nile-Innovator® (Zoetis) et Recombitek® Equine West Nile Virus (Merial), qui ont montré leur efficacité chez les chevaux, pourraient servir de modèles pour l’élaboration de vaccins humains.
Parmi les approches étudiées, les vaccins inactivés chez l’animal ont montré une bonne réponse immunitaire. C’est le cas, sur des oiseaux de zoo pour lesquels la vaccination a déclenché une forte augmentation des anticorps neutralisants.22
Plusieurs essais cliniques sont en cours pour évaluer la sécurité, l’immunogénicité et les effets secondaires de candidats vaccins* chez l’humain :
*on peut trouver parmi ceux-ci des vaccins chimériques (ChimeriVax-WN02) ou des vaccins multi-peptides21
Des mesures individuelles peuvent être prises pour diminuer l’exposition au moustique, comme le port de vêtements couvrants, l’usage de répulsifs, serpentins, diffuseurs électriques ou de moustiquaires. Les mesures collectives comprennent la lutte contre les gîtes larvaires et selon la situation entomologique, d’éventuelles mesures contre les moustiques adultes.8
Des mesures spécifiques sont mises en place pour la sécurisation de la transfusion et des dons d’organes et tissus. Elles sont basées sur le dépistage des donneurs ou l’exclusion des donneurs à risque. Ces mesures sont prises en application des recommandations émises par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et son groupe de travail permanent Sécurité des éléments et produits du corps humain (SECPROH).8
Une prévention efficace dépend de l’élaboration de programme complets et intégrés de surveillance des moustiques. C’est la raison pour laquelle il est prévu de cartographier les écosystèmes et leurs modifications sous l’influence du changement climatique pour suivre l’évolution du risque lié au virus du Nil occidental.21
L’ANRS Maladies infectieuses émergentes soutient la recherche sur le virus du Nil occidental et ses vecteurs, avec un ensemble de projets d’un montant global d’environ cinq millions d’euros, couvrant plusieurs domaines tels que la clinique, la lutte antivectorielle et la surveillance.
Pour une meilleure compréhension de la maladie, l’ANRS MIE finance par l’intermédiaire de l’AAP Émergences PRFI des projets comme le projet IFNArboVE. Ce projet, porté par une équipe française (Shenying Zhang de IHU Institut Imagine, Paris) et une équipe brésilienne (Carolina Prando, Pelé Pequeno Príncipe Research Institute), explore le rôle central d’une déficience de l’immunité à l’interféron de type I dans la survenue des formes neuro-invasives sévères, en particulier les encéphalites, provoquées par les arbovirus (virus du Nil occidental, dengue, Zika, chikungunya, Oropouche).
L’agence encourage des projets de recherche sur les traitements. Le projet NeuroFlaviNA, mené par Suzanne Peyrottes (CNRS) et financé dans le cadre de l’AAP PEPR MIE 2024, a pour objectif de développer de nouvelles molécules dont des analogues de nucléosides capables de traverser efficacement la barrière hémato-encéphalique pour traiter les infections neuro-invasives à Orthoflavivirus émergents ou ré-émergents.
L’ANRS MIE est impliquée dans divers projets de recherche qui ont bénéficié d’un financement dans le cadre de différents Appels à projets de l’agence :
L’agence soutient les projets visant à améliorer la surveillance. Par exemple :
En collaboration avec l’ANRS MIE, Arbo-France a consacré en novembre 2023 une journée scientifique à la surveillance du virus du Nil occidental. Cette journée a mis en avant la nécessité d’un dispositif de surveillance intégrée du virus, combinant surveillance réglementaire et recherche appliquée, pour répondre à l’expansion de sa circulation et répondre aux risques pour l’espèce humaine. Cette journée a également souligné l’importance d’une stratégie nationale structurée régionalement, dotée d’outils de collecte et d’analyse de données, d’une coordination inter-administrations et de moyens financiers.
La vocation première de l’ANRS MIE est de soutenir les travaux scientifiques relatifs aux maladies infectieuses émergentes, parmi lesquelles figure le virus du Nil occidental.
Pour permettre ces soutiens, plusieurs dispositifs de financement ont vu le jour.
Nous vous recommandons de consulter la liste intégrale de nos appels à projets afin de trouver celui qui correspond le mieux à vos objectifs.
L’ANRS MIE a ouvert une cellule de crise de niveau 1 le 21 août 2025 en réponse à l’évolution de la situation de la fièvre du Nil occidental en France.