Dernière mise à jour le 27 février 2023
Plusieurs traitements prometteurs seront évalués pour répondre à un besoin urgent concernant les formes légères et modérées de la maladie.
NAIROBI/KINSHASA/GENÈVE – 24 novembre 2020 – Treize pays africains et un réseau international d’institutions de recherche se sont associés pour lancer la plus vaste étude clinique en Afrique sur le traitement des patients atteints d’une forme légère ou modérée de la COVID-19. Cette étude baptisée ANTICOV entend répondre à un besoin urgent : identifier des médicaments qui pourront traiter de manière précoce les cas légers et modérés de COVID-19, afin de prévenir des pics d’hospitalisations qui pourraient submerger des systèmes de santé fragiles et déjà surchargés en Afrique.
Cette étude clinique sera réalisée sur 19 sites situés dans 13 pays par le consortium ANTICOV. Ce consortium réunit 26 organisations africaines et institutions internationales de recherche et développement de premier plan, coordonnées par l’ONG de recherche médicale DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative – initiative Médicaments contre les maladies négligées).
« Il y a un besoin de grandes études cliniques sur la COVID-19 en Afrique afin de répondre aux questions qui sont spécifiques au contexte africain », a déclaré le Dr John Nkengasong, directeur du Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (Africa CDC). « Les pays africains ont jusqu’à présent mis en place une réponse impressionnante à la COVID-19 et il est temps de se préparer aux prochaines vagues de la maladie. Nous nous félicitons du lancement de l’étude ANTICOV, qui est menée par des médecins africains. Elle permettra de répondre à l’une de nos questions les plus pressantes : alors que les infrastructures de soins intensifs en Afrique sont limitées, pouvons-nous traiter plus tôt les personnes atteintes de la COVID-19 et éviter ainsi que nos hôpitaux ne soient submergés ? »
ANTICOV est une étude ouverte, randomisée, comparative, réalisée sous la forme d’une « plateforme adaptative » qui évaluera l’efficacité et la sécurité de traitements auprès de 2 000 à 3 000 patients non-hospitalisés atteints d’une forme légère ou modérée au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, en Guinée, en Guinée Équatoriale, au Kenya, au Mali, au Mozambique, en Ouganda, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Soudan. ANTICOV déterminera si un traitement précoce peut prévenir l’évolution vers une forme sévère de la maladie et potentiellement limiter sa transmission.
« En juillet 2020, ALIMA participe à un nouveau projet de recherche, intitulé Coverage Africa, en partenariat avec l’ANRS, l’unité Inserm1219/Université de Bordeaux et les Instituts de recherche scientifique en Guinée et au Burkina Faso. Ce projet s’intègre naturellement dans l’initiative ANTICOV conduite par DNDi », a indiqué Marie Jaspard, coordinatrice du projet ANRS Coverage Africa/ANTICOV pour ALIMA, Guinée. « En partenariat avec les autorités guinéennes et burkinabées, ainsi que l’ANRS, l’Inserm et le Centre Muraz, les équipes ALIMA ont adapté une étude européenne préexistante (appelée Coverage) au continent africain. En commun, un seul et même objectif : traiter précocement les cas légers et modérés de COVID-19 dans des zones à ressources limitées où les cas graves risquent de ne pas pouvoir être pris en charge du fait d’une insuffisance d’accès à l’oxygène ou de services de réanimation. Grâce à l’expertise de DNDi dans la réutilisation de médicaments existants pour traiter de nouvelles maladies et les exigences du protocole ANTICOV, ce partenariat nous permettra d’agréger un maximum de données, d’avoir ainsi des résultats plus robustes et par conséquent, plus reproductibles pour la recherche contre la COVID-19 en Afrique. ».
« Le Centre MURAZ a un réel intérêt à participer au Projet Coverage Africa parce que c’est un essai qui va contribuer à apporter des réponses dans un contexte où la riposte n’a pas suffisamment de réponses thérapeutiques à l’échelle nationale et mondiale. Fort de son expérience, la participation du Centre MURAZ dans le projet Coverage sonne comme un espoir pour la communauté scientifique et pour les populations qui vivent difficilement dans les contraintes sociales et économiques liées aux mesures barrières. La phase opérationnelle du projet Coverage sera exécutée au Burkina Faso conformément aux bonnes pratiques de la recherche clinique en prenant en compte tous les aspects : clinique, biologique, social et communicationnel. », complète M’winmalo Inès Evelyne DA, cheffe de projet du Centre Muraz au Burkina Faso. »
ANTICOV est une plate-forme d’essais dite « adaptative » : il s’agit d’un type d’essais cliniques innovant mis au point pour les médicaments contre le cancer. Une plate-forme adaptative permet de tester de façon simultanée plusieurs traitements et de décider rapidement de l’inclusion, de la continuation ou de l’arrêt de traitements sur la base des analyses de résultats effectuées en continu.
De nouveaux traitements seront ainsi ajoutés à l’étude à mesure que de nouvelles données et preuves concernant leur efficacité sur les cas légers et modérés seront disponibles. Les chercheurs d’ANTICOV travaillent activement à sélectionner les traitements les plus prometteurs, issus des efforts internationaux de recherche, en collaboration avec le Partenariat des thérapeutiques de l’Accélérateur d’accès aux outils contre la COVID-19 (ACT-A), organisé conjointement par Unitaid et Wellcome. Parmi les options thérapeutiques qui sont explorées figurent des médicaments qui sont déjà utilisés pour traiter le paludisme, le VIH, l’hépatite C, les infections parasitaires et certains cancers. L’objectif est d’ajouter des traitements à ANTICOV d’ici les prochaines semaines.
ANTICOV se concentrera au début sur des médicaments pour lesquels des essais cliniques randomisés à grande échelle pourraient fournir des données manquantes quant à leur efficacité sur les cas légers à modérés. L’étude commencera par tester deux traitements : les antirétroviraux lopinavir/ritonavir (LPV/r) utilisés contre le VIH et l’antipaludique hydroxychloroquine (HCQ), qui reste le traitement standard contre la COVID-19 dans de nombreux pays africains.
« Le Consortium ANTICOV est un partenariat large qui réunit des dirigeants scientifiques africains et des partenaires internationaux en R&D pour répondre à un besoin médical urgent et non-satisfait. La coopération est la seule façon de fournir des réponses scientifiques solides à ces questions », explique la Dr Nathalie Strub-Wourgaft, directrice en charge de la réponse COVID-19 de DNDi. « Cette étude a été conçue de manière à permettre des décisions rapides et flexibles, au fur et à mesure que nous accumulons des connaissances. »
Toutes les données générées par ANTICOV seront intégrées et partagées de façon ouverte et transparente, afin de pouvoir informer les politiques de santé publique. En outre, tout sera mis en œuvre pour travailler avec les partenaires concernés afin de garantir que les traitements qui s’avèrent sûrs et efficaces seront abordables, disponibles et accessibles à tous.
L’étude a été examinée avec le soutien du Forum africain de règlementation des vaccins (AVAREF), une plateforme établie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2006 et récemment mandatée pour faciliter l’évaluation des études cliniques sur la COVID-19. Constituée de représentants des agences réglementaires et des comités d’éthique nationaux, AVAREF simplifie et accélère les autorisations données par chaque pays.
ANTICOV s’inscrit dans la lignée du projet R&D Blueprint de l’OMS, qui vise à améliorer la coordination entre scientifiques et professionnels de santé, à accélérer la R&D et à développer de nouvelles normes afin d’améliorer la réponse mondiale à la pandémie.
Le Consortium est financé par le Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche allemand (BMBF), à travers l’Etablissement de crédit pour la reconstruction (KfW), et par l’agence pour la santé mondiale Unitaid, dans le cadre du dispositif ACT-A. Le lancement de l’initiative a été soutenu dès le départ par le partenariat entre l’Europe et les Pays en développement pour les essais cliniques (EDCTP), à travers son second programme soutenu par l’Union Européenne avec un financement supplémentaire du gouvernement suédois et la Starr International Foundation, en Suisse.
Le Consortium mobilise un important réseau de partenaires possédant une expérience reconnue dans la recherche clinique. Les 26 membres du Consortium sont :
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