La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. Il s’agit de l'arbovirose humaine la plus répandue dans le monde.
Dernière mise à jour le 17 janvier 2025
La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. On estime aujourd’hui qu’environ la moitié de la population mondiale est exposée au risque de cette infection transmise par des moustiques infectés1. Il s’agit de l’arbovirose humaine la plus répandue dans le monde2.
La dengue sévit principalement dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier1,2. Son incidence a fortement progressé en l’espace de quelques décennies : de 505 430 cas en 2000, le nombre de cas notifiés à l’OMS a atteint son point culminant en 2023 avec plus de 6,5 millions de cas et plus de 7 300 décès liés à l’infection1. Au 30 novembre 2024, plus de 14 millions de cas de dengue avaient été signalés depuis janvier, dont plus 10 000 décès3.
En 2019, le rapport du Lancet sur la santé et le changement climatique constatait que la propagation de la dengue était favorisée par les évolutions récentes du climat depuis les années 20004. La maladie s’est rapidement répandue à travers le monde. L’Asie, considérée comme le berceau du virus de la dengue, est le continent le plus touché, suivi des Amériques, où le nombre de cas a fortement augmenté ces dernières années, et de l’Afrique2,5,6.
En 2024, 90 pays connaissaient une transmission active de la dengue. La maladie touche aussi la Méditerranée orientale, le Pacifique occidental, et se propage vers de nouvelles régions d’Europe1.
Entre 2010 et 2023, 273 cas autochtones ont été enregistrés en Europe. En France métropolitaine, deux cas de transmission locale ont été signalés pour la première fois en 20107. En 2023, pour la première fois, un foyer de dengue autochtone regroupant trois cas a été identifié en Île-de-France8 et, depuis le 1er janvier 2024, plus de 1 679 cas de dengue ont été importés en métropole contre 131 sur la même période en 20239.
Il a été estimé que 390 millions d’infections par le virus de la dengue se produisaient chaque année dans le monde, dont 96 millions se manifestent cliniquement1. L’édition 2023 du rapport du Lancet considère que la transmission de la dengue pourrait bondir de 36 % d’ici 205010.
Le virus de la dengue est un virus à ARN appartenant à la famille des Flaviviridae et au genre Flavivirus2. Il se classe en quatre sérotypes distincts : DENV-1 à DENV-42. Cette différence ne confère pas une protection croisée à long terme : la guérison après infection entraîne une immunité à vie contre le sérotype à l’origine de l’infection, mais pas contre les trois autres2.
La transmission de la dengue suit deux cycles : un cycle sylvatique dans les zones forestières au cours duquel le virus circule entre les primates non humains et des moustiques du genre Aedes (Aedes luteocephalus et Aedes furcifer), et un cycle urbain dans lequel le virus circule entre les hommes et les moustiques urbains (Aedes aegypti et Aedes albopictus)2.
Les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus se déplacent peu au cours de leur vie. Les femelles pondent leurs œufs dans des gîtes où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire11. Lorsqu’un moustique femelle s’est nourri du sang d’une personne infectée (la période de virémie chez l’humain est d’environ 5 jours, voire jusqu’à 12 jours), le virus se réplique dans l’intestin moyen de l’insecte avant de se propager jusqu’à ses glandes salivaires1,2. La multiplication du virus dans le moustique dure environ 10 jours11. À l’issue de ces 10 jours, le moustique infectieux peut transmettre le virus et infecter une nouvelle personne1,11.
En 2023, une forte augmentation locale du virus de la dengue a été observée en Europe via Aedes albopictus1. Le moustique tigre Aedes albopictus, originaire des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, se retrouve désormais sur toute la planète, à l’exception de l’Antarctique12.
Sur le territoire français, Aedes aegypti est présent aux Antilles, en Guyane et à Mayotte, alors que l’on trouve Aedes albopictus sur l’île de la Réunion et dans plusieurs départements métropolitains (78 départements depuis le 1er janvier 2024)12.
Entre êtres humains, le virus de la dengue se transmet principalement par l’intermédiaire de piqûre de moustiques1. Une transmission maternelle de la femme enceinte à son enfant est toutefois possible, mais elle est peu fréquente et le risque semble dépendre du moment où l’infection par la dengue survient au cours de la grossesse1.
Le virus peut, de manière plus rare, être transmis par la transfusion ou la greffe d’organes ou de cellules1,11.
La période d’incubation de la dengue varie d’une personne à l’autre2. La plupart des malades (50 à 90 %) ont des symptômes légers ou n’ont aucun symptôme et se rétablissent en une à deux semaines. Quand ils apparaissent, les symptômes commencent habituellement 4 à 10 jours après l’infection et durent de 2 à 7 jours1.
La maladie revêt différentes formes plus ou moins graves. Selon le tableau clinique, l’OMS classe la dengue en deux catégories : la dengue avec ou sans signe d’alerte et la dengue sévère. La gravité de la maladie dépend du sérotype du virus infectant. Le sérotype 2 (DENV-2) serait plus susceptible de provoquer des cas graves2.
La fièvre (40°C) s’accompagne souvent de douleurs musculaires et articulaires, d’anorexie, de douleurs rétro-orbitaires, de nausées et vomissements, de mal de gorge, de céphalées et d’éruption cutanée1,2.
Dans de rares cas, la dengue peut être grave et entraîner la mort1.
Les personnes infectées pour la deuxième fois courent un risque accru de dengue sévère1. Les symptômes de la dengue sévère surviennent souvent après la disparition de la fièvre :1
Dans cette forme grave (dengue hémorragique), les patients présentent un épanchement pleural (présence anormale de liquide dans la cavité pleurale) avec une hypoalbuminémie ou une hypoprotéinémie, ainsi qu’une augmentation de la perméabilité vasculaire pouvant entraîner des hémorragies, avec ou sans syndrome de choc2*. Les sérotypes 2 et 3 sont le plus à l’origine de complications neurologiques2.
*ensemble de symptômes graves et d’évolution rapide comprenant fièvre, éruption cutanée, baisse dangereuse de la tension artérielle et défaillance de plusieurs organes.
Il n’existe pas de traitement curatif spécifique contre la dengue. L’accent est mis sur le traitement des symptômes1,2. En plus du repos, les patients doivent s’hydrater régulièrement pour lutter contre la déshydratation en cas de diarrhées et de vomissements2.
La plupart des cas de dengue peuvent être traités à domicile avec des analgésiques1,2. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène et l’aspirine sont évités, car ils peuvent augmenter le risque de saignement1,2. Pour les personnes atteintes de dengue sévère, une hospitalisation est souvent nécessaire1.
Après leur guérison, les personnes qui ont eu la dengue peuvent se sentir fatiguées pendant plusieurs semaines1.
Le meilleur moyen de lutte contre la dengue demeure la prévention. Celle-ci repose sur la lutte contre les moustiques vecteurs et la protection individuelle (répulsif, port de vêtements longs et amples…). Les personnes résidant dans une zone susceptible d’être concernée par une endémie ou une épidémie de dengue peuvent contribuer à diminuer ce risque notamment en détruisant ou en asséchant les gîtes potentiels, que constitue toute réserve d’eau stagnante à l’extérieur ou à l’intérieur du domicile13.
La dengue est une maladie à déclaration obligatoire (DO) sur l’ensemble du territoire métropolitain et toute l’année. Dans les départements d’outre-mer, il existe des dispositifs de surveillance et de signalement spécifiques14.
Les documents nécessaires à la notification d’un cas de dengue en fonction des territoires sont disponibles sur Santé publique France.
La lutte contre la dengue repose également sur le développement d’un vaccin. Les plus avancés sont tous tétravalents et fondés sur des virus vivants atténués recombinants15.
Deux vaccins sont actuellement autorisés : Dengvaxia (Sanofi Pasteur) et Qdenga (Takeda)15. Approuvé le premier en 2015, Dengvaxia a montré une efficacité globale contre la dengue de 59,2 %, avec une efficacité contre la dengue hémorragique très importante : 80 % après une première injection et 88 % après trois injections15. Cependant, son efficacité varie en fonction du sérotype (50 % contre DENV-1 ; 35 % contre DENV-2 ; > 75 % contre DENV-3 et DENV-4)15. Son efficacité est moindre également chez les personnes n’ayant jamais été infectées (35,5 %) par rapport à celles ayant déjà fait une primo-infection (74,3 %), et il existe une augmentation de survenue de dengue sévère chez les jeunes enfants2. Il serait également associé à un risque accru de survenue d’une dengue sévère chez des sujets vaccinés et n’ayant jamais été en contact avec le virus2. Ce vaccin n’est plus commercialisé depuis le 31 mars 2024.
L’efficacité du deuxième vaccin disponible varie selon les groupes d’âge, les sérotypes (69 % contre DENV-1 ; 90,8 % contre DENV-2 ; 51,4 % contre DENV-3 et 50 % contre DENV-4) et le statut sérologique initial (74 ,8 % pour les personnes ayant déjà été infectées et 67 % chez celles ne l’ayant jamais été)15. L’efficacité globale est autour de 95 % sur les formes sévères de dengues ; on note une meilleure efficacité chez les personnes avec une sérologie dengue positive et en cas d’infection par DENV-2. Il n’a pas été décrit d’augmentation de risque de formes sévères.
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de vacciner par QDENGA les populations suivantes résidant aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion16 :
Le schéma vaccinal recommandé comporte deux doses de vaccin QDENGA espacées de 3 mois. Cette vaccination doit être réalisée entre deux épidémies et au moins 6 mois après une infection par la dengue16.
Vous pouvez aller sur le site de la HAS pour consulter ses recommandations concernant la vaccination contre la dengue.
HASPlacée sous l’égide de l’ANRS MIE, Arbo-France est un réseau français multidisciplinaire et multi-institutionnel de veille, de surveillance et de recherche sur les arboviroses humaines et animales en métropole et les territoires ultra-marins.
Ses principaux objectifs sont :
Dans le cadre de l’appel à projets PEPR MIE 2023, l’ANRS MIE finance le projet LSDengue qui a pour objectif d’identifier les facteurs déterminants des formes sévères de la dengue pour définir des biomarqueurs utilisables en clinique et adapter les soins aux patients. Il prévoit une étude d’une ampleur sans précédent de caractérisation complète (clinique, génétique, virologique et immunologique) de centaines de patients aux origines génétiques diverses, recrutés sur une grande partie de l’aire géographique d’incidence de la dengue grâce à un vaste réseau dans les territoires ultramarins. Il s’agit d’anticiper la progression de l’infection vers une dengue grave, d’améliorer la prise en charge des patients et de réduire le risque de mortalité lié à la dengue. Ce réseau intercontinental pourrait fournir une base solide pour la préparation et le contrôle des virus émergents, en particulier les arbovirus et la dengue.
Plusieurs éléments suggèrent que les déterminants génétiques du virus de la dengue (génotypes et mutations) jouent un rôle important dans la gravité de la dengue. Le but du projet ARBOGEN, financé par un partenariat entre l’ANRS MIE et MSDAVENIR, est d’étudier le rôle de ces déterminants. La génétique du virus pouvant limiter l’efficacité des tests diagnostiques, générer de la résistance aux antiviraux ou de l’échappement aux vaccins, le séquençage des génotypes (DENV-1 à DENV-4) pourrait aider à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et des marqueurs permettant d’anticiper la progression de la maladie et d’adapter les soins aux patients en fonction du « profil génétique » du virus circulant. À terme, les efforts de recherche devraient permettre d’adapter rapidement les contre-mesures épidémiques et de réduire la charge due à la dengue sévère.
Ce projet est l’occasion de mettre en place le premier réseau français trans-territorial de collaborateurs publics et privés pour collecter des génomes du DENV à partir de cas de dengue sur les territoires ultra-marins et métropolitains français. Il s’agit d’un réseau de partage de données de séquences d’arbovirus qui constituera une excellente ressource et au-delà de ce projet, servira de base pour la préparation à l’émergence virale.
Forts de leurs expertises complémentaires, le Brésil et la France se mobilisent pour partager leurs connaissances et élaborer des projets communs autour des arboviroses, parmi lesquelles la dengue. Les 30 et 31 octobre 2024 s’est tenu à Belém (Brésil) un workshop franco-brésilien sur la thématique des arbovirus organisé par l’Instituto Evandro Chagas (Secrétariat de surveillance sanitaire et environnemental, Ministère de la Santé du Brésil) et l’ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), avec le soutien de l’Ambassade de France au Brésil et en partenariat avec le réseau ArboFrance.
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, touche environ 38 millions de personnes dans le monde d’après l’OMS.
Les hépatites virales sont des inflammations du foie causées par un ou plusieurs virus (A, B, C, D et E).
Parmi les infections sexuellement transmissibles (IST), la plupart sont dues à des bactéries, des parasites ou à des virus.
La tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières. Chaque jour, près de 28 000 personnes la contractent et plus de 4 100 personnes en décèdent d’après l’OMS.
Apparu en décembre 2019 à Wuhan, au centre de la Chine, le coronavirus SARS-CoV-2 s’est très rapidement propagé à l’ensemble de la planète.
Mpox (anciennement appelé « variole du singe » ou « monkeypox ») est une maladie circulant depuis des décennies en Afrique de l’Ouest et du centre.
Les arboviroses sont des maladies dues à des arbovirus (arthropod-borne viruses) transmis par des vecteurs arthropodes.
Les fièvres hémorragiques virales (FHV) regroupent différentes maladies (Ebola, fièvre de Lassa, de Marburg, fièvre de Crimée-Congo…).
La grippe aviaire, également connue sous le nom d’influenza aviaire ou anciennement de peste aviaire, provoquée par des souches A du virus grippal, est une maladie infectieuse affectant les oiseaux sauvages et domestiques.
La maladie Oropouche est une arbovirose circulant activement dans plusieurs régions d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes.
La dengue est une maladie infectieuse due au virus de la dengue, un arbovirus. Il s’agit de l’arbovirose humaine la plus répandue dans le monde.
Le chikungunya est une maladie infectieuse provoquée par un arbovirus, le virus du chikungunya. Elle peut désormais se rencontrer dans des régions non tropicales, y compris en Europe.