Les arboviroses sont des maladies dues à des arbovirus (arthropod-borne viruses) transmis par des vecteurs arthropodes.
Dernière mise à jour le 07 octobre 2025
Les maladies à transmission vectorielle sont des maladies humaines provoquées par des parasites, des virus ou des bactéries transmis par des vecteurs.1
Parmi celles-ci, les arboviroses sont des maladies virales transmises par les arthropodes piqueurs (moustiques, tiques, phlébotomes ou culicoïdes).2 Il y en a plus de 500 reconnues dans le monde, 150 d’entre-elles affectant l’être humain.3 Celles ayant la plus forte prévalence sont la dengue (96 millions de cas par an), le Chikungunya (693 000 cas par an), Zika (500 000 cas par an), la Fièvre jaune (130 000 cas par an), l’encéphalite japonaise (42 500 cas par an) et la fièvre du virus du Nil occidental (2 588 cas par an).4
Les populations humaines ont été relativement isolées les unes des autres pendant une longue période de l’histoire de l’humanité, les protégeant peu ou prou des épidémies infectieuses. Les premiers mouvements de grande ampleur, comme la traite des esclaves qui a décimé les peuples autochtones, ont favorisé la dissémination d’agents pathogènes à grande échelle.5 La mondialisation des pathogènes, amorcée par les conflits régionaux et mondiaux, s’est accrue avec le développement des moyens rapides de transport, en particulier l’aviation, l’émergence des échanges et des circulations humaines, et les changements climatiques.5,6
Ces conditions propices ont permis le développement des moustiques anthrophiles et l’émergence des arbovirus. L’aire de distribution des arboviroses tend désormais à s’étendre au-delà de leurs limites naturelles et à gagner de nouvelles régions épargnées jusqu’alors.6
D’après l’OMS, ces tendances devraient se poursuivre à mesure que le climat continuera de se réchauffer.1
Avant 1930, une demi-douzaine d’arbovirus avaient été isolés. Une dizaine de virus supplémentaires étaient connus en 1940. Entre 1950 et 1979, la liste s’allongeait avec 460 nouveaux virus. Dans les années 2000, le nombre d’arbovirus connu restait stable, autour de 530 ou 540.7
Les institutions de recherche n’ont porté que peu d’intérêt face aux arbovirus en dehors des crises sanitaires.7,8 La pandémie de SARS-CoV-2 a cependant rebattu les cartes.8
Les arbovirus circulent principalement dans les régions tropicales ou subtropicales, mais, depuis quelques années, une augmentation de la description de cas autochtones dans les régions tempérées dont l’Europe et la France métropolitaine. Ils regroupent environ 500 virus, dont une centaine est pathogène pour l’homme. Ils appartiennent à des genres différents tels que le genre Flavivirus (fièvre jaune, dengue, Zika, Usutu, virus du Nil occidental, encéphalite à tique…) ou Alphavirus (chikungunya). Certaines arboviroses provoquent des fièvres hémorragiques virales (fièvre de la vallée du Rift, fièvre hémorragique de Crimée-Congo par exemple).
D’un pont de vue taxonomiques, les arbovirus (pour Arthropod-borne vrus) sont très différents les uns des autres. Ils ont, par contre, un cycle de transmission commun faisant intervenir deux hôtes : un vertébré et un arthropode hématophage vecteur (moustiques, tiques, phlébotomes ou culicoïdes) dans lequel le virus se développent, avec passage dans le tube digestif puis dans les glandes salivaires.5,7 Ce sont essentiellement des virus à ARN.9
La classification actuelle est virologique. Près des deux tiers des arbovirus se répartissent entre trois familles :2,7
Près de 28 % des arbovirus appartiennent à deux autre familles (Reoviridae et Rhabdoviridae) et moins de 6 % se retrouvent dans diverses autres familles.7
Le passage du virus de l’arthropode infecté à l’hôte vertébré est une transmission horizontale (par opposition, à la transmission verticale qui est le passage du virus de la femelle infectée à sa descendance). Ce mécanisme assure la circulation active du virus en situation épidémique.5 Les moustiques sont les vecteurs les plus fréquents.6

Les moustiques du genre Aedes sont vecteurs des virus de la dengue (DENV), du virus chikungunya (CHIKV), du virus de la Fièvre jaune ou du virus Zika (ZIKV). Ceux du genre Anopheles sont les vecteurs par excellence du parasite Plasmodium, responsable du paludisme. Les moustiques du genre Culex, transmettent le virus de l’encéphalite japonaise ou le virus du Nil occidental.1,6
La plupart des arbovirus circulent originellement dans un environnement « sauvage » entre animaux sauvages (dont des primates non humains), qui jouent le rôle de réservoirs, et des moustiques zoophiles (cycle enzootique).5 L’émergence d’un arbovirus chez l’humain correspond à la sortie du virus du cycle sauvage pour initier un cycle urbain entretenu par des moustiques anthropophiles assurant la transmission du virus de l’animal à l’hôte vertébré qu’est l’être humain (zoonose).5 L’émergence coïncide avec la capture d’un virus selvatique par un moustique anthropo-zoophile, jouant le rôle de vecteur relais entre l’animal et l’être humain.5 Les vecteurs épidémiques urbains sont principalement Aedes aegypti et Ae. Albopictus.5

Certains arbovirus n’ont toutefois pas la nécessité d’être amplifié chez l’animal pour être transmis à l’être humain. Celui-ci est alors à la fois l’hôte réservoir, l’hôte amplificateur et l’hôte disséminateur,6 donnant à ces arbovirus un potentiel épidémique important.10 La dengue, le chikungunya et Zika sont des exemples de ce type d’arboviroses.6,10
La mondialisation des déplacements de voyageurs et du transport de marchandises, l’urbanisation non planifiée, essentiellement dans les grandes villes tropicales, et les changements climatiques ont créé les conditions propices au développement des moustiques anthropophiles et à l’émergence des arbovirus.6 Ce contexte favorise l’émergence ou la ré-émergence de certaines maladies infectieuses dans des zones géographiques qui étaient jusqu’ici indemnes, alors que les pays tropicaux sont fortement affectés.1,6
La virulence des différents arbovirus varie d’une épidémie à une autre, selon les périodes et localisations.11 Elle dépend à la fois de :11
La réponse immune à l’infection est un facteur essentiel dans les manifestations cliniques des viroses.11
Beaucoup d’arbovirus provoquent une infection infra clinique, détectée seulement par la présence d’anticorps11: 80 % des infections sont asymptomatiques et 20 % se manifestent sous forme de syndromes grippaux, souvent associés à une éruption cutanée.12 Les formes graves peuvent être la cause de syndromes pulmonaires, neurologiques ou hémorragiques.11,12 Ces formes, qui représentent environ 1 % des infections, varient en fonction du virus et de son tropisme cellulaire.12
Certains signes sont plus caractéristiques d’une arbovirose en particulier, comme l’absence de fièvre et la conjonctivite pour l’infection à virus Zika, la leucopénie et la thrombopénie pour la dengue et l’intensité des arthralgies lors d’infection par chikungunya.10
Certains arbovirus responsables d’un syndrome d’encéphalite, comme le virus du Nil occidental, peuvent provoquer des lésions le plus souvent irréversibles et parfois mortelles.11 Ce syndrome est marqué par une soudaine poussée de fièvre, des vomissements, une raideur de la nuque, des vertiges, de la somnolence, une sensation de désorientation, suivie de confusion, et une progression vers un état de stupeur et de coma.11
Il n’existe actuellement aucun traitement antiviral spécifique.13 Les seuls traitements disponibles sont symptomatiques.13
En cas de fièvre, plusieurs infections peuvent être évoquées : malaria, fièvre typhoïde, les rickettsioses, la leptospirose ou une primo-infectin VIH.10 Une arbovirose est suspectée uniquement si les symptômes ont débuté au plus tard deux semaines (en général deux à huit jours) après le retour d’une région endémique, en particulier en cas d’éruption cutanée, de douleurs musculaires et articulaires.10
Le diagnostic biologique par RT-PCR doit être effectué dans les cinq jours suivant le début des signes cliniques. La sérologie par détection des IgG et IgM spécifiques est indiquée à partir du cinquième jour après le début des signes cliniques.12
Les mesures de lutte contre les vecteurs demeurent essentielles dans la prévention. Les approches les plus courantes consistent soit à utiliser des larvicides par application directe dans les eaux stagnantes, soit à pulvériser de l’insecticide pour tuer les moustiques adultes.13 Cependant, les insectes vecteurs capables de résister aux insecticides sont apparus, fragilisant les stratégies de prévention.6
On a recours à d’autres approches plus expérimentales, comme par exemple la libération de moustiques Aedes aegypti dont on a réduit la capacité à transmettre des virus à l’homme en les infectant avec la bactérie Wolbachia.13 La reproduction de ces moustiques infectés avec la population de moustiques sauvages réduit finalement le nombre de moustiques qui sont des vecteurs efficaces.13 Une autre approche repose sur le lâcher de moustiques mâles stériles en grande quantité afin qu’ils s’accouplent avec des femelles dans la nature dans le but de réduire leur fertilité.13
Les mesures de protection individuelle comprennent les répulsifs anti-moustiques, le port de vêtements longs et amples, les insecticides, les répulsifs chimiques et l’installation de moustiquaires qui empêchent les moustiques d’entrer dans un espace, et les pièges à moustiques.14
Les vaccins font partie des mesures préventives contre les arbovirus. Les vaccins existants sont utilisés en prévention contre la dengue et le chikungunya.13
Sous l’égide de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, le groupe multidisciplinaire et multi-institutionnel Arbo-France est chargé de la veille, de la surveillance et de la recherche sur les arboviroses humaines et animales en France métropolitaine et dans les territoires ultra-marins.
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