Introduction : L’Ile-de-France concentre plus de 40% des nouvelles découvertes d’infections à VIH. Deux populations clés sont les plus concernées : les personnes nées à l’étranger et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. L’étude randomisée ANRS DICI-VIH (2014-2015) a montré qu’un dépistage ciblé sur les populations clés réalisé par les infirmiers, soutenus par du personnel de recherche, dans 8 services d’urgences de la région était efficace en complément de l’approche diagnostique. La stratégie prônée par l’OMS ainsi que les dernières recommandations de la HAS et du groupe d’experts appuient la proposition ciblée de dépistage aux urgences. Il est donc important d’évaluer l’impact et la faisabilité de l’implantation de cette stratégie à une large échelle dans un contexte où les collectivités territoriales locales lancent des initiatives pour freiner l’épidémie (Vers Paris sans sida, Pour une Ile-de-France sans sida).
Hypothèse : Notre hypothèse est que le dépistage du VIH auprès des populations clés par l’infirmier peut être intégré au parcours de soin des consultants dans les conditions habituelles de pratique des services d’urgences et pérennisé sur le long terme à l’échelle de la région Ile-de-France, et que cette stratégie associée à la démarche diagnostique habituelle permettrait de diminuer les infections non diagnostiquées et d’aider ainsi au contrôle de l’épidémie.
Objectif et critère d’évaluation principal : Evaluer l’impact d’une mise en œuvre élargie du dépistage infirmier du VIH par test rapide auprès des populations clés associé à la démarche diagnostique médicale habituelle (stratégie intervention) par rapport à la démarche diagnostique seule (stratégie contrôle) dans les conditions habituelles de pratique des services d’urgences. Le critère d’évaluation est la proportion de patients nouvellement diagnostiqués VIH+ parmi les patients inclus.
Objectifs et critères d’évaluation secondaires :
Evaluer la faisabilité du dépistage infirmier et sa pérennisation à partir de :
- la proportion d’auto-questionnaires sur les facteurs d’exposition proposés et complétés parmi les patients inclus, et parmi ceux en capacité de participer n’étant pas déjà connus VIH+,
- la proportion de proposition de dépistages infirmiers parmi les patients appartenant aux populations clés,
- la proportion de réalisation de dépistages infirmiers parmi les patients ayant eu une proposition.
Evaluer l’efficience des processus de dépistage adoptés par les soignants, en particulier l’intégration d’un outil informatisé de ciblage, et par les patients.
Evaluer les patients nouvellement diagnostiqués VIH+ dans les 2 groupes à partir de :
- la proportion de patients ayant eu une prise en charge spécialisée à 1 mois,
- la proportion de patients avec un taux de CD4≥500 et ≥350/mm3 sans symptômes évocateurs de l’infection à VIH (marqueurs de précocité du dépistage) et de patients au stade de primo-infection.
Il s’agit enfin d’estimer par modélisation le nombre de nouvelles découvertes d’infections à VIH pour différents niveaux de couverture de la stratégie intervention en Ile-de-France.
Méthodologie : Essai pragmatique, multicentrique (n=18 services), randomisé en cluster et stepped-wedge comparant une stratégie contrôle avec démarche diagnostique à une stratégie intervention associant le dépistage infirmier du VIH.
Nombre de sujets nécessaires : Avec une proportion de patients nouvellement diagnostiqués dans le groupe contrôle de 0.8 pour 10.000 consultants (étude DICI-VIH), un RR=3.25 selon l’hypothèse utilisée pour DICI-VIH, α=5%, β=20%, test de Fisher et effet design estimé à 2.77, 481 000 consultants doivent être inclus au total.
Critères d’inclusion : Individus consultant dans un service de l’étude, de 18-64 ans, ne se présentant pas pour un accident d’exposition au VIH récent.
Durée de participation pour le patient : 1 mois (dépistage+suivi le cas échéant : 1ère consultation spécialisée)
Durée de l’étude : 12 mois : 3 à 11 mois d’intervention/centre + 1 mois de suivi le cas échéant
Nombre de centres : 18 services d’urgences accueillant les populations exposées, dont 8 de l’étude DICI-VIH.