Le Covid long est une pathologie causée par le SARS-CoV-2 au cours de laquelle les symptômes persistent plus de deux mois.
Dernière mise à jour le 27 novembre 2025
Le virus SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19, s’est répandu sous forme de pandémie début 2020 en plusieurs vagues successives. En France, la pandémie s’est traduite par une succession de vagues épidémiques.1
Depuis son apparition jusqu’à mars 2023, le SARS-CoV-2 a provoqué plus de 670 millions de cas et 6,8 millions de décès dans le monde, et 39 millions de cas et plus de 150 000 décès en France.2
Dès la fin de la première vague épidémique en mai 2020, la persistance de symptômes plusieurs semaines ou mois après les premières manifestations a été décrite, ce qui a conduit à parler de « Covid long ». Ce terme, proposé par les patients eux-mêmes, permet de tenir compte de l’hétérogénéité des profils de cette maladie et d’abandonner la division entre les malades ayant été hospitalisés et ceux qui ne l’ont pas été.3,4
Plusieurs définitions existent pour définir cet état de santé.4
Celle de l’OMS*, qui parle préférentiellement d’« affection post-Covid », se définit à partir d’antécédents d’infection probable ou confirmée par le SARS-CoV-2, associée à des symptômes qui persistent au moins deux mois, ne pouvant pas être expliqués par un autre diagnostic et apparaissant en général dans les trois mois. Ces symptômes peuvent être d’apparition nouvelle après un rétablissement initial, ou persister depuis la maladie initiale. Ils peuvent également fluctuer ou récidiver au fil du temps et ont généralement un impact sur les activités quotidiennes.5
Les États-Unis ont une autre approche. Le terme « Covid long » est utilisé et l’affectation est définie comme « tous les états de santé dégradés de manière chronique après une infection par le SARS-CoV-2 ».4 Les symptômes doivent persister au moins trois mois, qu’ils soient ou non expliqués par un autre diagnostic ou par des maladies pouvant être favorisées par l’infection SARS-CoV-2 (diabète, maladie pulmonaire interstitielle, migraine…).4
*à noter que l’OMS a reconnu le Covid long dès le 21 août 20205
Fin 2022, deux millions de personnes en France étaient affectées par le Covid long.6
L’estimation du nombre de cas est cependant rendue complexe par les différentes définitions de la maladie.7 Une autre problématique porte sur la notion de cas d’infections « probables » ou « confirmées » qui rend difficile l’attribution des symptômes au SARS-CoV-2. Ceci fut le cas lors de la première vague alors que les tests PCR n’étaient pas disponibles, et également plus tard lors des périodes de plus faible circulation du virus, en présence d’autres virus circulants qui peuvent entrainer des symptômes persistants similaires, et dans le contexte d’une baisse de réalisation des tests SARS-CoV-2 en ville.
À ce jour, la France a publié deux études6,7 utilisant la définition de l’OMS.8 La plus récente de ces études, réalisée entre août et novembre 2022, a montré une prévalence de 4 % dans la population adulte totale6,7 et de 8 % dans la population adulte ayant été infectée par le SARS-CoV-2.7
La prévalence du Covid long dans la population générale est deux fois plus élevée chez les femmes (5,4 %) que chez les hommes (2,6 %).7 Cette augmentation du risque de Covid long en fonction du sexe a été confirmée dans une étude du NIH publiée en 2025, avec toutefois des estimations un peu plus basses.9 Les formes ayant un impact sévère représentent environ 20 % des Covid longs.10,11
L’étude française a également montré que le Covid long est plus fréquent chez les personnes ayant été hospitalisées pour Covid-19 (18,6 %) que chez celles ne l’ayant pas été (7,8 %).7 Des symptômes prolongés au décours de la Covid-19 peuvent cependant survenir même chez des personnes ayant fait des formes peu sévères.3
Tout le monde peut avoir le Covid long mais il existe des facteurs favorisants.8,10
Les principaux facteurs de risque favorisant le développement d’un Covid long sont les suivant, par ordre décroissant de niveaux de preuve :8,12-16
Avec des estimations variant de 1 à 27 % en fonction de la durée de suivi, la prévalence précise du Covid long pédiatrique reste incertaine.17-20 Ces différences s’expliquent par des variations dans les définitions utilisées, les méthodologies et les populations étudiées.21 Le Covid long pédiatrique est toutefois une réalité qui touche de manière significative, quoique sous-estimée, les enfants et les adolescents. Les symptômes persistent à long terme chez un nombre significatif de jeunes qui ne peuvent plus étudier ni mener une vie sociale normale.18
L’intensité et le nombre des symptômes de la phase initiale, le sexe féminin, l’âge (adolescence et jeunes adultes) et les comorbidités (asthme et obésité, terrain allergique) semblent être associés au Covid long.18,20 La prédominance des symptômes d’épuisement, des troubles gastro-intestinaux, douleurs musculo-articulaires et troubles cognitifs différent selon l’âge.20 L’impact social reste à évaluer, mais il semblerait qu’il y ait un signal inquiétant concernant le suivi normal d’une scolarité et d’une vie affective.21-24
Les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre, ainsi qu’entre les adultes et les enfants. Globalement, les plus répandus sont les suivants :8
Les personnes souffrant de Covid long peuvent avoir des difficultés à fonctionner dans leur vie de tous les jours. La maladie peut avoir des répercussions sur leur capacité à mener à bien leurs activités quotidiennes.8
Le Covid long semble refléter un syndrome complexe et multifactoriel. Divers mécanismes retiennent l’attention :25
Ces mécanismes continuent d’être explorés. Aucune de ces hypothèses n’exclut les autres. Les mécanismes pourraient même s’associer, et les symptômes pourraient être expliqués par l’atteinte directe ou indirecte d’un organe pouvant entraîner des plaintes multiples. Un organe pourrait ainsi subir une atteinte endothéliale et l’effet d’auto-anticorps. De même, l’atteinte du système nerveux, par exemple, pourrait expliquer à elle seule des symptomatologies polymorphes. C’est ce que suggèrent des travaux d’imagerie fonctionnelle et des résultats d’IRM qui montrent que des atteintes cérébrales** multiples pourraient être une explication concernant les troubles des fonctions supérieures (mémoire, concentration).
L’imagerie par tomographie d’émission de positons (TEP) cérébrale a permis de rapporter un hypométabolisme glucidique au repos chez les personnes présentant un Covid long, soulignant l’implication cérébrale de la maladie.30
Les atteintes du système nerveux autonome pourraient être à l’origine de symptômes « périphériques », tels que l’essoufflement, le trouble du transit ou les troubles cardiaques. Des études physiopathologiques chez l’animal suggèrent une neuro-invasion possible du SARS-CoV-2.
* il s’agit d’un des principaux mécanismes par lesquels des agents infectieux peuvent induire une auto-immunité. Il se produit lorsque des similitudes entre des peptides étrangers et des peptides de l’hôte favorisent l’activation de cellules T ou B auto réactives par un antigène d’origine étrangère chez un individu sensible.28 Ici le mimétisme moléculaire s’établit entre des protéines du SARS-CoV-2 et des épitopes exprimés par des cellules de l’intestin, du rein, des poumons, du cœur et du cerveau29
**des études autopsiques ont démontré des atteintes cérébrales chez l’être humain
En France, la Haute autorité de santé (HAS) a considéré trois critères permettant de repérer les personnes atteintes de Covid long :3
Il n’existe à ce jour aucun traitement spécifique démontré permettant un rétablissement complet des individus. Les essais montrant une amélioration de l’état de santé durable, mais partielle, portent sur :
La prise en charge est orientée par les symptômes suivants :35
Il n’y a pas de traitement symptomatique contre-indiqué dans cette pathologie, notamment en ce qui concerne les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), dont l’aspirine.3
Pour chacun des patients ayant des symptômes prolongés, il faut envisager simultanément les symptômes (notamment cognitifs) et les retentissements comportementaux et psychosociaux.35
Dans le cas de fatigue qui s’accompagne d’exacerbations des symptômes post-effort, la réadaptation doit être particulièrement prudente et progressive, avec un fractionnement des activités pour éviter de déclencher des exacerbations.36
Comme dans toute maladie chronique, qu’il s’agisse d’un adulte, un enfant ou un adolescent, la prise en charge doit être globale, coordonnée et personnalisée, avec différents intervenants selon les besoins.35,37
Comme avec les adultes, pour aider les enfants ou les adolescents dans leur quotidien, il est conseillé d’adapter et de fractionner leurs activités et de les alterner avec du repos de façon à assurer une récupération rapide et satisfaisante.37
Un aménagement du temps scolaire peut être nécessaire. Un projet d’accueil individualisé (PAI) à l’école est possible. Il est élaboré, à la demande de la famille, par le directeur de la collectivité, le médecin qui suit l’enfant ou l’adolescent et le médecin scolaire (ou celui de la structure d’accueil). Il s’agit d’une convention qui définit la prise en charge de l’élève dans le cadre scolaire, au regard de ses spécificités.37
* ces symptômes, très polymorphes, peuvent associer une sensation de vertiges, des sueurs diurnes ou nocturnes, des épisodes de tachycardie ou une incapacité à effectuer un exercice habituel, des nausées, des vomissements, des difficultés à avaler, de la diarrhée ou constipation, des fuites urinaires, des frissons…35
Nirmatrelvir/ritonavir (Paxlovid) est indiqué chez les patients adultes ne nécessitant pas d’oxygénothérapie et étant à risque élevé d’évolution vers une forme grave de Covid-19.38,39
La question s’est posée de savoir si ce traitement pouvait améliorer certains symptômes persistants après une infection par le SARS-CoV-2.40 Une étude menée aux États-Unis a montré qu’il n’y avait pas de supériorité de Paxlovid par rapport au placebo dans l’amélioration de la fatigue, du brouillard cérébral*, des douleurs corporelles, des symptômes cardiovasculaires, de l’essoufflement ou des symptômes gastro-intestinaux.40
*le brouillard cérébral comprend des troubles de l’attention et de la mémoire
L’ANRS MIE a mis en place dès 2022 un groupe de chercheurs, épidémiologistes, sociologues, médecins, associations de patients et historiens au sein d’une « Action Coordonnée Covid long ». Ce groupe d’animation a pour but de favoriser la recherche sur les conséquences de l’infection à SARS-COV-2 dans les dimensions épidémiologiques, physiopathologiques, thérapeutiques et sociales.
L’ANRS MIE, en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le ministère des Solidarités et de la Santé et en partenariat avec la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), a lancé un appel à projets (AAP) décliné en deux sessions temporelles sur la thématique Covid long autours d’axes prioritaires définis par l’Action Coordonnée :
En octobre 2024, l’ANRS MIE, Santé publique France et la Haute autorité de santé ont organisé une journée scientifique sur le Covid long pour mobiliser chercheurs, associations et institutionnels et renforcer leurs collaborations. Cette journée a permis de faire le point sur les avancées scientifiques, d’aborder les questions en suspens et de définir les priorités de recherche à venir.
À l’issue de cette journée scientifique, l’ANRS MIE a identifié trois axes de recherche prioritaires :
L’ANRS MIE a soutenu divers travaux de recherche destinés à enrichir nos connaissances sur le Covid long, de manière à proposer in fine la meilleure prise en charge pour les personnes souffrant de cet état. On peut citer :
L’ANRS MIE soutient également plusieurs études dans le cadre de l’AAP Covid long 2022.