Les scientifiques appellent à investir dans la recherche sur la guérison du VIH

Dernière mise à jour le 23 juillet 2025

L’essentiel

  • Une coalition internationale réunissant chercheurs, patients et bailleurs de fonds dans le domaine du VIH appelle à investir davantage dans la recherche sur les médicaments contre le VIH dans une nouvelle publication de la revue médicale The Lancet HIV
  • L’article présente les avancées réalisées dans la recherche sur les traitements contre le VIH et les importants déficits de financement. Selon les auteurs, il est essentiel d’atteindre la guérison pour mettre fin à l’épidémie mondiale de VIH, mais les fonds disponibles sont insuffisants.

VIH : une guérison est possible

L’article se concentre sur les avancées récentes qui montrent que la guérison du VIH est biologiquement possible. Dix personnes ont désormais obtenu une rémission ou une guérison à long terme du VIH, dont deux nouveaux cas en 2025, après un traitement par greffe de cellules souches.

« Nous avons désormais des preuves que le VIH peut être guéri »,

déclare le Dr Remko van Leeuwen, auteur principal de l’article et membre de l’Aidsfonds-Soa Aids Nederland. « La question n’est plus de savoir si la guérison est possible, mais à quelle vitesse nous pouvons mettre au point des traitements sûrs et accessibles. »

Parmi les nouvelles approches prometteuses, on peut citer :

  • Les vaccins thérapeutiques qui entraînent le système immunitaire à contrôler le VIH
  • Les technologies d’édition génétique telles que CRISPR-Cas9
  • Les anticorps à large spectre
  • Les stratégies « Réactivation et élimination –Shock and kill » pour éliminer le virus dormant

Crise du financement

Malgré ces progrès, la recherche sur la guérison du VIH est menacée par un manque criant de moyens. Près de 90 % du financement mondial des médicaments contre le VIH provenait historiquement des États-Unis, mais depuis l’arrivée au pouvoir du président Trump, l’avenir des programmes de santé internationaux est incertain. Les investissements dans la lutte contre le VIH sont également en baisse en Europe.

Nous sommes à un tournant : les outils scientifiques sont à portée de main, mais sans financement adéquat, ces avancées resteront confinées aux laboratoires.

Un enjeu économique et humain

Aujourd’hui, 40,8 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. En 2024, 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées. Le coût des traitements à vie varie considérablement : environ 5 000 euros dans les pays à faible revenu, contre plus de 500 000 euros dans les pays riches.

La guérison du VIH permettrait non seulement de sauver des vies, mais aussi de réaliser d’énormes économies. Dr Françoise Barré-Sinoussi, lauréate du prix Nobel et co-découvreuse du VIH

Un appel à l’action mondiale

Les auteurs de l’article appellent à une mobilisation urgente, autour de quatre priorités :

  • Augmenter le financement public pour la recherche fondamentale ;
  • Créer un fonds d’impact pour le VIH, reposant sur des partenariats public-privé ;
  • Impliquer davantage les institutions des pays à revenu faible et intermédiaire ;
  • Mettre en place une stratégie mondiale coordonnée, pilotée par les grandes organisations de santé.

L’UE et d’autres partenaires internationaux doivent combler le déficit de financement. Nous disposons des bases scientifiques et des outils technologiques. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un engagement politique et de ressources financières à la hauteur de l’urgence de ce défi sanitaire majeur.

Une attente portée par les patients

Du point de vue des patients, Florence Riako Anam, du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+), souligne l’impact humain : « Pour les 40,8 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, la guérison représente un espoir qui va au-delà de la prise quotidienne de médicaments et d’un traitement à vie. C’est l’espoir d’échapper à la stigmatisation, à l’isolement et aux difficultés économiques qui rythment notre existence. Nous avons besoin d’une recherche qui non seulement fasse progresser la science, mais qui réponde également aux besoins réels de nos communautés. »