L’essentiel sur le Site partenaire Brésil

Le Site partenaire Brésil s’articule principalement autour d’un accord-cadre entre l’ANRS MIE et le ministère de la Santé brésilien.

• Acteurs clefs :  département des maladies chroniques et des infections sexuellement transmissibles (DATHI)/ministère de la Santé du Brésil, ambassade de France au Brésil, Fiocruz Rio de Janeiro, ANRS MIE
• Actions principales : renforcer la coopération scientifique franco-brésilienne sur les maladies infectieuses
• Priorités de recherche : VIH, tuberculose, infections sexuellement transmissibles, arboviroses, Covid-19

Le 1er octobre 2025, afin de renforcer la collaboration scientifique, la France et le Brésil annoncent le lancement de la Plateforme de Recherche Internationale en Santé Mondiale France–Brésil (PRISME France–Brésil), un consortium international réunissant plusieurs acteurs clés des deux pays.

Les principales activités du partenariat

Dans le cadre de l’élargissement du périmètre de l’ANRS MIE aux maladies infectieuse émergentes et ré-émergentes depuis 2021, le partenariat vise à :

• Renforcer et élargir la coopération en intégrant de nouveaux acteurs français et brésiliens engagés dans la recherche sur les maladies
• Cartographier l’ensemble des acteurs mobilisés dans ce domaine afin d’optimiser les synergies et collaborations
• Encourager et faciliter de nouvelles collaborations scientifiques pour le développement de projets de recherche conjoints
• Dynamiser l’animation scientifique à travers l’organisation d’événements favorisant les échanges et le partage de connaissances
• Consolider la collaboration avec la Fiocruz et d’autres institutions brésiliennes pour renforcer les initiatives existantes
• Favoriser la mobilité des jeunes chercheurs entre la France et le Brésil afin de stimuler le transfert de compétences et l’émergence de nouvelles générations de scientifiques engagés

Priorités de recherche identifiées

La nouvelle stratégie du DATHI s’intègre dans le programme lancé en avril 2023, « Brasil Saudavél » (Brésil en bonne santé), qui est né de la création du Comité interministériel pour l’élimination de la tuberculose et d’autres maladies socialement déterminées (CIEDDS).

Un certain nombre des objectifs de ce programme couvrent les thématiques de recherche de l’ANRS MIE. On y trouve 14 maladies  : la tuberculose (TB), la lèpre, le paludisme, la maladie de Chagas, le trachome, la filariose lymphatique, la schistosomose, l’onchocercose, les helminthiases et cinq infections à transmission verticale : syphilis, hépatite B, maladie de Chagas, VIH et HTLV*.

Plus précisément, les priorités de recherche identifiés concernent :

• Les stratégies pour améliorer la prise en charge et la continuité des soins du VIH, notamment au stade avancé du Sida
• L’étude de la co-infection VIH-TB et de son impact sur la mortalité
• Le suivi clinique des patients atteints d’hépatite C sous traitement antiviral
• Les méthodes de prévention des IST chez les jeunes, centrées sur les facteurs socio-comportementaux de risque
• L’étude des effets secondaires et indésirables du traitement antirétroviral chez les femmes vivant avec le VIH/Sida
• L’adhésion et la persistance dans l’utilisation de la PrEP**
• La prévention de la transmission mère-enfant de l’hépatite B et l’étude longitudinale des enfants exposés
• La recherche clinique sur l’infection par le HTLV-1
• Les modèles de contrôle pour l’élimination de la TB dans les prisons brésiliennes
• Le développement de tests de diagnostic rapide pour les mycoses endémiques brésiliennes
• Les stratégies pour comprendre les causes des décès dus aux maladies respiratoires (TB, maladies non transmissibles et mycoses endémiques)
• Le développement de moyens de diagnostic pour le traitement des mycobactéries non tuberculeuses
• Le séquençage génétique et bio-informatique pour la surveillance de la TB résistante aux médicaments au Brésil
• L’évaluation économique de l’introduction de tests diagnostiques, de la surveillance et de médicaments pour le traitement et la prévention du VIH
• L’intégration de la surveillance phylogénétique du VIH et du virus de l’hépatite C (VHC), et de la transmission récente dans les zones à forte expansion de l’épidémie

Recherche sur le VIH, la tuberculose et les hépatites virales

Le Brésil est un pays qui a mis en œuvre très tôt une politique élargie d’accès aux traitements antirétroviraux. Cette politique s’appuie sur une expérience et un savoir-faire en matière de production de médicaments génériques et sur des capacités de production industrielle, objets de travaux de recherche. Ainsi, les premières recherches franco-brésiliennes soutenues par l’ANRS MIE ont porté sur les enjeux socio-économiques liés à la santé et l’accès aux soins, en particu­lier l’accès aux antirétroviraux, la politique du médicament et la propriété intellectuelle, les transferts de technologie et l’analyse des politiques pu­bliques, les populations vulnérables, notamment les personnes trans et homosexuelles.

La composante recherche clinique s’est concrétisée par la réa­lisation de deux premiers essais thérapeutiques sur le traitement de la co-infection VIH/TB (REFLATE TB et REFLATE TB2), en collaboration étroite avec la Fiocruz, Rio de Janeiro. Cette collaboration s’est poursuivie avec le développement d’autres essais cliniques sur le traitement antirétroviral du VIH et des co-infections, et plus récemment celui des IST (Doxy-4C) et de Mpox (UNITY). L’ensemble de ces projets a été mené en collaboration avec d’autres pays, notamment ceux du Réseau international de l’ANRS MIE.

Parallèlement, l’ANRS MIE a soutenu d’autres équipes de recherche étudiant la caractérisation des épidémies de VIH au Brésil et d’hépatites virales B et D en Amazonie.

Recherche sur les maladies infectieuses émergentes (MIE)

Les principales recherches qui ont été soutenues dans ce domaine ont concerné le SARS-CoV-2 (immunité, politiques de santé, impact sur la santé sexuelle et mentale parmi les populations VIH vulnérables participant à des études de cohortes PrEP). Elles tendent désormais à s’ouvrir  à d’autres maladies infectieuses émergentes, comme les arboviroses.

Les actualités des partenaires

Pour en savoir plus sur le métier d’ETI : le témoignage d’Erica Telford

• Bonjour Erica. Peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

J’ai eu une formation en biologie en Italie.  Je suis titulaire d’un doctorat en infectiologie de Sorbonne Université / Institut Pasteur à Paris, et je travaille aujourd’hui en tant qu’Experte Technique Internationale (ETI) pour le site partenaire de l’ANRS MIE au Brésil.

Après ma formation en recherche, j’ai évolué vers la coordination et la gestion de projets de recherche en santé. J’ai travaillé cinq ans à l’Inserm et l’ANRS MIE, d’abord sur l’antibiorésistance, puis sur l’innovation sur les maladies infectieuses, tout en développant une solide expertise en gestion de projets et en structuration de réseaux de recherche.

Voulant explorer un nouveau contexte international de coopération scientifique, je suis devenue ETI pour l’ANRS MIE au Brésil en mars 2025.

• Quels sont les missions d’une experte technique internationale ?

Les ETI sont mandatés par la France pour mener des missions de coopération culturelle, scientifique et technique auprès de partenaires étrangers. Le réseau des ETI est géré par Expertise France pour le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il soutient à la fois le dispositif diplomatique français, les administrations partenaires et les acteurs impliqués dans ces coopérations.

• En quoi consiste ton travail au Brésil ?

Ma mission est de soutenir les activités du Site partenaire de l’ANRS MIE au Brésil et d’accompagner les partenaires dans le développement du nouveau PRISME France-Brésil.

Basée à la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) à Rio de Janeiro, j’accompagne le développement des collaborations franco-brésiliennes dans la recherche sur le VIH/Sida, la tuberculose, les hépatites virales, les infections sexuellement transmissibles (IST), et les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes. Plus concrètement, j’accompagne les chercheurs dans leurs projets collaboratifs afin de développer de nouvelles connaissances et outils pour lutter contre les maladies infectieuses dans les deux pays.

• Qu’est-ce que la Fiocruz où tu travailles ?

La Fiocruz constitue l’un des acteurs majeurs de la recherche en santé du Brésil. Créée en 1900 pour produire des sérums et vaccins contre la peste, elle a progressivement développé des activités de recherche fondamentale et expérimentale, de développement clinique, de santé publique, de soins et d’enseignement.

S’inspirant de l’approche pasteurienne, elle a établi et développé des liens étroits avec la France dès sa création. La Fondation, sous tutelle du ministère de la santé, dispose de 16 unités de recherches et de plateformes techniques dont cinq dans des États fédérés, 10 à Rio de Janeiro et une sur le continent africain, au Mozambique.

• Quelles sont les particularités du partenariat/PRISME Brésil et quels sont ces objectifs ?

Le Site partenaire Brésil est un site « virtuel », n’ayant pas de structure physique au Brésil. Le partenariat implique une coopération scientifique avec de nombreux acteurs de la recherche du pays.

Jusqu’à récemment, le Site partenaire Brésil s’articulait principalement autour d’un accord-cadre entre l’ANRS MIE et le ministère de la Santé brésilien signé en 2001. Les acteurs clés de ce partenariat sont le Département des Maladies chroniques et des Infections sexuellement transmissibles (DATHI) du ministère de la Santé du Brésil, l’ambassade de France au Brésil, la Fiocruz Rio de Janeiro et l’ANRS MIE.

Le PRISME France-Brésil a été créé le 1^er octobre 2025.

Cette initiative vise à dépasser la logique des collaborations bilatérales pour aller vers une approche plus fédératrice, rassemblant des institutions françaises et brésiliennes déjà engagées sur le terrain, afin de mutualiser expertises et ressources, et identifier des priorités de recherche communes, et encourager la formation et le développement de projets conjoints multilatéraux.

Dans le prolongement des travaux portant sur la lutte contre le VIH, les IST, les hépatites virales et la tuberculose, PRISME France-Brésil ambitionne de relever les défis sanitaires actuels, marqués par l’émergence ou ré émergence d’agents infectieux et d’épidémies récurrentes, notamment les arboviroses. La plateforme adopte une approche intégrée et interdisciplinaire, avec une approche « une seule santé », « One Health », afin de transformer la recherche en actions concrètes pour la santé publique, tout en prenant en compte les enjeux actuels du changement climatique.

L’ANRS MIE et la COP 30 : le point de vue de l’ETI

L’ANRS MIE était représentée au cours de la dernière COP qui s’est tenue à Belém du 10 au 21 novembre 2025. Elle y a coorganisé des ateliers. Nous avons interroger Erica Telford pour en savoir un peu plus sur les thématiques et les résultats des discussions.

Erica Telford : 

Cette année, la conférence des Nations Unis sur le climat a accordé une visibilité accrue à la santé en tant que dimension essentielle des impacts et des solutions climatiques.

J’ai représenté l’ANRS MIE lors de deux événements coorganisés par l’agence et des partenaires français et brésiliens, avec l’appui de la Dr Ethel Maciel, envoyée spéciale de la présidence de la COP30 pour le secteur de la santé.

• Le premier événement « La menace des arboviroses dans le contexte des changements climatiques – une perspective One Health » a été co-organisé par l’ANRS MIE avec l’Institut Evandro Chagas de Belém, l’Ambassade de France au Brésil et le Centre Franco-Brésilien de la Biodiversité amazonienne. Il a permis de relier les connaissances scientifiques aux besoins des populations autochtones et locales, tout en renforçant les bases d’une collaboration franco-brésilienne selon une approche « Une seule santé » dans un contexte amazonien.  
• Le deuxième événement, « Résistance antimicrobienne et approche One Health : un engagement Brésil–France à la COP30 », était co-organisé par l’ANRS MIE, l’Ambassade de France au Brésil, bioMérieux et l’Institut Evandro Chagas. L’engagement du Brésil et de la France a été mis en avant, de même que la nécessité d’une coopération internationale renforcée et de la prise en compte du contexte climatique. Ont été abordées la situation en Amazonie et les avancées en matière de diagnostic et de prise en charge. Au terme de cet événement, il a été souligné la valeur stratégique du dialogue franco-brésilien dans la lutte contre la résistance antimicrobienne.

Par ailleurs, une réunion originale a été mise en place par la Caravane fluviale Iaraçu. Au cours de trois jours de navigation au cœur de l’Amazonie, le but de ce projet de coopération scientifique franco-brésilien, au cours duquel l’ANRS MIE a participé, était de regrouper des scientifiques de différentes disciplines afin d’identifier des points de convergence et des pistes de recherche croisées pour aborder les défis du changement climatique dans une véritable approche interdisciplinaire.