Fabrice était un infectiologue et tropicaliste hors pair, avec une expérience et un sens clinique hors du commun. La fidélité des patients qui ont eu la chance de bénéficier de ses soins témoigne de son investissement, de sa rigueur, et son immense empathie. Il était de ceux, rares, dont les patients – qu’il n’avait pas vus depuis plus de 20 ans – pouvaient tomber dans ses bras en guise de reconnaissance.
C’était également un grand scientifique, ayant toujours « un coup d’avance » et une vision prospective de sa spécialité, s’intégrant dans une démarche bien plus transversale, touchant l’ensemble des champs de la médecine clinique, de la recherche fondamentale, de la santé publique mais également des sciences humaines et sociales. Son engagement et son expertise dans le domaine des maladies infectieuses, et plus particulièrement des arboviroses, étaient mondialement reconnus.
Enseignant investi et créatif, il a encadré un nombre incalculable d’élèves, qu’ils soient futurs médecins ou paramédicaux, que cela soit au sein du service de santé des armées ou d’organismes civils. Il savait, avec patience et bienveillance, faire passer des concepts parfois très complexes à l’aide de schémas d’une simplicité déconcertante. Sa volonté de transmettre son savoir ne l’a jamais quitté, de même que sa volonté d’être utile au plus grand nombre.
Mais Fabrice était bien plus que tout cela. C’était un homme exceptionnel, d’une intelligence rare, lui permettant de saisir avec finesse et sensibilité la personnalité de l’ensemble de ses interlocuteurs, quelle que soit sa proximité avec eux. Son côté passionné le rendait parfois tempétueux, mais il était d’une grande justesse.
Malgré toutes ses qualités et son talent, il était d’une humilité exemplaire. L’une des phrases qu’il prononçait souvent « Il faut connaître ses limites, mais chercher à les atteindre » en témoigne.
Toujours en quête de nouveaux défis, il avait quitté le service de santé des armées en 2019 pour créer une société de conseils sur le risque infectieux et était également très investi dans un programme de développement professionnel continu auprès de médecins généralistes. Il avait cependant gardé des liens forts avec l’institution dans le cadre d’un contrat de réserve opérationnelle.
Nous avons été très nombreux à pouvoir bénéficier de ses conseils avisés et d’une extrême bienveillance. Car Fabrice, c’est celui qu’on appelait quand on se retrouvait face à ce que l’on pensait être un mur, et qui trouvait toujours la clé, ou le « pas de côté », qui permettait d’avancer.
Il laisse un grand vide dans le cœur de sa famille, de ses proches, de l’hôpital Laveran, du service de santé des armées, du monde de l’infectiologie, et de toutes celles et ceux qui, comme moi, ont eu la chance de le connaître.
Pour ma part, j’ai perdu un mentor, mais j’ai surtout perdu un ami.
Fabrice, après t’être tant battu, puisse-tu reposer en paix, et continuer à nous éclairer de ton génie et de ton humanité.
Puissions-nous être dignes de l’héritage que tu nous laisses, comme nous te l’avons promis.