Pour réduire l’hépatite C chez les usagers de drogues.
Dernière mise à jour le 09 mars 2023
Inspiré des différentes études DRIVE menées au Vietnam, le projet ICONE est une preuve de concept, réalisée à Montpellier, démontrant l’efficacité d’une intervention communautaire pour dépister et traiter les hépatites C chez des personnes éloignées du système de soins, les usagers de drogues (UD). Hélène Donnadieu-Rigole (médecin et chercheuse, responsable du département d’addictologie au CHU de Montpellier, équipe Inserm U1058) est l’investigatrice principale de ce projet.
Qu’est-ce que le projet ICONE, dans quel contexte s’inscrit-il et quels sont ses objectifs ?
L’étude ICONE a été imaginée et réfléchie au sein de l’équipe de recherche Inserm U1058 à la suite des différentes études DRIVE menées au Vietnam. L’objectif était de mettre en place en France une technique de recrutement de type « Respondent-Driven Sampling » (RDS), qui permet d’atteindre les populations éloignées des structures de soins. L’objectif principal était d’évaluer l’efficacité d’un modèle communautaire de dépistage de masse du virus de l’hépatite C (VHC) combiné à l’initiation immédiate du traitement sur l’amélioration de la cascade de soins du VHC parmi les usagers de drogues actifs dans la ville de Montpellier. En effet, les UD représentent une population à risque vis-à-vis de ce virus et ne bénéficient pas toujours d’un accès aux soins fluide.
Nous avons basé cette étude sur deux éléments : la technique de RDS et la « pair-aidance » qui a permis à des usagers pairs, employés par l’étude, de participer à toutes les étapes de la recherche et du soin.
Quelles sont les associations partenaires de ce projet ? Comment se sont-elles impliquées ?
De nombreuses associations de la ville de Montpellier ont été impliquées dès le début de la réflexion dans cette étude. Ainsi, des structures et des associations d’accompagnement et de prévention en addictologie (département d’addictologie du CHU de Montpellier, CSAPA AMT, CAARUD axess Réduire les risques), mais également des associations de la lutte contre l’exclusion – l’Avitarelle, le SAMU social, les structures de santé globale, les lits halte soins santé (LHSS) et les lits d’accueil médicalisés (LAM) – se sont investies aux côtés de l’équipe de recherche U1058.
Leur implication a permis de recruter les pairs employés, de choisir les personnes, appelées « graines », à l’origine des chaines de recrutement, de faciliter les démarches sociales, et d’accueillir les usagers en soins après la fermeture de la structure de RDS.
Cette étude a permis de mettre en place à Montpellier une dynamique favorisant le soin des usagers de drogues et fluidifiant leurs parcours. Elle a également donné la possibilité à un usager pair de maintenir une activité professionnelle au sein d’un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD).
Qu’est-ce que les résultats de la recherche ont permis de démontrer ? En quoi permettent-ils d’adapter la prise en charge des usagers de drogue atteints d’hépatite C ?
En 11 semaines, 554 usagers de drogues ont été inclus. 75 % d’entre eux n’étaient pas suivis dans une structure de soins addictologiques. Ils étaient pour la grande majorité polyconsommateurs et vivaient en situation de grande précarité. Pour 8,8 % d’entre eux, une hépatite chronique virale C a été diagnostiquée. Parmi eux, 76 % ont pu être mis en traitement et 55 % en sont guéris.
Cette étude a permis de démontrer que la technique de recrutement de type RDS est très efficace et peut être utilisée en France. Une majorité d’usagers non suivis ont pu être traités et guéris grâce à la forte implication des pairs employés. Ainsi, l’emploi de pairs dans le recrutement et l’accompagnement aux soins des usagers est une mesure efficace. Cette étude pourrait être considérée comme « une preuve de concept » afin d’être mise en œuvre à plus grande échelle en France.