Focus sur CohMSM mieux prévenir et prendre en charge le VIH chez les plus vulnérables en Afrique de l’Ouest

Focus sur CohMSM : mieux prévenir et prendre en charge le VIH chez les plus vulnérables en Afrique de l’Ouest

Dernière mise à jour le 27 février 2023

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A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, un point presse a été consacré à l’implication des associations de patients et des communautés dans la recherche sur le VIH/sida, le 25 novembre 2021.

Le programme ANRS-CohMSM, un programme de prévention et de prise en charge du VIH dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest, s’inscrit dans ce cadre.

Les deux coordinateurs, la Dr Bintou Dembélé Keita, directrice générale d’ARCAD Santé PLUS au Mali, et le Dr Christian Laurent, directeur de recherche à l’IRD en France, présentent ce programme de recherche.


En quoi consiste le programme ANRS-CohMSM ?


C’est un programme de recherche opérationnelle multidisciplinaire sur la prévention et la prise en charge du VIH/sida chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Afrique de l’Ouest. Il est réalisé dans des cliniques associatives communautaires au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Au total, 1 211 HSH ont été inclus, dont 956 séronégatifs. Les HSH séronégatifs bénéficient d’une offre de prévention diversifiée incluant le dépistage trimestriel du VIH et la prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP). De leur côté, les HSH séropositifs bénéficient d’une proposition de traitement antirétroviral dès le diagnostic d’infection par le VIH. En outre, tous les HSH, séronégatifs et séropositifs, bénéficient du dépistage et du traitement des infections sexuellement transmissibles, de la vaccination contre l’hépatite B, d’un accompagnement personnalisé par des pair-éducateurs (conseils de prévention, aide à l’observance et soutien psychosocial) et de la fourniture de préservatifs et de lubrifiants. Les travaux de recherche menés dans CohMSM depuis 2013 visent à guider la mise en œuvre de programmes de santé publique adaptés, efficaces et acceptables.


Les travaux de recherche menés dans CohMSM depuis 2013 visent à guider la mise en œuvre de programmes de santé publique adaptés, efficaces et acceptables.


Comment les équipes scientifiques et les associations travaillent-elles ensemble ?


CohMSM est réalisé dans une démarche de recherche participative par des équipes académiques et associatives, européennes et africaines (1). Il est né des difficultés rapportées par les acteurs associatifs pour la prévention et la prise en charge des HSH, extrêmement vulnérables socialement et médicalement, considérés comme une population clé dans la lutte contre le VIH/sida et difficile à toucher. Toutes les équipes, africaines et européennes, ont participé à l’élaboration des protocoles de recherche, à la réalisation des activités sur le terrain et à la valorisation des résultats de recherche. Compte tenu de leur connaissance fine de la population d’étude, de leur insertion dans le contexte local et de leurs activités habituelles (2), les associations africaines assurent le recrutement et le suivi des participants de CohMSM ainsi qu’un plaidoyer important aux niveaux national et international en faveur des interventions pour les HSH. Elles sont appuyées, surtout pour les nouvelles interventions telles que la PrEP, par une association française expérimentée. Pour leur part, les équipes académiques coordonnent les aspects scientifiques du programme.


Quels sont les principaux bénéfices de ce programme sur l’amélioration de la prévention du VIH chez les HSH en Afrique de l’Ouest ?


CohMSM a d’ores et déjà permis d’apporter de nombreuses données originales sur une population hautement vulnérable et peu étudiée en Afrique de l’Ouest. Il a permis de montrer la faisabilité et l’intérêt du dépistage trimestriel du VIH (et des conseils de prévention qui l’accompagnent), de la PrEP et de l’initiation rapide du traitement antirétroviral chez les HSH en Afrique. Ces connaissances scientifiques ont notamment permis de faciliter l’intégration de la PrEP dans les programmes nationaux de lutte contre le VIH/sida des quatre pays de mise en œuvre de CohMSM et dans leurs demandes de financement au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme afin qu’elle soit accessible à un plus grand nombre de HSH. CohMSM a également permis de renforcer les compétences et les capacités des associations partenaires africaines qui assurent l’essentiel de la prévention et de la prise en charge chez les HSH dans leurs pays. Ces acteurs communautaires ont ainsi pu développer un leadership pour la lutte contre le VIH/sida dans cette population.


 

1. Equipes partenaires du programme CohMSM :

–    Unité mixte de recherche TransVIHMI (IRD, Inserm et Université de Montpellier)

–    Unité mixte de recherche SESSTIM (IRD, Inserm et Université Aix-Marseille)

–    Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (Belgique)

–    Association Coalition PLUS (Pantin)

–    Association African Solidarité (Ouagadougou, Burkina Faso)

–    Association Espace Confiance (Abidjan, Côte d’Ivoire)

–    Association ARCAD Santé PLUS (Bamako, Mali)

–    Association Espoir Vie Togo et laboratoire BIOLIM de l’Université de Lomé (Lomé, Togo).

2. Les associations africaines partenaires de CohMSM sont toutes des pionnières dans la lutte contre le VIH/sida. Elles mènent en outre des activités de prévention, de dépistage et de prise en charge ciblées sur les HSH depuis de nombreuses années en collaboration avec les programmes nationaux de lutte contre le VIH/sida (depuis 2004 pour Espace Confiance, 2006 pour ARCAD Santé PLUS et 2008 pour Association African Solidarité et Espoir Vie Togo). Outre les équipes médicales, toutes ces associations impliquent activement des HSH dans la réalisation de ces activités. Ces HSH jouent un rôle majeur dans l’information et la mobilisation de leurs pairs ainsi que dans le recrutement, l’accueil, l’orientation et le suivi des participants de CohMSM. Ils animent également des Conseils communautaires composés de membres de la communauté HSH locale qui offrent un espace d’expression, de partage et de communication entre les bénéficiaires, les prestataires de soins et les équipes africaines et européennes de CohMSM.


Contact presse :

Département de communication et d’information scientifique de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes : 

information@anrs.fr