Cancer du foie et virus de l’hépatite C …

Publié le 20 novembre 2018

Cancer du foie et virus de l’hépatite C : intérêt de maintenir dans des programmes de dépistage les patients cirrhotiques guéris de l’infection virale par interféron ou antiviraux directsliver cancer and hepatitis C virus to maintain interest in screening programs cirrhotic patients cured of the virus infection with interferon or antiviral direct


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Le Pr Pierre Nahon, du service d’Hépatologie de l’hôpital Jean-Verdier, AP-HP et le Pr Etienne Audureau du service de Santé Publique de l’hôpital Henri-Mondor, AP-HP avec l’Université Paris 13, l’Inserm et Sorbonne Paris Cité, ont rapporté les résultats d’une étude prospective observationnelle réalisée au sein de la cohorte ANRS CO12 CirVir. Cette dernière décrit l’évolution de patients atteints de cirrhose compensée liée aux infections par le virus de l’hépatite C, inscrits dans des programmes de dépistage du cancer du foie ou carcinome hépatocellulaire (CHC) et traités par interféron avant 2014 ou antiviraux directs (AVD) depuis cette date. Les résultats, publiés dans la revue Gastroenterology en novembre 2018, montrent que si le risque de cancer du foie est fortement diminué après éradication virale chez ces malades, il persiste néanmoins et justifie de maintenir les patients avec cirrhose virale C guérie dans des programmes de dépistage. Cette étude confirme également les bénéfices de la guérison virologique sur le risque de cancérisation hépatique quel que soit le type de traitement antiviral.

Professor Pierre Nahon, the Hepatology Service of Hospital Jean Verdier, AP-HP and Professor Etienne Audureau the Public Health Service of the Henri Mondor Hospital, AP-HP with the University Paris 13, the Inserm and Sorbonne Paris Cité, reported the results of a prospective observational study within the cohort ANRS CO12 CirVir. The latter describes the evolution of patients with compensated cirrhosis due to infection by the virus of hepatitis C, enrolled in liver cancer screening programs or hepatocellular carcinoma (HCC) treated with interferon before 2014 direct antivirals ( DSA) since. The findings, published in the journal Gastroenterology in November 2018, show that if the liver cancer risk is greatly reduced after viral eradication in these patients, it still persists and justified to keep patients with viral cirrhosis C cured in screening programs. This study also confirms the benefits of virologic cure the risk of hepatic carcinogenesis regardless of the type of antiviral treatment.


Les antiviraux directs (AVD) dirigés contre le virus de l’hépatite C (VHC) ont révolutionné la prise en charge des patients infectés depuis leur mise à disposition en 2014 en France. Assurant la guérison virologique chez près de 100% des patients aujourd’hui au prix de peu d’effets secondaires, leur bénéfice à long terme est encore inconnu. Le risque de cancer du foie ou carcinome hépatocellulaire (CHC) est la complication la plus redoutée chez ces patients lorsque le VHC a induit une cirrhose. Des données anciennes, obtenues avant l’ère des AVD lorsque les traitements à base d’interféron très contraignants ne permettaient de guérir que moins de 50% des patients, avaient suggéré une diminution du risque de CHC en cas d’éradication virologique. Par ailleurs, des rapports initiaux contradictoires associant des taux de cancers du foie paradoxalement élevés et la prise de ces AVD avaient semé le doute dans la communauté médicale.

La cohorte ANRS CO12 CirVir est la plus ancienne cohorte prospective de patients infectés par les virus des hépatites B et C soutenue par l’ANRS[1]. Entre Mars 2006 et Décembre 2012, 1 353 patients avec cirrhose, non compliquée et histologiquement prouvée ayant pour origine une infection par le virus de l’hépatite C ont été inclus dans 39 centres français. Tous ces patients ont été inscrits dans des programmes de dépistage du CHC comme cela est recommandé, avec réalisation d’une échographie du foie tous les 6 mois. Les patients ont été suivis jusqu’en décembre 2016, ce qui permet l’analyse avec un recul médian de plus de 5 ans.

Les chercheurs ont pu analyser l’incidence du CHC au cours des deux ères thérapeutiques successives (interféron puis AVD). Les analyses confirment que si le risque de cancer du foie est fortement diminué après éradication virale quel que soit le type de traitement (il est divisé par un facteur 4 environ), il persiste néanmoins et justifie de maintenir dans des programmes de dépistage les patients avec cirrhose virale C guérie. Les données de la cohorte CirVir rapportées dans cette étude ont par ailleurs permis d’apporter des réponses concernant le risque de cancer du foie sous AVD. Ce dernier n’est en effet pas augmenté par rapport à l’ère de l’interféron lorsqu’un certain nombre de facteurs confondants sont pris en compte dans les analyses. Ces résultats sont d’autant plus rassurants qu’ils ont été observés dans une cohorte prospective multicentrique suivie sur le long terme, ce qui a permis la réalisation d’analyses statistiques complexes et exhaustives au cours de différentes ères thérapeutiques.

La cohorte ANRS CO12 CirVir, de par son caractère longitudinal prospectif, a permis ces dernières années d’étudier les facteurs associés à la survenue des principales complications cliniques chez les patients avec cirrhose. Près d’une vingtaine de travaux basés sur les données recueillies prospectivement dans l’ensemble des services d’Hépatologie du territoire sur 10 ans ont été publiés dans des revues internationales et couvrent des champs aussi larges que le carcinome hépatocellulaire, les infections bactériennes, les cancers extra-hépatiques ou les pathologies cardio-vasculaires.

 

[1] La cohorte ANRS CO12 CirVir, cohorte prospective multicentrique de patients atteints de cirrhose virale B et/ou C non compliquée, a été initiée en 2006 et a inclus 1 822 patients. Le suivi des patients a pris fin en 2017 et une grande partie d’entre eux ont désormais été inclus dans la cohorte ANRS CO22 HEPATHER.

 

Source

Incidence of Hepatocellular Carcinoma After Direct Antiviral Therapy for HCV in Patients With Cirrhosis Included in Surveillance Programs

Short title: Liver cancer and DAAs

Pierre Nahon, Richard Layese, Valérie Bourcier, Carole Cagnot, Patrick Marcellin, Dominique Guyader, Stanislas Pol, Dominique Larrey, Victor De Lédinghen, Denis Ouzan, Fabien Zoulim, Dominique Roulot, Albert Tran, Jean-Pierre Bronowicki, Jean-Pierre Zarski, Ghassan Riachi, Paul Calès, Jean-Marie Péron, Laurent Alric, Marc Bourlière, Philippe Mathurin, Jean-Frédéric Blanc, Armand Abergel, Lawrence Serfaty, Ariane Mallat, Jean-Didier Grangé, Pierre Attali, Yannick Bacq, Claire Wartelle, Thông Dao, Dominique Thabut, Christophe Pilette, Christine Silvain, Christos Christidis, Eric Nguyen-Khac, Brigitte Bernard- Chabert, David Zucman, Vincent Di Martino, Angela Sutton, Françoise Roudot-Thoraval, Etienne Audureau for the ANRS CO12 CirVir group.

The direct antiviral (DSA) directed against hepatitis C virus (HCV) have revolutionized the treatment of infected patients since they are made available in 2014 in France. Ensuring virological cure in nearly 100% of patients today at the cost of few side effects, their long-term benefit is still unknown. liver cancer risk or hepatocellular carcinoma (HCC) is the most feared complication in these patients when HCV-induced cirrhosis. Old data obtained before the era of AVD when based on very restrictive interferon treatments allowed to cure that less than 50% of patients have suggested a decreased risk of HCC in case of viral eradication.

The cohort ANRS CO12 CirVir is the oldest prospective cohort of patients infected with the hepatitis B and C supported by the ANRS [1] . Between March 2006 and December 2012, 1353 patients with cirrhosis, uncomplicated and histologically proven originating infection with the hepatitis C virus were enrolled in 39 French centers. All these patients were enrolled in HCC screening programs as recommended, with conducting a liver ultrasound every 6 months. Patients were followed until December 2016, which allows the analysis with a median decline of more than 5 years.

The researchers were able to analyze the incidence of HCC in the two eras successive therapy (interferon and DSA). The analyzes confirm that if the liver cancer risk is greatly reduced after viral eradication regardless of the type of treatment (it is divided by a factor of about 4), it nevertheless persists and justifies maintaining in screening programs patients with viral cirrhosis C cured. Data from the CirVir cohort reported in this study were also allowed to provide answers about the risk of liver cancer in AVD. The latter is indeed not increased compared to interferon era when a number of confounding factors are taken into account in the analyzes.

The cohort ANRS CO12 CirVir, by its prospective longitudinal nature, has in recent years to study the factors associated with the occurrence of major clinical events in patients with cirrhosis. Nearly twenty works based on data collected prospectively in all Hepatology Services of the territory of 10 years have been published in international journals, covering fields as wide as hepatocellular carcinoma, bacterial infections, extrahepatic cancers and cardiovascular diseases.

(1) The cohort ANRS CO12 CirVir multicenter prospective cohort of patients with viral cirrhosis B and / or C uncomplicated, was initiated in 2006 and included 1822 patients. Patient follow-up was completed in 2017 and a large part of them have now been included in the cohort ANRS CO22 HEPATHER .

 

Source

Incidence of Hepatocellular Carcinoma After Direct Antiviral Therapy for HCV in Patients With Cirrhosis Included in Surveillance Programs

Short title: Liver cancer and DAAs

Pierre Nahon, Richard Layese, Valérie Bourcier, Carole Cagnot, Patrick Marcellin, Dominique Guyader, Stanislas Pol, Dominique Larrey, Victor De Lédinghen, Denis Ouzan, Fabien Zoulim, Dominique Roulot, Albert Tran, Jean-Pierre Bronowicki, Jean-Pierre Zarski, Ghassan Riachi, Paul Calès, Jean-Marie Péron, Laurent Alric, Marc Bourlière, Philippe Mathurin, Jean-Frédéric Blanc, Armand Abergel, Lawrence Serfaty, Ariane Mallat, Jean-Didier Grangé, Pierre Attali, Yannick Bacq, Claire Wartelle, Thông Dao, Dominique Thabut, Christophe Pilette, Christine Silvain, Christos Christidis, Eric Nguyen-Khac, Brigitte Bernard- Chabert, David Zucman, Vincent Di Martino, Angela Sutton, Françoise Roudot-Thoraval, Etienne Audureau for the ANRS CO12 CirVir group.


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À propos de l’AP-HP : L’AP-HP est un centre hospitalier universitaire, acteur majeur de la recherche clinique en France et en Europe mondialement reconnu. Ses 39 hôpitaux accueillent chaque année 8.3 millions de personnes malades : en consultation, en urgence, lors d’hospitalisations programmées ou en hospitalisation à domicile. Elle assure un service public de santé pour tous, 24h/24, et c’est pour elle à la fois un devoir et une fierté. L’AP-HP est le premier employeur d’Île-de-France : 100 000 personnes – médecins, chercheurs, paramédicaux, personnels administratifs et ouvriers – y travaillent. http://www.aphp.fr

About the AP-HP: AP-HP is a teaching hospital, a major clinical research in France and internationally recognized Europe. Its 39 hospitals attended each year 8.3 million sick people: consultation in emergency hospitalizations during scheduled or home hospitalization. It provides a public health service for all, 24/24, and that is it both a duty and pride. The AP-HP is the largest employer of Île-de-France: 100 000 people – doctors, researchers, paramedical, administrative staff and workers – work there. http://www.aphp.fr


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À propos de l’ANRS : L’ANRS est une agence de moyens et de coordination de la recherche sur le VIH/sida et les hépatites. L’ANRS a pour objet l’animation, l’évaluation, la coordination et le financement des programmes de recherche, quel que soit le domaine scientifique concerné (recherches fondamentale, clinique, en santé publique, sur le vaccin). L’ANRS fédère en France comme à l’étranger des chercheurs de toutes disciplines. Son budget annuel, environ 50 millions d’euros, lui est attribué en majorité par le ministère en charge de la recherche ainsi que par le ministère de la santé. Depuis 2012, l’ANRS est une agence autonome de l’Inserm. www.anrs.fr / @agenceANRS

About ANRS: The ANRS is a funding agency and coordinating research on HIV / AIDS and hepatitis. The ANRS is to animation, evaluation, coordination and funding of research programs, whatever the scientific field concerned (basic, clinical research, public health, the vaccine). The ANRS federates in France and abroad researchers from all disciplines. Its annual budget, around € 50 million is assigned mainly by the Ministry for Research and the Ministry of Health. Since 2012, the ANRS is an autonomous agency of Inserm. www.anrs.fr / @agenceANRS


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A propos de l’université Paris 13 : L’université Paris 13 est un pôle majeur d’enseignement et de recherche au nord de Paris. Implantée sur 5 campus (Argenteuil, Bobigny, la Plaine Saint-Denis, Saint-Denis et Villetaneuse) et pluridisciplinaire, elle accueille plus de 23 000 étudiants, en formation initiale ou continue, dans tous les domaines : Santé, Médecine et Biologie humaine – Lettres, Langues, Sciences Humaines et des Sociétés – Droit, Sciences politiques et sociales – Sciences de la communication – Sciences économiques et de gestion. Elle comprend 5 UFR, un institut (l’institut Galilée), 3 IUT, un Département d’activités physiques et sportives et compte pas moins de 29 laboratoires. L’université Paris 13 met en résonnance la recherche, la formation et l’international avec une exigence d’excellence, comme en témoignent les Labex, Equipex, plateformes technologiques et structures fédératives dont elle dispose.

About the University of Paris 13: Université Paris 13 is a major center of teaching and research in northern Paris. Established on 5 campuses (Argenteuil, Bobigny, La Plaine Saint-Denis, Saint-Denis and Villetaneuse) and multidisciplinary, it hosts more than 23,000 students in initial or continuing training in all areas: Health, Medicine and Human Biology – Literature, Languages, Humanities and Companies – Law, political and social Sciences – communication Sciences – Economics and management. It includes 5 UFR, an institute (the Galilee Institute), 3 IUT, a department of sport and physical activity and no fewer than 29 laboratories. Université Paris 13 puts resonance research, training and international with a demand for excellence, as evidenced by the Labex Equipex.


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