Hépatite C chez les usagers de drogues : moindre accès aux traitements antiviraux pour les femmes

Publié le 29 mai 2019

fond_blanc_avec_marges

L’utilisation de drogues par injection s’accompagne d’un risque de transmission de pathogènes, notamment le virus de l’hépatite C (VHC). En France, les usagers de drogues constituent le principal groupe à risque de transmission du VHC, et une population-clé pour l’élimination de l’hépatite C. Alors que les nouveaux traitements contre l’hépatite C (antiviraux à action directe, AAD) permettent de guérir la quasi-totalité des personnes traitées, Benjamin Rolland, psychiatre addictologue (Service Universitaire d’Addictologie de Lyon, Le Vinatier), Patrizia Carrieri et Fabienne Marcellin toutes deux chercheuses Inserm  au sein du « Laboratoire Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale » (Aix-Marseille Université/Inserm/IRD) s’intéressent à l’accès aux traitements de l’hépatite C en France chez les usagers de drogues, en particulier opioïdes. A cette fin, ils ont analysé les données de remboursement de soins de la base nationale de l’Assurance Maladie (SNIIRAM) pour plus de 27000 personnes avec une hépatite C chronique au sein des quelque 200 000 sujets français recevant des traitements de substitution aux opioïdes (projet ANRS Fantasio dont Benjamin Rolland est le coordinateur.). La présente étude, publiée en ligne le 22 mai 2019 dans l’International Journal of Drug Policy, montre que, même aujourd’hui avec les stratégies de traitement universel contre l’hépatite C, les femmes ont significativement moins accès à un traitement que les hommes.


Le projet de recherche ANRS Fantasio s’intéresse aux disparités d’accès aux traitements contre le virus de l’hépatite C (VHC) chez les utilisateurs de drogues, population particulièrement vulnérable à ce virus.

 

La présente étude a exploré des éventuelles différences d’accès entre hommes et femmes contaminés par l’hépatite C par injection de drogues. Ce travail a porté sur plus de 27000 personnes souffrant d’hépatite C chronique (dont 21% de femmes), vivant en France et ayant eu recours à un traitement contre la dépendance aux opiacés (méthadone ou buprénorphine) au moins une fois entre 2012 et 2016. Sur cette durée, 71% des personnes suivies dans l’étude n’ont pas eu de délivrance de traitement contre le VHC, 17% ont reçu des antiviraux à action directe (AAD), et 12% uniquement des traitements antérieurs à base d’interféron. Les chercheurs montrent que, malgré une amélioration nette de l’accès aux traitements de l’hépatite C à partir de l’arrivée des AAD sur le marché en 2014, les femmes usagères de drogues restent 28% moins traitées pour l’hépatite C que les hommes.

 

L’étude met en avant le fait que dans cette population, les femmes sont plus jeunes que les hommes et bénéficient plus souvent de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-c), un facteur associé à un accès moindre aux traitements VHC chez les femmes comme chez les hommes.

 

« La mise en place récente du modèle simplifié de traitement de l’hépatite C avec l’autorisation pour les généralistes de prescrire des AAD en cas d’hépatite C chronique depuis le 20 mai 2019 devrait faciliter l’accès aux antiviraux et réduire l’écart de traitement entre hommes et femmes » concluent les chercheurs qui ajoutent qu’« une meilleure compréhension des obstacles au traitement contre le VHC pour les femmes restent une priorité ».

 

 

 

Source :

Lower HCV treatment uptake in women who have received opioid agonist therapy before and during the DAA era: the ANRS FANTASIO project, International Journal of Drug Policy, DATE

Teresa ROJAS ROJASa,b, Vincent DI BEOa,b, Jessica DELORMEc, Tangui BARREa,b, Philippe MATHURINd, Camelia PROTOPOPESCUa,b, François BAILLYe, Marion COSTEa,b, Nicolas AUTHIERc, Maria Patrizia CARRIERIa,b*, Benjamin ROLLANDf, Fabienne MARCELLINa,b

a Aix Marseille Univ, INSERM, IRD, SESSTIM, Sciences Économiques & Sociales de la Santé & Traitement de l’Information Médicale, Marseille, France

b ORS PACA, Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille, France

c Université Clermont Auvergne, CHU Clermont-Ferrand, Inserm 1107, Neuro-Dol, Service de Pharmacologie médicale, Centres Addictovigilance et Pharmacovigilance, Clermont-Ferrand, France

d Université Lille, Inserm, CHU Lille, U995 – LIRIC – Lille Inflammation Research International Center, Lille, France; Service des Maladies de l’Appareil Digestif et de la Nutrition, Hôpital Huriez, CHRU Lille, Lille, France

e Service d’hépatologie et d’addictologie, Groupe Hospitalier Nord, Lyon, France

f Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL), CH Le Vinatier, Université de Lyon, UCBL, 69500, Bron, France

 

DOI : doi.org/10.1016/j.drugpo.2019.05.013

 

î Contact scientifique

Patrizia Carrieri

04 13 73 22 81- patrizia.carrieri@inserm.fr

 

î Contacts presse ANRS :

Séverine Ciancia

01 53 94 60 30 – information@anrs.fr

 

Marc Fournet

01 53 94 80 63 – information@anrs.fr


Téléchargez le communiqué de presse