Séroprévalence du VHB et du VHC au Burkina Faso

Séroprévalence du VHB et du VHC au Burkina Faso

Publié le 26 novembre 2018

illustration : centre Muraz, Burkina Faso

Les hépatites virales à virus B et C sont un fléau de santé publique au niveau mondial. L’OMS estime que, dans le monde, plus de 250 millions de personnes vivent avec une infection chronique au virus de l’hépatite B et plus de 70 millions au virus de l’hépatite C. Evaluer et contrôler ces épidémies à l’échelle d’un pays nécessite la connaissance solide de leur épidémiologie et de leurs déterminants.

Dans ce but, une équipe de recherche soutenue par l’ANRS alliant, au Burkina Faso, des chercheurs, du centre MURAZ, de l’Institut National des Statistiques et de la Démographie et du Centre National de Transfusion Sanguine et, à Montpellier, de l’Unité Mixte de Recherche 1058, a réalisé une analyse précise de la prévalence des hépatites virale B (VHB) et C (VHC) au Burkina Faso. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé de Novembre 2018.

Les chercheurs se sont appuyés sur des données et des échantillons sanguins récoltés en 2011 lors de l’enquête « démographique et santé » menée dans le cadre et avec l’appui du programme mondial MEASURE DHS. Ce programme, mené dans plusieurs pays, collecte et diffuse, des données démographiques et de santé, représentatives de la population.

Lors de l’enquête Burkinabé de 2011, des échantillons sanguins sur papier buvard avaient été réalisés afin d’établir la prévalence de l’infection par le VIH dans le pays. Ces 15 000 prélèvements étaient conservés au Centre National de Transfusion Sanguine du Burkina Faso permettant aux chercheurs de réaliser des tests sérologiques des infections au VHB et au VHC.

Le croisement des résultats sérologiques aux données démographiques de l’enquête DHS détermine une prévalence nationale de 9.1% pour le VHB et de 3.6% pour l’hépatite C au Burkina Faso. L’analyse révèle aussi que cette prévalence élevée du VHB l’est de manière uniforme dans le pays. A l’inverse, la prévalence du VHC varie selon le sexe, l’âge des individus, leur niveau d’éducation et de revenu, l’ethnie à laquelle ils appartiennent, le statut sérologique de leur partenaire, le secteur, rural ou urbain, et surtout la région du Burkina Faso où ils vivent. La mise en évidence de disparités significatives de prévalence entre régions, jamais observées auparavant, est un des apports de l’étude. Ainsi, la région sud-ouest du Burkina Faso présente une très forte prévalence d’infection par le VHC (13.2%) et ce, particulièrement chez les jeunes de 15 à 20 ans (12.9%) signe d’un foyer infectieux actif.

Les résultats de cette étude soulèvent deux questions : celle des déterminants de l’infection par le VHC dans la région Sud-Ouest du Burkina et celle des modalités d’action et de prise en charge du VHC. Pour tenter d’y répondre, une nouvelle étude financée par l’ANRS devrait débuter prochainement.

 

Source :

Hepatitis B and C virus seroprevalence, Burkina Faso: a cross-sectional study

Nicolas Meda, Edouard Tuaillon, Dramane Kania, Adama Tiendrebeogo, Amandine Pisoni, Sylvie Zida, Karine Bollore, Isaïe Medah, Didier Laureillard, Jean Pierre Moles, Nicolas Nagot, Koumpingnin Yacouba Nebie, Philippe Van de Perre & Pierre Dujols