La perte soudaine de l’odorat est un symptôme courant associé à la COVID-19, et l’infection du système olfactif par le SRAS-CoV-2 a été rapportée. La plupart des patients atteints de COVID-19 récupèrent leur fonction olfactive en quelques semaines. Cependant, une minorité significative d’individus infectés (1 sur 5), souffre encore de troubles olfactifs plusieurs mois après la primo-infection. Nous avons montré que le virus (ou l’inflammation) du SRAS-CoV-2 pouvait persister chez les patients, plusieurs mois après leur épisode initial d’infection. La COVID-19 est parfois associée à un état dépressif et à des plaintes cognitives. Un suivi à 3 mois de 120 patients a rapporté une diminution des performances cognitives persistant dans 15% des cas. En utilisant la TEP, il est possible de corréler cette dysfonction cognitive avec un hypométabolisme de certaines régions cérébrales, dont les régions olfactives.
Nous proposons d’évaluer pendant un an, la dynamique des capacités olfactives de patients souffrant de troubles persistants de l’odorat pendant 12 mois après COVID-19. Nous chercherons à savoir si les troubles olfactifs persistants dépendent d’altérations du système olfactif périphérique (dues à la persistance virale locale et/ou à l’inflammation chronique), et/ou du système nerveux central.
Cette étude constitue une base pour le développement d’études visant à évaluer les risques cliniques neurologiques et/ou psychiatriques associés à la forme chronique des troubles de l’odorat dans la COVID-19. Voici les principaux objectifs :
1- Confirmer la présence du SARS-CoV-2 dans les tissus olfactifs, et évaluer les dommages tissulaires, au moins 12 mois après l’infection initiale.
2- Identifier si les troubles olfactifs persistants dans les cas de long-COVID proviennent d’une atteinte du système périphérique ou central grâce aux résultats des évaluations olfactives des participants (auto-évaluation, sniffing’ stick tests, IRM du tissu olfactif avec tractographie, et OEPs).
3- Décrire l’évolution des symptômes cognitifs et olfactifs entre 12 et 24 mois après l’infection initiale par le SRAS-CoV-2, en comparant les performances olfactives et cognitives des patients à l’entrée et à la fin de l’étude.
Un groupe de 30 participants présentant des troubles olfactifs persistants post-infection par le SRAS-CoV-2 pendant 12 mois sera recruté à l’hôpital Lariboisière. Les participants seront suivis pendant un an en subissant deux visites, V0 et V1, à 12 mois d’intervalle. A chaque visite, les capacités sensorielles olfactives et les performances neuropsychiatriques (y compris cognitives) seront évaluées.
Afin de déterminer l’origine périphérique ou centrale des troubles olfactifs persistants, nous évaluerons les performances olfactives à l’aide d’un test standard. Les potentiels évoqués olfactifs déclenchés par une brève présentation de stimuli odorants permettront d’évaluer fonctionnellement la présence d’un signal. Enfin, nous prélèverons des échantillons de tissu olfactif par brossage de la cavité nasale.
Pour confirmer l’atteinte centrale chez les patients COVID souffrant de troubles olfactifs post-infectieux persistants, les capacités neuropsychiatriques seront évaluées. Un échantillon de sang des patients COVID sera prélevé pour étudier la présence d’inflammation (CRP, Cytokine 3-PlexA IL-6, IL-10, TNF-alpha). Une mesure des performances cognitives des patients par évaluation neuropsychologique sera pratiquée sur chaque participant : MOCA (dépistage des troubles cognitifs), BREF (dépistage du syndrome frontal), CVLT (apprentissage et mémoire verbale), WAIS IV (vitesse de traitement, mémoire de travail), MEM III (subtest de mémoire spatiale), Trail Making Test A et B (TMT), tests de fluidité verbale, PASAT, Test d’évaluation de l’attention, Benton’s Line Judgment, VOSP (lettres inachevées), évaluation de l’état psychologique, fatigue et dépistage des comorbidités psychiatriques : Échelles de dépression et d’anxiété (échelle HAD, échelle de dépression mADRS, échelle d’anxiété STAI), échelle de gravité de la fatigue. Ces tests devraient permettre de détecter toute atteinte psychiatrique.