Conditions d’acceptabilité et de faisabilité d’un traitement innovant de l’infection à VIH par voie injectable et à action prolongée, au Sénégal
(TIVIH— Traitements injectables VIH au Sénégal)
L’utilisation de traitements antirétroviraux (ARV) constitue un outil majeur pour contrôler l’épidémie de l’infection à VIH. L’impact de ces traitements à vie peut toutefois être limité par un défaut d’observance. Afin de diversifier ces traitements, de nombreuses stratégies sont actuellement en cours d’évaluation, parmi lesquelles : les traitements ARV par voie injectable et à action prolongée.
Des données probantes issues d’essais cliniques permettent d’envisager un traitement à longue durée d’action, administré par voie injectable toutes les quatre ou huit semaines, pour traiter l’infection à VIH. Les rares études sur l’acceptabilité de ces traitements du point de vue des utilisateurs rapportent des résultats contrastés, attestant néanmoins d’une forte acceptabilité. Ces résultats sont issus de travaux exclusivement réalisés dans les pays du Nord. A ce jour, ni l’efficacité, ni la tolérance, ni la faisabilité, ni l’acceptabilité de ce type de traitement n’ont été étudiées dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, pays largement touchés par l’épidémie de VIH. Dans ce contexte et dans un objectif d’accès universel aux traitements ARV et d’équité, un projet d’essai thérapeutique multicentrique visant à évaluer l’acceptabilité, l’efficacité et la tolérance de ces traitements en Afrique de l’Ouest et du Centre est actuellement à l’étude. La réalisation d’un essai thérapeutique suscite cependant des interrogations : un tel essai est-il pertinent ? Quels sont les conditions et défis de sa mise en œuvre ? Comment utiliser ces traitements, auprès de qui, dans quelles conditions ? Comment les traitements par injection peuvent-ils être perçus par les Personnes Vivant avec le VIH et les professionnels de santé ? Ces questions constituent un préalable indispensable à la mise en œuvre de ces traitements à plus large échelle et à l’élaboration d’un essai clinique.
Dans cette perspective, nous proposons dans le cadre d’un contrat d’initiation, une étude exploratoire visant à déterminer les conditions d’acceptabilité et de faisabilité d’un traitement antirétroviral à action prolongée administré par voie injectable en traitement de l’infection à VIH, à Dakar au Sénégal. Il s’agira plus spécifiquement de (a) Recueillir et analyser les points de vue des PVVIH sur ces traitements, leurs intérêts, leurs perceptions, leurs appréhensions et les significations a priori de ces traitements par voie injectable à action prolongée, en comparaison aux médicaments ARV par voie orale ; (b) Identifier la demande, les attentes des PVVIH relatives au traitement par injection ainsi que les conditions de son administration ; (c) Mettre en évidence les profils socio-démographiques, biographiques et médicaux des PVVIH qui pourraient être concernées par ces traitements ; (d) Mettre en évidence les discours, attentes, appréhensions et perspectives des professionnels de santé, acteurs associatifs et responsables institutionnel sur ces traitements ARV par injection et la mise en place d’un essai ; (e) Identifier les enjeux et les contraintes de l’introduction des traitements par injection et de la mise en œuvre d’un essai.
Pour ce faire, une étude qualitative est proposée à Dakar au Sénégal, par entretiens semi-directifs auprès de PVVIH sous ARV suivies dans deux services hospitaliers, de soignants, acteurs associatifs et responsables institutionnels impliqués dans la lutte contre le VIH au Sénégal.
Cette étude exploratoire permettra de (1) Fournir des recommandations sur l’utilisation pratique des injections ; (2) Analyser la pertinence et la faisabilité de la mise en place d’un essai clinique évaluant l’acceptabilité, l’efficacité et la tolérance d’un traitement antirétroviral par voie injectable à action prolongée ; (3) Identifier les questions de recherche en sciences sociales qui se poseraient en parallèle à la mise en œuvre de ces essais, et établir les collaborations entre équipes médicales et chercheurs en sciences sociales.
Demandeur
TAVERNE Bernard / NDIAYE Bara
Type de financement
Contrat d'initiation