Contexte. En France, les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (HSH) nés à l’étranger représentent le groupe avec la plus forte incidence et la plus forte prévalence d’infections non diagnostiquées par le VIH. Près de 50% d’entre eux vivent en Ile-de-France. De récentes données européennes, n’incluant pas la France, montrent que ce groupe est celui au sein duquel la proportion d’infections par le VIH acquises après la migration en Europe est la plus forte.
Objectifs. 1) Estimer les taux d’acquisition du VIH post-migration parmi les HSH nés à l’étranger, séropositifs pour le VIH et suivis en Ile-de-France, et chercher des associations avec les facteurs (contextuels et individuels) pouvant expliquer un risque d’exposition au VIH ; 2) Estimer dans quel délai après l’arrivée en France survient l’infection, pour ceux qui ont été infectés en France ; 3) Identifier les motivations et les parcours de migration dans le contexte global du pays d’origine ; 4) Déterminer les facteurs de vulnérabilité au regard de l’infection à VIH, incluant les inégalités sociales de santé, dans le pays d’origine, au cours du parcours migratoire et en France ; 5) Décrire les éventuels contacts avec le soin avant le diagnostic du VIH et le contexte du diagnostic avec le VIH.
Méthodes. Étude francilienne, multicentrique, réalisée sur une durée totale de 24 mois. L’enquête est fondée sur l’auto-remplissage d’un questionnaire, construit après une phase exploratoire qualitative (cette phase exploratoire, en cours, consiste en la réalisation d’une vingtaine d’entretiens individuels auprès d’HSH nés à l’étranger et vivant avec le VIH). Critères d’inclusion : hommes cisgenres majeurs déclarant avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes, infectés par le VIH, nés dans un autre pays que la France et arrivés en France à l’âge de 15 ans au plus tôt, suivis en Ile-de-France. Nombre de sujets prévus : 1500 inclus pour 1200 questionnaires analysables.
Procédures. Constitution d’un échantillon représentatif d’HSH séropositifs pour le VIH nés à l’étranger par tirage recrutés dans les 15 centres de prise en charge du VIH avec les files actives les plus importantes d’Ile-de-France. Le questionnaire permettra de collecter les données nécessaires au calcul du taux d’acquisition du VIH post-migration et d’explorer les facteurs contextuels (niveau économique du pays, efficacité de son système de soins, prévalence du VIH dans la zone concernée, statut légal et degré de tolérance sociale de l’homosexualité) et individuels (multipartenariat, sexe non protégé, consommation de drogues, prostitution, modes de sociabilité gay, réseaux sexuels) de surexposition au VIH.
Enjeux. Une meilleure compréhension des facteurs de vulnérabilité associés à l’acquisition du VIH post-migration devrait permettre d’adapter les stratégies de prévention et de dépistage parmi les HSH nés à l’étranger vivant en France, et à terme de réduire l’incidence du VIH et la morbi-mortalité liée au VIH dans ce groupe.