L’incidence du cancer anal est en forte augmentation depuis qu’elle est passée de 1,5 à 6 cas pour 100000 habitants, principalement dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et séropositifs. Le VIH présente un sur-risque évalué de 20 à 100 fois supérieur à celui de la population générale. Le carcinome épidermoïde de l’anus (CA) est ainsi devenu le troisième cancer chez l’homme infecté par le VIH. Il est secondaire à une infection par le papillomavirus humain (HPV). Les génotypes à haut risque oncogénique (HR-HPV, type 16 et 18), sont responsables de la dysplasie anale et du cancer. L’incidence de l’infection au HPV varie selon le sexe, l’âge, le nombre de partenaires sexuels, la pratique des rapports anaux et l’immunosuppression. Cette infection est plus fréquente chez les HSH avec ou sans infection par le VIH.
Les marqueurs associés à l’évolution de ces lésions dysplasiques vers des lésions cancéreuses sont relativement bien décrits dans la carcinogénèse du col de l’utérus. Au contraire, à ce jour, l’évolution de ces marqueurs est peu décrite pour la carcinogénèse anale et uniquement dans des études transversales. Ainsi, il est nécessaire d’acquérir des connaissances dans la physiopathologie de l’infection à HPV au niveau du canal anal afin de pouvoir identifier les patients porteurs de lésions dysplasiques anales qui seraient à risque élevé de progression vers le cancer.
L’objectif de ce projet est d’étudier les marqueurs de l’évolution des lésions dysplasiques anales (méthylation de l’ADN et intégration de l’ADN HPV dans le génome humain) dans le cadre d’une étude ancillaire chez les patients infectés par HPV issus de la cohorte Nationale des patients ayant des lésions anales dysplasiques de haut grade, dite « Cohorte AIN3 ». Les inclusions dans la Cohorte AIN3 ont été stoppées en Juin 2020. Au total, 977 sujets ont été inclus dans 28 centres sur l’ensemble du territoire national, avec un âge médian de 49 ans, dont 56% d’hommes et 390 (40%) personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Le suivi médian est de 42,8 mois (IQR = 40.0-45.1). Nous observons à ce jour 54 sujets avec un carcinome épidermoïde de l’anus.
L’objectif principal de ce projet est d’étudier l’association possible entre le niveau de méthylation de l’ADN mesuré dans le frottis anal à l’inclusion dans la cohorte AIN3 avec l’évolution clinique à 3 ans.
Les objectifs secondaires sont :
– Décrire le niveau de méthylation de l’ADN en fonction du stade des lésions cytologiques et son évolution entre deux frottis anaux du même patient recueillis à 1 an d’intervalle pour lesquels une aggravation des lésions cytologiques est survenue ;
– Décrire la proportion de patients, parmi ceux avec un matériel histologique disponible, chez lesquels le génome HPV est présent sous forme intégrée dans le génome humain ;
– Décrire l’évolution longitudinale du niveau de méthylation de l’ADN et du statut de l’intégration de l’ADN HPV dans le génome humain chez les patients ayant développé un cancer ;
– Décrire la localisation génomique des sites d’intégration du génome HPV dans le génome humain.
Les analyses du niveau de méthylation de l’ADN se feront par PCR en temps réel. Pour mettre en évidence les évènements d’intégration du génome HPV dans le génome humain nous allons utiliser une technologie de capture des génomes HPV suivie d’un séquençage haut débit (Capture-NGS).
Cette étude fournira, dans le cadre de la cancérogenèse anale liée à l’HPV, la première description conjointe dans une étude longitudinale de deux marqueurs d’évolution des lésions dysplasiques : le niveau de méthylation de l’ADN et l’intégration du génome viral dans le génome humain. Notre projet fournira de nouvelles données en cancérogenèse anale et l’identification de biomarqueurs innovants potentiels prédisant la progression d’une lésion dysplasique anale. Les résultats de cette recherche translationnelle aideront à la prise en charge d’une lésion anale de haut grade, procédure qui pourrait être évaluée dans d’autres études cliniques. Le processus de carcinogénèse anale due à HPV reste encore mal connu ce jour.
Demandeur
CHARPENTIER Charlotte (bichat)
Type de financement
Projet de recherche