Ce 20 août célèbre la découverte par le Dr Ross en 1897 de la responsabilité des moustiques femelles dans la transmission du paludisme chez l’humain. C’est surtout l’occasion de sensibiliser la population aux risques sanitaires liés aux moustiques et aux maladies dont ils sont le vecteur, comme le chikungunya dont plusieurs cas sont survenus en France hexagonale cet été 2025
Dernière mise à jour le 20 août 2025
Comme chaque année, le but de cette journée est de sensibiliser le public aux maladies transmises par les moustiques et à aux efforts déployés pour les éradiquer. Cette année a été particulièrement marquée par la menace précoce des arboviroses en France hexagonale.
Il existe plus de 3 000 espèces de moustiques, mais seules trois sont responsables de la transmission de maladies virales et parasitaires à l’être humain : les moustiques Aedes, les moustiques Anopheles et les moustiques Culex.1,2
Dengue, Chikungunya, Zika et fièvre jaune sont des arboviroses dont la transmission est assurée par ces moustiques vecteurs :2,3
Le changement climatique, le développement des échanges et l’augmentation des circulations humaines favorisent l’apparition des arboviroses. Leur aire de distribution et celle de leurs vecteurs tendent désormais à s’étendre au-delà de leurs limites naturelles et à gagner de nouvelles régions épargnées jusqu’alors.3,4
Introduit en France hexagonale en 2004, Aedes albopictus, ou « moustique tigre », continue de coloniser le territoire.5,6
De 78 départements au 1er janvier 2024, il s’est implanté durablement dans 81 départements (sur 96) début 2025, soit 84 % des départements métropolitains.6
Plus des trois quarts des départements ont été colonisés en moins de 20 ans.7
2025 est marquée par une circulation active précoce de certains arbovirus.
Ceci se traduit, entre le 1er mai, début de la surveillance renforcée, et le 12 août 2025, par l’identification de 914 cas importés de chikungunya, 746 de dengue et 4 de Zika.8 Le bilan de 2024 faisait état de 4 683 cas importés de dengue, 34 cas importés de chikungunya et 8 cas importés de Zika.9
Cependant, l’année 2025 se caractérise surtout par une intensification du nombre de cas autochtones de chikungunya avec 115 cas déclarés à ce jour ̶ un seul avait été identifié en 2024. Le nombre de cas autochtones de dengue s’élève pour l’instant à 11 contre 83 au terme de 2024.
On note également, pour la première fois en France hexagonale, l’apparition de sept cas autochtones de fièvre du Nil occidental.8,9
Les cas autochtones de chikungunya se retrouvent principalement dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, déjà affectées les années précédentes, et pour la première fois en Grand Est, Nouvelle Aquitaine et Bourgogne-Franche-Comté.8
Il n’y a pas aujourd’hui d’épidémie de dengue, de chikungunya ou de Zika en France métropolitaine mais la dengue circule activement en Guadeloupe et La Réunion a fait face à une épidémie majeure de chikungunia.10 Entre 2010 et 2024, aucun cas n’avait été détecté sur l’île de La Réunion. Depuis le début de l’année 2025, on a enregistré près de 54 340 cas autochtones confirmés de chikungunya. La fin de l’épidémie a été déclaré le 24 juin 2025 par les autorités de santé.11
En métropole, la majorité des cas signalés demeurent des cas importés.10
En 2024, l’Anses émettait un avis selon lequel le risque d’apparition d’une épidémie d’arbovirose en France hexagonale à cinq ans était très élevé, estimé entre 6 et 7 sur une échelle de 0 à 9. Selon les experts, les deux facteurs qui interviennent en période d’activité d’Aedes albopictus et qui sont déterminants dans la survenue d’une épidémie sont les très forts flux de voyageurs, qui facilitent la circulation virale et la circulation des vecteurs, et les conditions climatiques favorables.7
Arbo-France, placé sous l’égide de l’ANRS MIE, est un réseau français d’étude des arboviroses dont l’objectif est de faciliter la préparation et la réponse aux épidémies d’arbovirus humains et animaux en métropole et dans les territoires ultra-marins.
Cette année, les Journées scientifiques d’Arbo-France ont été consacrées aux stratégies d’utilisation des méthodes alternatives de lutte antivectorielle (LAV) contre les arbovirus.
En novembre 2024, Arbo-France a proposé un Scénario d’émergence de la Fièvre jaune aux Antilles pour servir de base à l’amélioration de la préparation et de la réponse de la recherche française à une émergence arbovirale.
Ce consortium s’articule autour d’équipes médicales et scientifiques françaises de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion, la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et la France hexagonale. Il a pour but d’identifier de nouveaux biomarqueurs pronostiques de formes graves de la dengue à partir de la cohorte CARBO. Il est financé dans le cadre du Programme et Équipements Prioritaires de Recherche Maladies Infectieuses Émergentes (PEPR MIE).
Ce projet, étroitement lié à LSDengue, s’appuie sur la collecte de génome du virus de la Dengue (DENV) circulant dans l’aire de répartition des territoires ultra-marins et métropolitains français et a pour objectif d’identifier les déterminants génétiques du virus impliqués dans la gravité de la maladie. Ce projet est financé par MSDavenir.
Cet appel vise à soutenir des projets de recherche collaboratifs entre une équipe française et une équipe issue d’un pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), autour des enjeux globaux liés aux maladies infectieuses émergentes, parmi lesquelles les arboviroses. Il promeut une approche intégrée, mobilisant des recherches fondamentales, translationnelles, cliniques, en santé publique et en sciences humaines et sociales.
Ainsi, l’un des projets soutenu lors de l’AAP Émergences PRFI 2024 a pour but d’anticiper l’émergence de maladies transmises par les Culex dans le bassin méditerranéen. Cela passera par une amélioration des connaissances sur la dynamique de circulation et de transmission des arbovirus transmis par ces moustiques.