Les virus responsables du SIDA, HIV-1 et HIV-2, ont développé des protéines dîtes auxiliaires afin d’échapper aux défenses immunitaires de l’hôte. Ces protéines virales inactivent les facteurs de restriction qui inhibent la réplication virale. Ainsi, Vpx, qui appartient à la lignée lentivirale HIV-2/SIVsmm, augmente l’infection virale en induisant la dégradation du facteur cellulaire SAMHD1. La dégradation de SAMHD1 ne permet pas d’expliquer l’ensemble des phénotypes associés à Vpx, ce qui nous a conduit à rechercher de nouvelles protéines cellulaires ciblées par cette protéine virale Vpx. Suite à un crible protéomique, nous avons identifié le complexe HUSH en tant que nouvelle cible de Vpx, un complexe composé des protéines Tasor, MPP8 et periphilin, et qui est impliqué dans la répression épigénétique de transgènes. Nos résultats montrent une diminution de l’expression de HUSH dans les cellules primaires et dans les cellules infectées par un virus HIV-2 qui exprime Vpx. Vpx interagit avec HUSH et induit sa dégradation par le protéasome, via le recrutement d’une ubiquitine ligase assemblée par DCAF1. De ce fait, Vpx est capable de réactiver des virus latents dans un modèle de latence, contrairement à des mutants de Vpx incapables d’assurer la dégradation de HUSH. De plus, nous avons montré que la fonction d’antagonisme de HUSH est spécifique de protéines virales issues de certaines espèces de singe. L’ensemble de nos résultats révèle que HUSH est un facteur de restriction au même titre que SAMHD1, actif dans les cellules T primaires CD4+ et contrecarré par Vpx.
Notre hypothèse est donc que HUSH représente un facteur additionnel clé de la latence virale chez les individus infectés par les virus HIV. Le projet présenté vise à étudier le rôle de la restriction HUSH dans la pathogénèse chez le patient. Dans cette optique, trois axes sont proposés :
1- Identification d’un peptide ou molécule qui induirait la dégradation de HUSH.
Le but ultime de cet axe est de tester si l’inactivation de HUSH peut permettre de réactiver des virus latents présents dans les cellules de patients infectés. Malheureusement, l’outil « Vpx » ne permet pas d’aborder cette question car le simple fait de « transfecter » ou « transduire » des cellules les active et réveille les virus indépendamment de la présence de toute protéine virale. Ainsi, mimer l’activité de Vpx avec un peptide ou molécule pourrait constituer une alternative pour valider nos conclusions sur des échantillons cliniques.
2- Etude de protéines Vpx issues de patients HIV-2 à différents stades de la maladie afin d’établir une corrélation potentielle entre l’inactivation de HUSH et la pathogénèse.
Nous faisons l’hypothèse que l’évolution de la maladie chez des patients infectés par le virus HIV-2 pourrait dépendre (entre autres) de variations au niveau des séquences de Vpx qui auraient un impact sur la dégradation de HUSH.
3- Etude d’une corrélation potentielle entre l’activité de HUSH et la virémie chez les patients infectés par HIV-1 ou HIV-2.
Nous proposons d’étudier s’il existe une corrélation entre l’activité de HUSH, mesurée via l’expression des gènes cibles de HUSH (dont l’expression est favorisée si HUSH est inactivée) et les taux d’ARN viral plasmatique (rapportés aux charges d’ADN viral intégré).
Nous espérons que l’ensemble de nos résultats permettra de caractériser le rôle de la restriction HUSH chez les patients infectés.
Applicant
MARGOTTIN GOGUET Florence
Funding type
Projet de recherche