Malgré des décennies de progrès, le VIH continue d'infecter plus d'un million de personnes chaque année, et un vaccin reste insaisissable. Cependant, l'approbation récente du Lénacapavir (LEN), un injectable offrant six mois de protection avec une seule dose, apporte un nouvel espoir. Désigné comme la percée scientifique de l’année par le magazine Science, le succès du LEN découle de recherches fondamentales menées à une époque où la capside virale était considérée comme une cible thérapeutique inaccessible en raison de sa désintégration rapide après la fusion membranaire.
Notre laboratoire a été parmi les premiers à mettre en évidence le rôle de la capside du VIH dans l'import nucléaire, démontrant son interaction directe avec les nucléoporines (Di Nunzio et al., 2013) et sa capacité à pénétrer dans le noyau pour la transcription inverse (Rensen et al., 2021). Bien que le LEN représente une avancée thérapeutique majeure, son mécanisme d'action précis, en particulier aux doses physiologiques, reste mal compris. En nous appuyant sur notre expertise et des technologies d'imagerie avancées, nous étudierons les effets du LEN sur la stabilité de la capside, les étapes post-entrée nucléaire et la distribution des sites d'intégration. Nos recherches permettront également de mieux comprendre le rôle des HIV-MLOs contenant les cores viraux dans la persistance de l’infection. Ces compartiments nucléaires, qui concentrent les composants viraux et des facteurs cellulaires, pourraient être impliqués dans la latence et la réactivation. Afin d’approfondir ces mécanismes, nous comparerons ces processus entre le VIH-1 et le VIH-2. En élucidant comment le LEN affecte ces structures, nous espérons révéler des aspects jusqu’ici méconnus de la biologie du VIH, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques.
Au-delà de la virologie, les études sur le VIH ont considérablement enrichi nos connaissances sur la séparation de phases (Scoca et al., 2023), l’immunité innée (Ay et al., 2025) et le transport nucléaire (Blanco-Rodriguez et al., 2020 ; Di Nunzio et al., 2012 ; Lelek et al., 2015 ; Zila et al., 2021). Par ailleurs, des outils dérivés du VIH sont aujourd’hui la utilisés en thérapie génique (Di Nunzio et al., 2008 ; Morgan et al., 2021).
En exploitant des technologies de pointe, notre projet vise à disséquer les interactions du LEN avec les HIV-MLOs et les cores viraux, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques pour l’éradication du VIH.