Le VIH-1 est un virus enveloppé, entouré d’une membrane lipoprotéique protectrice dérivée de la membrane de la cellule hôte infectée. Cette membrane virale possède une signature unique qui définit la production et l’infectivité des virions.
En bourgeonnant directement au niveau de la membrane plasmique, le VIH 1 acquiert cette membrane protectrice et les protéines virales nécessaires à son pouvoir infectieux. Environ 700μm2 de membrane plasmique par cellule infectée seraient nécessaires pour le bourgeonnement du VIH-1, soit 2 fois plus que la surface d’un lymphocyte T (350μm2). Comment la cellule fournit cette surface de membrane nécessaire au bourgeonnement viral ? D’où proviennent ces apports membranaires ? Quelles protéines et quels lipides sont nécessaires pour produire cette membrane virale ? Ces questions sont peu explorées dans la littérature, même si elles restent non résolues et centrales dans le domaine de la virologie.
Dans ce projet nous émettons l’hypothèse que l’identité de la membrane virale dépend i) de la capacité des membranes cellulaires à échanger des protéines et des lipides au niveau du site de bourgeonnement viral et ii) de la capacité du VIH 1 à contrôler ces flux membranaires pour conserver sa pleine capacité infectieuse.
Nous chercherons donc dans cette étude à identifier les protéines et les lipides présents au niveau des virions nouvellement produits et à découvrir la source de ces protéines et lipides incorporées dans les particules virales.
Le premier objectif de ce projet est de définir la composition protéique et lipidique des virions nouvellement produits et d’identifier les organelles et flux membranaires impliqués dans la morphogénèse virale, par des approches non biaisées de spectrométrie de masse et des tests biochimiques et virologiques.
Dans le second objectif, nous nous intéresserons plus particulièrement au rôle de la voie de l’autophagie comme système d’apport membranaire. L’autophagie est un processus qui régule l’homéostasie cellulaire et implique la production et le remodelage des membranes. Dans ce processus, la protéine autophagique ATG9A est essentielle à la formation de la membrane de l’autophagosome. Les vésicules auxquelles ATG9A est associée servent d’apports membranaires à l’autophagosome en formation. Dans ce projet, nous explorons si les vésicules ATG9A+ pourraient jouer ce même rôle au cours de l’assemblage viral, en fournissant les apports membranaires nécessaires à la biogenèse des virions.
Le troisième objectif vise à définir les facteurs viraux contrôlant ses apports membranaires, et de facto, modulant la composition de la membrane virale pour optimiser sa production et permettre au virus de conserver son pouvoir infectieux.
In fine, cette étude fournira une analyse globale de la composition protéique et lipidique des particules du VIH-1, ainsi que des informations critiques sur les systèmes d’apport membranaires nécessaires à la morphogénèse du VIH-1.
Le projet sera réalisé par une approche multidisciplinaire utilisant un large éventail de méthodes incluant la biochimie, la virologie, la biologie cellulaire et l’imagerie, basée sur l’expertise de notre laboratoire sur la morphogenèse du VIH-1 et l’autophagie. Ce projet sera réalisé au sein de mon équipe à l’Institut Cochin (INSERM U1016 – CNRS UMR 8104, Université Paris cité). Ce travail a été initié par Delphine Judith (Post-doctorante, 2018-2023) et sera poursuivi par un post-doctorant à recruter (100%) (demande ANRS jointe à ce projet de recherche) en étroite collaboration avec M. Versapueh (AI, INSERM), M. Palaric (Doctorante, Paris Descartes, 2020-2023), T. Robin (Doctorant, Paris Descartes 2022-2025) et moi-même (DR2, INSERM).