Contexte,
Malgré l’existence d’options thérapeutiques efficaces antirétrovirales (ARV) orales à prise unique quotidienne, les problématiques d’adhésion au traitement ARV persistent et sont responsables d’un non contrôle virologique dans environ 7% des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en France. Aujourd’hui, les traitements antirétroviraux injectables à longue durée d’action (ARV-LA) font l’objet d’un intérêt croissant et apparaissent comme une option thérapeutique intéressante chez ces PVVIH qui ont des difficultés de prise quotidienne d’ARV oral. En effet, les rares données disponible issues d’études rétrospectives retrouvent un taux de succès virologique variant de 75% à 94% sous bithérapie ARV-LA Cabotegravir + Rilpivirine (CAB+RPV) chez des patients virologiquement non contrôlés. De plus, l’utilisation du Lenacapavir (LEN), un inhibiteur spécifique de capside du VIH, chez des patients multirésistants en échec virologique a montré un taux de succès virologique de 82% à 2 ans. Ainsi l’utilisation des combinaisons ARV-LA Cabotegravir + Rilpivirine et Cabotegravir + Lenacapavir chez des patients virologiquement non contrôlés et inobservants aux ARV oral semble pertinente.
Méthode
L’essai CABAN est un essai prospectif interventionnel, multicentrique, en ouvert, non randomisé et non comparatif visant à évaluer l’efficacité virologique des bithérapies ARV-LA CAB 600 mg + RPV 900 mg (bras 1) et CAB 600 mg + LEN 927 mg (bras 2), sans phase orale préalable de CAB ou de RPV, chez des PVVIH virologiquement non contrôlés avec des difficultés d’observance au traitement ARV oral. Au total 60 patients devront être inclus et seront suivi pendant 44 semaines. En fonction de la présence d’une résistance à la RPV ou d’un antécédent d’échec virologique sous INNTI, les participant seront répartis dans les bras 1 ou 2. Un accompagnement ETP standardisé sera réalisé à chaque visite.
Population de l’étude
PVVIH-1 ≥ 12 ans virologiquement non contrôlé (dernière CVp ≥ 200 cp/mL et antécédent d’échec virologique avec au moins une CVp ≥ 200 cp/mL réalisée ≥ 12 mois) malgré la prescription d’un traitement ARV depuis plus de 24 mois et rapportant des difficultés d’observance au traitement ARV par voie orale. Les participants co-infectés par le VHB (AgHbs positif), présentant une résistance au CAB ou un antécédent de traitement ARV par CAB et/ou RPV LA et/ou LEN seront exclus.
Critères de jugement
Le critère de jugement principal est la proportion de participants avec CVp < 50 cp/mL sous bithérapie ARV-LA injectable à S44.
L’échec virologique est défini par la non réponse au traitement (diminution de la CVp < 1 log cp/mL à un S4, ou la persistance d’une CVp ≥ 50 cp/ml à S20, ou une augmentation confirmée de la CVp ≥ 1 log de cp/mL par rapport au Nadir de la CVp) ou le rebond virologique après au moins une CVp < 50 cp/mL (une CVp ≥ 200 cp/mL, ou deux CVp successives ≥ 50 cp/mL à S2-S4 d’intervalle, ou une CVp ≥ 50 cp/mL suivie de l’arrêt du suivi).
Les critères de jugement secondaires sont les suivants : La proportion de patients ayant présentés un échec virologique, le délai d’obtention de l’indétectabilité, le profil de résistance en cas d’échec virologique, les effets indésirables, les arrêts de traitement et leur(s) motif(s), l’évolution des paramètres immunologiques, l’évolution des critères de vulnérabilité, de qualité de vie et de satisfaction liée aux traitements ARV-LA. Les évolutions du réservoir viral et des concentrations plasmatiques d’ARV seront également analysées.
Enjeux de l’étude
L’essai CABAN cible une population prioritaire dans le contrôle de l’épidémie VIH. L’efficacité virologique des combinaisons ARV-LA évaluées dans l’essai CABAN permettrait de proposer une alternative thérapeutique pour ces PVVIH en situation d’échec virologique liée à une problématique d’adhésion au traitement ARV oral.