La dynamique de l’épidémie d’infection au COVID-19 au Cambodge est surprenante. Malgré une proximité avec la Chine et une forte activité touristique avec 3 aéroports internationaux, 118 cas seulement ont été identifiés entre le 22 janvier et le 09 avril, tous répondant a la définition numéro 1, à savoir une histoire récente de voyage en dehors du Cambodge ou un contact avec un cas confirme. Le Cambodge fait donc parti du scenario de transmission 2 de l’OMS : « pays avec un ou plusieurs cas, importes ou localement détectés (cas sporadiques) ».
Jusqu’à maintenant, une détection rapprochée des cas importes et de leurs contacts a été coordonnée par le département de contrôle des maladies transmissibles du Ministère de la Sante. Si le cas suspect est testé positif, il devient un cas confirme et est place en quarantaine. Les contacts sont listés par date d’exposition et divises en 3 catégories : haut risque (contacts familiaux), risque moyen (moins de 2 mètres pendant plus de 15 minutes) et risque faible (tout autre exposition dans un lieu ferme). Les contacts a haut risque sont testes au début et a la fin de la quarantaine alors que les contacts avec risque moyen ou faible ne sont testés qu’en cas d’apparition d’une symptomatologie clinique. Les contacts a haut et moyen risque sont isoles mais pas les contacts a faible risque.
Au Cambodge, la pyramide des âges est structurée de telle manière que 43% de la population est âgée de moins de 20 ans et 8% seulement agés de plus de 60 ans. Ceci suggère que la proportion d’infection au COVID-19 avec des formes mineures ou modérées pourraient être plus importantes qu’attendu. Les formes asymptomatiques pourraient aussi représenter un groupe d’infections non détectés, principalement via des clusters de transmission communautaire comme reporte en Chine. L’épidémie d’infection au COVID-19 pourrait donc diffuser plus lentement et avec moins de symptômes cliniques que ce qui est décrit en Chine et en Europe.
Une étude sero-epidemiologique en population serait la clé pour comprendre si une diffusion communautaire infra clinique est en cours. Le concept actuel vise a se concentrer sur les contacts des cas confirmes et sur leurs communautés.
Les principaux objectifs sont (1) évaluer la séroprévalence de l’infection a COVID-19 parmi les contacts résidents au Cambodge, incluant les soignants, des cas confirmes (2) évaluer l’extension d’une transmission communautaire dans les zones ou les cas confirmes résidants au Cambodge vivent (3) évaluer la proportion de formes asymptomatiques ou pauci-symptomatiques parmi les personnes avec des anticorps anti-SARS-CoV-2 positifs.
L’étude sera divisée en deux parties :
Première partie : détection des anticorps anti-SARS-CoV-2 parmi les contacts résidants au Cambodge, incluant les soignants en charge du prélèvement naso-pharynge, des cas confirmes
Deuxième partie : détection des anticorps anti-SARS-CoV-2 parmi un échantillon représentatif de personnes résidant dans les mêmes villages que les cas confirmes.
Les critères de jugement sont : (1) présence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 dans les différents sous-groupes a risque de contacts (2) présence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 parmi les villageois, stratifies par groupe d’âges (3) pourcentage de formes asymptomatiques ou pauci-symptomatiques chez les participants avec des anticorps anti-SARS-CoV-2 positifs (4) caractéristiques sociodémographiques des participants avec des anticorps anti-SARS-CoV-2 positifs.
L’étude prévoit d’inclure 550 contacts pour la première partie et 1000 résidants vivant dans 5 villages pour la deuxième partie.
Les sérums seront testes pour les anticorps anti-SARS-CoV-2 en utilisant une technique en cours de développement a l’IPC. Une sous-étude immunologique est prévue pour 20 a 30 participants avec des anticorps positifs.
Beaucoup de pays a ressources limitées font face a la même incertitude vis-à-vis de la dynamique de l’infection au COVID-19 dans les prochains mois. Cette étude permettra d’apporter des informations importantes concernant l’efficacité du suivi des contacts et la possible survenue d’une transmission communautaire dans un contexte de scenario 2 de l’OMS.
Demandeur
SEGERAL Olivier / LY Sowath
Type de financement
Projet de recherche