Disparition du Pr Jean Dormont, figure de proue des essais thérapeutiques contre le VIH en France

Le Pr Jean Dormont s’est éteint le 1er février 2021 à l’âge de 91 ans. Il a mené une brillante carrière de médecin et de chercheur. Il a été l’un des pionniers de la transplantation rénale à l’hôpital Necker, puis chef du service de médecine interne à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart (92) et directeur de l’unité Inserm U131. Le Pr Jean Dormont étudie les aspects fondamentaux de l’immunologie en transplantation avant de devenir doyen de la faculté de médecine de Paris-Sud, puis de se mettre au service de la recherche sur le VIH. 

Publié le 02 février 2021

Le Pr Jean Dormont s’est éteint le 1er février 2021 à l’âge de 91 ans. Il a mené une brillante carrière de médecin et de chercheur. Il a été l’un des pionniers de la transplantation rénale à l’hôpital Necker, puis chef du service de médecine interne à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart (92) et directeur de l’unité Inserm U131. Le Pr Jean Dormont étudie les aspects fondamentaux de l’immunologie en transplantation avant de devenir doyen de la faculté de médecine de Paris-Sud, puis de se mettre au service de la recherche sur le VIH. 

En 1987, le directeur général de l’Inserm le nomme coordinateur des essais thérapeutiques de l’ANRS. Son rôle est de fédérer les équipes françaises qui mènent des essais cliniques afin de coordonner et d’accélérer les recherches de traitements. Il se rend alors aux États-Unis, « je connaissais le potentiel des Américains, mais j’étais loin d’imaginer ce qu’ils avaient déjà mis en place : une énorme organisation pour étudier de possibles molécules actives avaient été établie au cœur du NIH, à Bethesda », racontait-il fin 2019 au Pr Patrice Debré pour les besoins d’un ouvrage à venir sur l’ANRS. Inspiré par ce modèle, le Pr Dormont rentre en France et œuvre pour faire des essais thérapeutiques l’une des priorités de l’agence. C’est ainsi qu’est lancé en 1988 le premier essai de grande ampleur, Concorde, sous l’égide de l’ANRS et du Medical Research Council (Royaume-Uni) qui avait pour objectif de déterminer à quel stade les personnes infectées par le VIH devaient débuter la zidovudine (ou AZT). Cet essai initié par le Pr Dormont est le premier d’une longue série jusqu’en 2002, date à laquelle il quitte l’agence. « L’ANRS était le seul organisme en France, à l’époque, à soutenir massivement les essais thérapeutiques et des cohortes de patients qui recrutent des milliers de volontaires », rappelait-il. A partir de 1990, il a progressivement constitué autour de lui un groupe d’experts multidisciplinaire, donnant une large place aux acteurs communautaires de la lutte contre le sida, chargé d’émettre et d’actualiser des recommandations en matière de traitement du VIH. Les éditions successives de ce rapport faisaient autorité auprès des professionnels de santé. « De façon générale, rappelle le Pr Patrick Yeni, Jean Dormont était très attaché, au-delà de sa rigueur scientifique, à une approche large et indépendante, aussi bien dans le cadre de la recherche clinique que dans celui de l’élaboration des recommandations de prise en charge ». 

« C’était un « Grand Monsieur » ! Un grand serviteur de l’état : pionnier ayant compris l’importance des recherches cliniques et translationnelles, au sein des organismes de recherche. Un exemple à suivre entre exigence scientifique et humanisme », ajoute le Pr Jean-François Delfraissy, ancien directeur de l’ANRS, qui fut son élève.