Un dépistage universel de l’hépatite C coût-efficace en France

Publié le 02 juillet 2018

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An estimated 75 000 people in France are unaware they are infected by hepatitis C virus. An ANRS-funded study by Sylvie Deuffic-Burban, a research associate at IAME (Infection, Antimicrobials, Modeling, Evolution) (Inserm – Université Paris Diderot – Université Paris 13), and her team shows that a universal screening strategy applied to hepatitis C is cost-effective and improves life expectancy in those infected, compared with targeted screening. These modeling results will be published on 1st July 2018 in Journal of Hepatology.

En France, environ 75 000 personnes seraient infectées par le virus de l’hépatite C sans en avoir connaissance. Les résultats d’une étude soutenue par l’ANRS et menée par Sylvie Deuffic-Burban, chargée de recherche à l’Inserm au sein de l’IAME « Infection, Antimicrobiens, Modélisation, Evolution » (Inserm – Université Paris Diderot – Université Paris 13) et son équipe, mettent en avant le coût-efficacité d’une stratégie de dépistage universel de l’hépatite C associée à un bénéfice sur l’espérance de vie des personnes infectées, par rapport à un dépistage ciblé. Ces résultats fondés sur une modélisation font l’objet d’une publication dans la revue Journal of Hepatology le 1er juillet 2018.


Actuellement, en Europe, les recommandations concernant le dépistage du virus de l’hépatite C (VHC) ciblent les personnes présentant un haut risque d’infection par le virus. En 2014, en France, selon les données de Santé Publique France, environ 75 000 personnes de 18 à 80 ans étaient infectées par le VHC sans en avoir connaissance. De plus, lorsque les patients sont diagnostiqués, ces derniers, le sont, au moins une fois sur dix à un stade avancé de la maladie, alors qu’une mise sous traitement rapide après la contamination permet de réduire la morbidité et la mortalité de manière significative. On dispose en effet aujourd’hui, vis-à-vis de l’infection par le VHC, de traitements à la fois très efficaces et bien tolérés, assurant en quelques semaines la guérison de l’infection dans plus de 95% des cas.

C’est dans ce cadre qu’au sein d’une équipe de recherche de l’Inserm dirigée par le Pr Yazdan Yazdanpanah, Sylvie Deuffic-Burban a mis au point un modèle mathématique permettant d’évaluer l’efficacité et le coût-efficacité de différentes stratégies de dépistage dont celle d’un dépistage universel.

Pour mener cette étude, les scientifiques se sont appuyés sur les données de l’enquête de séroprévalence menée en 2004 par l’InVS qu’ils ont appliquées à la population générale résidant en France, âgée de 18 à 80 ans, excluant les personnes atteintes d’une infection chronique par le VHC et déjà diagnostiquées. La combinaison de ces données de séroprévalence avec d’autres données issues d’études portant sur les caractéristiques des personnes infectées (âge, sexe, stade de la maladie lors du diagnostic, consommation d’alcool…), la progression naturelle de la maladie, la qualité de vie de patients traités et les coûts que représente la prise en charge de cette infection a permis aux chercheurs l’élaboration de leur modèle d’analyse. Les différentes stratégies de dépistage évaluées ciblaient les publics suivants : uniquement la population à risque, tous les hommes entre 18 et 59 ans, tous les individus entre 40 et 59 ans, tous les individus entre 40 et 80 ans, et enfin tous les individus entre 18 et 80 ans (dépistage universel).

Les résultats obtenus grâce cette modélisation ont permis de démontrer qu’un dépistage universel, est associé à la meilleure espérance de vie ajustée sur la qualité de vie, comparée aux autres stratégies. De plus, ce dépistage universel se révèle coût-efficace si les patients dépistés pour l’infection par le VHC sont pris en charge et traités rapidement après le diagnostic. Selon Sylvie Deuffic-Burban, « Le dépistage permet, à titre individuel, une prise en charge rapide ce qui évite le développement de complications graves. Dans une perspective collective, il contribue à l’élimination, à terme, de l’hépatite C dans une population qui aurait été dépistée sans restrictions. » Ainsi, les résultats de cette étude soutenue par l’ANRS plaident en faveur d’un dépistage universel du VHC en France, suivi d’une prise en charge et d’un traitement immédiat des personnes diagnostiquées. « Notre modèle ne permet pas de le tester, mais les caractéristiques épidémiologiques qui rapprochent le VHC, le VIH et le VHB permettent de penser qu’un dépistage universel et combiné de ces trois virus pourrait être particulièrement intéressant. » conclut la chercheuse.

It is currently recommended in Europe that screening for hepatitis C virus (HCV) should target people at high risk of infection. In France, public health data suggest that in 2014 approximately 75 000 people aged 18 to 80 were infected by HCV, but were unaware of their status. In at least one in ten cases, these people are at an advanced stage of the disease when diagnosed. Today’s treatments of HCV infection are both highly effective and well tolerated, and cure the infection in a few weeks in over 95% of cases. In Professor Yazdan Yazdanpanah’s Inserm research team, Sylvie Deuffic-Burban has developed a mathematical model that assesses the efficacy and cost-effectiveness of different screening strategies, including universal screening.

This study applied data from a 2004 InVS seroprevalence survey to 18- to 80-year-olds in France, excluding people with diagnosed chronic HCV infection. The researchers developed their analytical model using a combination of these seroprevalence data and findings from studies of the characteristics of people infected (age, sex, stage of the disease at diagnosis, alcohol intake, etc.), the natural progression of the disease, the efficacy of treatments, the quality of life of the patients treated, and the cost of treatment of infection. The screening strategies assessed targeted the following groups: the at-risk population only, all men aged between 18 and 59, all people aged between 40 and 59, all people aged between 40 and 80, and everyone aged between 18 and 80 (universal screening).

The modeling results show that universal screening is associated with better life expectancy adjusted for quality of life than other strategies. Universal screening is cost-effective if the patients tested for HCV infection are treated rapidly after diagnosis. Sylvie Deuffic-Burban points out that “Screening, on an individual basis, enables rapid treatment, which avoids the development of serious complications. In time, collective screening helps eliminate hepatitis C from a population that has been screened without restrictions.” The results of this ANRS-funded study therefore argue in favor of universal screening for HCV in France, followed by immediate treatment of those diagnosed with HCV infection. Sylvie Deuffic-Burban concludes that “Although our model is unable to test the idea, the epidemiological similarities of HCV, HIV, and HBV suggest that universal and combined screening for these three viruses could be of particular interest.

 


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L’ANRS est une agence de moyens et de coordination de la recherche sur le VIH/sida et les hépatites. Elle a pour objet l’animation, l’évaluation, la coordination et le financement des programmes de recherche, quel que soit le domaine scientifique concerné (recherches fondamentale, clinique, en santé publique, sur le vaccin). L’ANRS fédère en France comme à l’Etranger des chercheurs et des médecins de toutes disciplines. Son budget annuel, environ 50 millions d’euros, lui est attribué en majorité par les ministères en charge de la Recherche ainsi que de la Santé sur des projets ponctuels. Depuis 2012, l’ANRS est une agence autonome de l’Inserm. En 2017, l’ANRS soutenait plus de 500 projets de recherches et allocations.

The ANRS reviews, funds, and coordinates research programs on HIV/AIDS and hepatitis in various fields (basic research, clinical research, public health, vaccination). It brings together researchers and physicians from a whole range of disciplines, in both France and elsewhere. Its annual budget of about 50 million euros is in large part allocated by the ministries of research and health for one-off projects. An autonomous agency of Inserm since 2012, the ANRS funded 500 research projects and grants in 2017.


Sources:

Assessing the cost-effectiveness of hepatitis C screening strategies in France Journal of hepatology,

http://dx.doi.org/10.1016/j.jhep.2018.05.027

Sylvie Deuffic-Burban1,2, Alexandre Huneau1, Adeline Verleene1, Cécile Brouard3, Josiane Pillonel3, Yann Le Strat3, Sabrina Cossais1, Françoise Roudot-Thoraval4, Valérie Canva5, Philippe Mathurin2,5, Daniel Dhumeaux6, Yazdan Yazdanpanah1,7

1 IAME, UMR 1137, Inserm, Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris, France, 2 Université Lille, Inserm, CHU Lille, U995 – LIRIC – Lille Inflammation Research International Center, Lille, France, 3 Santé publique France, Saint-Maurice, France 4 Service Santé Publique, Hôpital Henri Mondor, Créteil, France, 5 Service des Maladies de l’Appareil Digestif et de la Nutrition, Hôpital Huriez, CHRU Lille, Lille, France, 6 Inserm U955, Hôpital Henri-Mondor, Créteil, France, 7 Service de maladies Infectieuses et tropicales, Hôpital Bichat Claude Bernard, Paris, France


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