Un nouveau cas de rémission du VIH après une greffe de moelle osseuse présenté à l’IAS 2023 par le consortium IciStem

Publié le 20 juillet 2023

Les équipes d’Asier Sáez-Cirión (Institut Pasteur) et d’Alexandra Calmy (Hôpitaux universitaires de Genève), membres du consortium IciStem, présentent à la conférence internationale sur le VIH, l’IAS 2023, le cas d’un nouveau patient en rémission 20 mois après une greffe de moelle osseuse. A la différence des précédents patients vivant avec le VIH probablement guéris par une greffe, cette fois-ci, le donneur de moelle n’était pas porteur de la mutation spécifique qui empêche le VIH de pénétrer dans les cellules. L’agence salue cette avancée porteuse d’espoir pour les patients.

Ce nouveau cas de rémission probable concerne un patient vivant avec le VIH depuis 1990 et suivi aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Traité pour une tumeur myéloïde extra médullaire, il a reçu une greffe de moelle osseuse en 2018. Contrairement aux trois autres patients en rémission pour le VIH ayant eu une greffe de moelle osseuse pour un cancer, le « patient de Genève » n’a pas reçu de moelle osseuse issue d’un donneur portant la mutation homozygote delta 32 du récepteur CCR5 : cette mutation protège naturellement contre l’infection par le VIH. Cependant, un mois après la greffe, il a été constaté une diminution du nombre de cellules infectées par le VIH chez ce patient. Son traitement antirétroviral a ainsi été progressivement réduit et arrêté en novembre 2021.

Vingt mois après la greffe, le « patient de Genève » est en rémission : sans traitement, son infection par le VIH est contrôlée. Ce patient est suivi au HUG et fait l’objet d’une étude en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Institut Cochin de l’Inserm et le consortium IciStem.

Pour Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH/sida aux Hôpitaux universitaires de Genève et co-présidente du CSS13 de l’agence,  « cette situation clinique singulière ouvre les portes à des perspectives thérapeutiques nouvelles, peut-être sans nécessiter de procédures médicales aussi lourdes que celles auxquelles ont été soumis les patients considérés actuellement comme guéris. Seule une approche collaborative et multidisciplinaire, testant des approches combinées, permettra d’approcher cet objectif. Nous tenons à remercier le patient de Genève, et toutes les personnes vivant avec le VIH qui participent à cet effort collectif ».

Le Pr Yazdan Yazdanpanah salue le travail de ces équipes : « ce cas est sensiblement différent des précédents, car il n’a pas reçu de greffe de moelle osseuse issue d’un donneur portant la mutation protectrice contre le VIH. Il faut poursuivre les études pour connaitre plus finement les mécanismes en œuvre permettant la rémission dans ce cas-ci. Même si la greffe de moelle n’est pas une solution thérapeutique adaptée pour tous les personnes vivant avec le VIH, ce nouveau cas fait avancer la recherche. C’est une très bonne nouvelle. Par ailleurs ce travail montre aussi l’importance des études collaboratives en Europe entre les différents partenaires de l’ANRS ».