Autodépistage et notification aux partenaires : nouvelles directives de l'OMS

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, les autotests de dépistage du VIH et la notification des partenaires sont essentiels pour améliorer l’accès au diagnostic du VIH.

Dernière mise à jour le 27 février 2023

 

 

 


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©Société AAZ

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, les autotests de dépistage du VIH et la notification des partenaires sont essentiels pour améliorer l’accès au diagnostic du VIH. Elle publie ce mardi 29 novembre 2016 ses nouvelles directives sur ces deux priorités.

Ces deux outils permettraient d’atteindre les personnes infectées par le VIH mais non encore diagnostiquées et contribueraient ainsi à réaliser le premier objectif fixé par les Nations Unies : 90% des personnes infectées par le VIH connaissent leur statut d’ici 2020. L’ANRS en a fait une priorité de recherche.


Seulement 80% des personnes infectées auraient connaissance de leur séropositivité. Environ 30 000 personnes seraient infectées en France sans le savoir.

Les conséquences de cette épidémie cachée ? Une perte de chances thérapeutiques considérables au plan individuel et contribuer à au moins la moitié des nouvelles infections.

Faciliter l’accès au dépistage, de façon répétée pour les populations les plus à risque, est une priorité de santé publique en France. Pour atteindre cet objectif il faut diversifier au maximum l’offre de dépistage pour que chacun puisse trouver celui qui lui convient à chaque moment de sa vie. Les autotests de dépistage du VIH et la notification des partenaires pourraient élargir cette offre diversifiée. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de les mettre en place. L’ANRS en a fait une priorité de recherche.


Un tournant dans la recherche sur le VIH


En 2008, alors que la prise en charge des personnes séropositives pour le VIH s’améliore (traitements plus efficaces et mieux tolérés), l’ANRS est à l’origine du changement de paradigme considérant que les priorités de recherche doivent maintenant prendre en compte le dépistage et la prévention.

Parmi les recherches sur le dépistage que soutient l’ANRS figure l’étude ANRS-Com’Test. Menée en étroite collaboration par l’équipe du Pr Yazdanpanah (IAME, UMR 1137, Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité et INSERM ; AP-HP, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Service de Maladies Infectieuses et Tropicales,Paris) et l’association AIDES, cette étude évalue une offre de dépistage du VIH non médicalisé via des tests à résultat rapide (TROD). Ce dépistage est réalisé auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) par des membres d’associations habilitées à cette pratique.

Les résultats montrent que ce type de dépistage est réalisable et bien accepté à la fois par les personnes testées et par les acteurs associatifs. Ces résultats ont contribué à l’autorisation fin 2010 en France du dépistage communautaire avec des TROD. Ce type de dépistage réalisé sur le terrain, dans des lieux de consommation sexuelle ou au cœur des communautés, permet de toucher des populations très exposées et vulnérables.

Le dépistage communautaire s’est aujourd’hui développé et démontre son efficacité.


Un nouvel outil de dépistage du VIH : l’autotest


Dès 2009, l’ANRS a soutenu la recherche sur un autre outil de dépistage, les autotests, alors qu’ils n’étaient pas autorisés en France. L’étude Webtest, dirigée par Tim Greacen (Laboratoire de recherche, EPS Maison Blanche, Paris), a montré que ces tests intéressaient particulièrement les HSH, notamment lorsqu’ils vivaient leur sexualité dans le secret absolu.

Depuis, la même équipe a accompagné la mise sur le marché de ce nouvel outil en identifiant des recommandations de bonne pratique en population générale et pour les groupes les plus exposés au risque de VIH.

Les chercheurs évaluent à présent son usage parmi ses utilisateurs. Cette recherche, nommée VIH : Teste-Toi Toi-même (ANRS V3T), vise à répondre à plusieurs questions : qui est intéressé et qui a eu recours à l’autotest VIH maintenant qu’il est disponible dans les pharmacies ? Quelles sont les barrières à son utilisation ? Quelles sont les difficultés rencontrées lors de sa manipulation ? Dans quel contexte est-il utilisé ? Quel est le recours aux soins des participants ayant un test positif ?

Il s’agit d’une enquête par internet qui vise particulièrement les HSH et les personnes originaires d’Afrique sub-saharienne, les deux groupes les plus concernés par le VIH en France. L’étude est disponible sur le site www.testetoi.fr jusqu’à fin décembre 2016, 9000 répondants sont attendus. Des résultats seront disponibles à partir du second trimestre 2017.


La notification aux partenaires


Différentes stratégies de dépistage sont donc étudiées afin de tester un maximum de personnes qui ignorent leur statut sérologique, de cibler au mieux les populations vulnérables et de favoriser le dépistage répété des populations les plus exposées.

Une autre stratégie évaluée par l’ANRS est la notification aux partenaires. Il s’agit d’aider les personnes nouvellement diagnostiquées pour le VIH à prévenir leurs partenaires sexuels et/ou de consommation de drogues qu’ils ont été exposés au VIH ou à une infection sexuellement transmissible et à les inciter à réaliser un dépistage. Il s’agit d’un dépistage particulièrement ciblé puisqu’il s’adresse à des personnes dont on est sûr qu’elles ont été exposées.La notification aux partenaires a montré son efficacité dans d’autres pays où elle fait partie de la prise en charge d’un diagnostic de VIH comme en Angleterre, aux Pays-Bas ou aux États-Unis. Toutefois elle doit être réalisée le plus éthiquement possible et assurer la confidentialité du patient nouvellement diagnostiqué et de ses partenaires. Sa faisabilité et son acceptabilité est évaluée en France par l’ANRS. L’étude, menée par Karen Champenois (Laboratoire de recherche, EPS Maison Blanche, Paris ; IAME, UMR 1137, Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité et INSERM, Paris), est en préparation et devrait donner des premiers résultats fin 2017.

Références

Champenois K, Le Gall JM, Jacquemin C, Jean S, Martin C, Rios L, Benoit O, Vermoesen S, Lert F, Spire B, Yazdanpanah Y. ANRS-COM’TEST: description of a community-based HIV testing intervention in non-medical settings for men who have sex with men. BMJ Open. 2012;2(2):e000693.

Greacen, T., Friboulet, D., Blachier, A., Fugon, L., Hefez, S., Lorente, N., & Spire, B. (2012). Internet-using men who have sex with men would be interested in accessing authorised HIV self-tests available for purchase online. AIDS Care, (June), 37–41.

Greacen, T., Friboulet, D., Fugon, L., Hefez, S., Lorente, N., & Spire, B. (2012). Access to and use of unauthorised online HIV self-tests by internet-using French-speaking men who have sex with men. Sexually Transmitted Infections, 1–8.

Greacen T, Kersaudy-Rahib D, Le Gall JM, Lydié N, Ghosn J, Champenois K. Comparing the Information and Support Needs of Different Population Groups in Preparation for 2015 Government Approval for HIV Self-testing in France. PLoS One. 2016 Mar 31;11(3)

Fagard C, Champenois K, Joseph JP, Riff B, Messaadi N, Lacoste D, Canva V, Foucher J, Chêne G, Yazdanpanah Y, Dabis F. Dépistage conjoint du VIH, du VHB et du VHC par les médecins généralistes: étude de faisabilité en Gironde et dans le Nord en 2012. Bull Epidémiol Hebd. 2014; (21-22):395-400

Casalino E, Bernot B, Bouchaud O, et al. Twelve months of routine HIV screening in 6 emergency departments in the Paris area: results from the ANRS URDEP study. PLoS One. 2012;7(10):e46437.

d’Almeida KW, Pateron D, Kierzek G, et al. Understanding providers’ offering and patients’ acceptance of HIV screening in emergency departments: a multilevel analysis. ANRS 95008, Paris, France. PLoS One. 2013 Apr 29;8(4):e62686 


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