En 2019, selon l’OMS, environ 296 millions de personnes dans le monde vivaient avec le virus de l’hépatite B (VHB) et cette infection entraîne plus de 820.000 décès par an liés à la cirrhose et au carcinome hépatocellulaire (CHC). En France en 2016, 136 000 personnes vivaient avec le VHB et 7% des cirrhoses et 10% des CHC étaient liés au VHB.
L’infection chronique par le VHB peut être divisée en 5 phases : (1) l’infection chronique AgHBe+, (2) l’hépatite chronique AgHBe+, (3) l’infection chronique AgHBe-, (4) l’hépatite chronique AgHBe- et (5) la phase AgHBs négative. L’infection chronique VHB est un facteur de risque de progression vers la cirrhose et le CHC.
Le risque de CHC est variable selon les phases de la maladie, la réplication virale et la réponse immunitaire de l’hôte. Pour les patients avec une infection virale AgHBe+ ce risque est mal évalué du fait de l’absence d’étude longitudinale à long terme. Par ailleurs, l’impact des comorbidités extra hépatiques (obésité, alcool, diabète) sur le risque de CHC est peu évalué dans les cohortes existantes. Dans la cohorte ANRS CO22 HEPATHER, nous avons montré que l’âge, le sexe masculin, le syndrome métabolique, la consommation d’alcool et la charge virale B ont un effet direct sur la survenue d’une fibrose hépatique avancée qui prédisait à son tour la survenue du CHC. Le risque de CHC est significativement plus faible chez les patients ayant une perte durable de l’AgHBs avec ou sans séroconversion HBs, définissant la guérison fonctionnelle.
La perte spontanée de l’AgHBs est un évènement rare dans l’histoire naturelle du VHB (environ 1% par an) et les facteurs associés à cette perte restent mal connus. Le rôle de l’ethnie, des génotypes et des autres facteurs viraux ou de l’hôte (notamment génétiques) restent donc entièrement à déterminer.
L’objectif de cette étude est de documenter les événements cliniques et biologiques des patients avec une infection ou une hépatite B chronique, avec ou sans traitement. L’étude HEPAT-B est une étude observationnelle multicentrique avec recueil prospectif de données et constitution de collections biologiques des malades ayant ou ayant eu une hépatite B. Les patients éligibles sont issus de la cohorte HEPATHER qui prend fin en 2024 et les données et échantillons collectés dans HEPATHER seront conservés pour l’étude HEPAT-B qui prolonge le suivi de ces patients.
Dans cette cohorte, il est prévu de: 1) documenter la perte de l’AgHBs et identifier les facteurs associés (biomarqueurs, traitements), 2) décrire le risque évolutif chez les patients avec infection chronique HBe- (ex porteurs inactifs), 3) identifier les facteurs associés à la survenue de CHC, 4) évaluer l’impact des nouveaux traitements ou des modifications des traitements de l’hépatite B (arrêt des analogues nucléosidiques/nucléotidiques (NUCs) ou ajout aux NUCs des nouvelles molécules en cours d’évaluation) sur la perte de l’AgHBs et la survenue des complications hépatiques (Cirrhose, CHC) ou extra hépatiques), 5) documenter le vécu et les difficultés rencontrées par les personnes vivant avec l’hépatite B chronique, du dépistage aux soins, afin de mieux répondre à leurs besoins et de fournir des recommandations permettant d’adapter les activités des services de santé à cette population et 6) identifier les facteurs psychosociaux (qualité de vie, santé mentale), comportementaux et socio-économiques associés à la progression de la maladie hépatique (en lien avec la sévérité de l’hépatite B chronique et les comorbidités) et à la rétention dans les soins.
Cette cohorte prévoit l’inclusion de 5000 patients préalablement inclus dans la cohorte ANRS CO22 HEPATHER, initiée il y a plus de 12 ans, dans 25 centres cliniques. Cette étude permettra de prolonger le suivi de ces patients de 4 ans supplémentaires. La période d’inclusion, prévue sur un an, débutera au cours de l’année 2024. En plus de la visite d’inclusion, deux visites de suivi seront réalisées à 2 ans et à 4 ans de suivi. Une biothèque sera constituée à l’inclusion et à 4 ans et des questionnaires portant sur le domaine des sciences humaines et sociales seront complétés par les patients tout au long du suivi.