Hypothèses : Chez les patients atteints du VIH gravement immunodéprimés, l’incidence de la tuberculose (TB) est élevée et représente la cause la plus fréquente d’hospitalisation et de décès. La mortalité est particulièrement élevée chez les patients débutant un traitement antituberculeux en hospitalisation, allant de 6 % à 32 % et la TB disséminée demeure une maladie souvent mortelle dans cette population. Ces patients co-infectés par la TB et le VIH présentent également une réduction significative des concentrations plasmatiques des antituberculeux probablement due à une malabsorption. L’hypothèse de l’étude est que l’intensification de la phase initiale du traitement de la TB, par l’augmentation des doses de deux principaux médicaments antituberculeux, la rifampicine et l’isoniazide, et par l’ajout systématique de corticostéroïdes, réduira la mortalité des adultes et adolescents gravement immunodéprimés atteints du VIH hospitalisés pour une TB, comparativement au traitement standard actuellement recommandé par l’OMS.
Objectif : L’objectif principal de cette étude est d’estimer l’impact d’une phase initiale intensifiée de traitement antituberculeux sur la mortalité à 48 semaines chez des adultes et adolescents infectés par le VIH hospitalisés pour une TB avec des CD4 ≤ 100 cellules/μL en comparaison avec le traitement standard actuel de la TB.
Design de l’étude : Essai multicentrique de phase III contrôlé, randomisé, de supériorité, avec deux bras, en ouvert, sans placebo. Les sujets admissibles seront randomisés avec un rapport de 1:1 entre le bras témoin (traitement standard contre la TB) et le bras d’intervention (doses accrues de rifampicine et d’isoniazide et adjonction d’un traitement corticoïde) pour un total de 665 sujets par groupe (total sujets : Cambodge 173, Cameroun 240, Guinée 240, Ouganda 160, Vietnam 173 et Zambie 344).
Population de l’étude: adultes et adolescents (âge ≥ 15 ans) présentant une infection VIH-1, des CD4 ≤ 100 cellules/μL et hospitalisés pour une TB nouvellement diagnostiquée, définie soit par un échantillon Xpert MTB/RIF positif (crachat, urine, pus), soit par un test de lipoarabinomannane positif dans les urines, soit par une radiographie pulmonaire anormale compatible avec une TB active.
Implementation: Un ou deux sites seront mis en place dans chaque pays participant, que ce soit en Asie (Cambodge et Vietnam), ou en Afrique (Cameroun, Guinée, Ouganda et Zambie). Tous les sites sont des centres de référence nationaux ou régionaux de pays où le fardeau de la TB est élevé et qui disposent de capacités de recherche clinique. Un dépistage pour les critères d’inclusion et de non-inclusion dans l’essai sera proposé à tous les adultes et adolescents infectés par le VIH hospitalisés pour une suspicion de TB et qui ne sont pas actuellement traités par antirétroviraux. Une fois inclus et randomisés dans l’un des deux bras de l’essai, les patients commenceront immédiatement le traitement de la TB, resteront à l’hôpital pendant au moins une semaine et effectueront des investigations aux jours 3 et 7. Par la suite, les patients auront des contrôles cliniques et biologiques aux semaines 2, 4, 8, 16, 24, 36 et 48 (fin de l’essai). Le traitement antirétroviral sera débuté 2 semaines après l’initiation du traitement antituberculeux.
Faisabilité : Notre groupe de recherche a déjà mené plusieurs essais cliniques chez des patients co-infectés par le VIH et la TB (CAMELIA ANRS 1295, RAP ANRS 12150, PAANTHER ANRS 12229, STATIS ANRS 12290, REFLATE-TB2 ANRS 12300). Nous bénéficierons donc de sites expérimentés (environnement clinique, capacités des laboratoires) pour réaliser cette étude, et d’un soutien fort de la part des autorités locales.
Résultats attendus: Nous espérons démontrer qu’une phase initiale intensifiée du traitement antituberculeux réduira le taux de mortalité de 30 %. Avec les réponses asiatiques et africaines à l’intervention, nous espérons avoir un impact sur les futures recommandations internationales pour la prise en charge de la TB chez les patients infectés par le VIH.
Demandeur
BLANC François-Xavier / SAMRETH Sovannarith
Type de financement
Projet de recherche