Le développement des antirétroviraux a déjà connu de nombreux progrès au cours de ces 3 dernières décennies. L’efficacité des trithérapies avec les inhibiteurs de protéases et inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (1996-2000), la sélection naturelle des molécules les plus puissantes et les mieux tolérés (2000-2010), la simplification des prises quotidiennes (STR) (2008-aujourd’hui), l’allègement thérapeutique (2005-) : bithérapies / schémas intermittents.
Ces dernières années, les traitements de longue durée d’action se développent grâce à des nouvelles molécules « long acting ». Ces molécules dont la demi-vie apparente assure une efficacité très prolongée mais sans nécessité d’une prise quotidiennepar voie orale ou injectable (cabotégravir, islatravir, lenacapavir, rilpivirine et bNAbs).
En l’absence prévisible de rémission virologique sans traitement, a fortiori d’une éradication-guérison, les patients infectés par le VIH sont promis à des temps médicamenteux infiniment longs, sans doute plusieurs décennies, voire à vie. Il s’agit donc de proposer des médicaments plus efficaces, avec moins d’effets secondaires, que l’on peut prendre moins fréquemment. Parmi les dernières molécules « long acting » en cours de développement, certaines semblent particulièrement intéressante pour une recherche de l’ANRS. La première, le lénacapavir, un inhibiteur de la capside, cible une toute nouvelle partie du cycle de réplication virale. Le cabotégravir déjà utilisé dans la seule combinaison « long acting » disponible celle de la bithérapie par cabotégravir/rilpivirine dans un schéma d’administration tous les deux mois par voie intramusculaire.
Nous proposons dans l’essai CALENDULA de mettre en place une première étape de validation d’une association de bithérapie injectable associant 2 antirétroviraux puissants de 2 classes thérapeutiques différentes dans un schéma plus adapté au suivi. Il s’agit d’un essai clinique pilote, multicentrique, ouvert, avec 40 participants, évaluant une bithérapie d’entretien avec un schéma d’administration de tous les 3 mois en intra-musculaire pour le cabotégravir et tous les 6 mois en sous-cutané pour le lénacapavir. Parmi les avantages attendus des molécules « long acting » on peut citer une meilleure protection de la vie privée des PVVIH et une diminution de la stigmatisation en évitant les prises quotidiennes et les boites d’antirétroviraux au domicile des patients. L’espacement du rythme d’administration lié à un allongement de la ½ vie apparente est souhaité mais pour l’instant la combinaison cabotégravir/rilpivirine bimestrielle implique plus de visites à l’hôpital pour le patient que le suivi habituel des patients en traitement par voie orale continue. Nous proposons donc d’espacer plus les visites à terme à des visites d’administration de traitements tous les trois mois.
Du point de vue méthodologique, la proportion de succès en dessous de laquelle la bithérapie serait considérée comme « inefficace » et serait rejetée est fixée à 80%. La proportion de succès au-delà de laquelle la bithérapie serait considérée comme » efficace » et justifierait une étude plus approfondie est estimée à 95%.
Un schéma en deux étapes qui minimise la taille maximale de l’échantillon a été choisie pour ne pas exposer tous les patients si la stratégie s’avère inefficace.
Lors de la première étape, 25 participants seront recrutés et si le nombre de succès est inférieur ou égal à 22 sujets sur 25 à S24, l’essai sera arrêté. Sinon, l’essai passera à la deuxième étape et 15 participants supplémentaires seront recrutés pour atteindre un total de 40 sujets.