Chaque année environ 4 500 cas de tuberculose maladie sont déclarés en France, avec une majorité de formes pulmonaires. Les données de surveillance épidémiologique disponibles grâce à la déclaration obligatoire recueillie par Santé Publique France ne permettent pas de décrire avec précision les caractéristiques des tuberculoses, les comorbidités associées, leurs formes cliniques ou leur sévérité. La déclaration des issues de traitement n’est disponible que dans 65% des cas. Lorsqu’elle est renseignée, l’issue de traitement est potentiellement défavorable dans environ 25% des cas. Les raisons expliquant le taux élevé d’issues défavorables ne sont pas parfaitement connues du fait des données de surveillance épidémiologique parcellaires et ne permettent pas d’analyser les facteurs associés à l’échec de traitement. Par ailleurs, les recommandations internationales pour le traitement de la tuberculose évoluent avec l’introduction de traitements de 2 ou 4 mois au total, plus courts que le traitement standard de 6 mois recommandé depuis 40 ans. Dans ce contexte, il est important de mieux comprendre les facteurs de risque d’échec thérapeutique, et de rechute pour pouvoir adapter les traitements au risque des patients, et aller ainsi vers un traitement personnalisé.
L’objectif général de la cohorte French TB est de décrire les caractéristiques socio-démographiques, cliniques, radiologiques et bactériologiques des tuberculoses maladie traitées en France, ainsi que décrire les comorbidités associées et leur impact sur les issues de traitement. Un certain nombre d’objectifs spécifiques sont prévus et permettront d’évaluer si certains facteurs sont associés à l’évolution sous traitement comme l’immunodépression, la sévérité de la maladie ou la durée du traitement antituberculeux. Le dépistage de séquelles pulmonaires post-tuberculose sera réalisé à la fin du traitement, et d’éventuels facteurs pronostiques (biomarqueurs, facteurs liés à la bactérie) pourront être étudiés grâce à des sous-études qui seront réalisées à postériori. Un volet sciences sociales permettra d’évaluer l’impact des déterminants sociaux, de la littératie en santé, des représentations de la maladie, sur la qualité du suivi et les issues de traitement.
La cohorte French TB est une étude prospective observationnelle non interventionnelle incluant des sujets âgés de 18 ans et plus, ayant une tuberculose maladie pour laquelle un traitement est débuté en hospitalisation. Le suivi et le traitement antituberculeux seront menés conformément aux recommandations en vigueur en France. Le critère de jugement principal est le succès du traitement antituberculeux, défini par la guérison certaine ou guérison probable à la fin du traitement, ou au plus tard 12 mois après l’inclusion (M12). Les participants fourniront des données socio-démographiques, cliniques, biologiques, radiologiques et bactériologiques à différentes visites prévues par le protocole à 2 jours, 1 et 2 semaines, 2 mois, à la fin du traitement, à 12 et 24 mois. Chez les participants qui y consentent, des prélèvements pour la constitution d’une biothèque seront réalisés suivant les visites prévues. Il s’agira de prélèvements sanguins, urinaires, respiratoires et de cheveux.
Il n’existe actuellement aucune cohorte de cette ampleur en France permettant de documenter quels sont les facteurs associés à des issues de traitement défavorables. Le dépistage des séquelles pulmonaires à la fin du traitement, de même que la collection biologique qui est prévue font l’originalité de ce projet. En effet cette collection permettra de réaliser des études pour mieux comprendre certains mécanismes immunologiques au cours de la tuberculose maladie, notamment les aggravations paradoxales sous traitement. Il sera également possible d’évaluer l’intérêt de biomarqueurs prédictifs de réponse au traitement. Dans le contexte de la mise en place de l’action coordonnée tuberculose (AC TB) de l’ANRS|MIE depuis 2019, la création de cette cohorte permettra de structurer la collaboration entre chercheurs impliqués dans la recherche fondamentale, la recherche clinique, la recherche translationnelle ou en sciences sociales.