Diminution rapide des concentrations plasmatiques de l’antagoniste du récepteur de l’IL-1: une étude preuve de concept au Cambodge et en Côte d’Ivoire
La tuberculose (TB) est l’une des infections opportunistes les plus fréquentes chez les patients VIH+ dans les pays à ressources limités. En Afrique et en Asie, la TB est aussi la principale cause de mortalité dans cette population. Le diagnostic de TB pulmonaire généralement repose sur la clinique, la radio et la détection de Mycobacterium tuberculosis (Mtb; BAAR) dans les prélèvements respiratoires notamment les crachats. La détection de BAAR dans les crachats est la méthode la plus utilisée pour diagnostiquer la TB pulmonaire et pour monitorer la réponse au traitement. Toutefois l’analyse des crachats est peu sensible et une forte proportion de TB est BAAR-. Bien que les tests de PCR-BK soient plus sensibles, de nombreux cas restent non confirmés. Le traitement anti-TB empirique (forte suspicion clinique de TB sans confirmation microbiologique) est un choix fréquent pour les cliniciens particulièrement chez les patients VIH+ sévèrement immunodéprimés. Ainsi d’autres outils sont nécessaires pour aider au diagnostic de la TB mais aussi pour évaluer la réponse au traitement chez les patients traités de façon empirique afin que les cliniciens puissent décider de continuer ou non le traitement anti-TB.
Les monocytes/macrophages sont des cellules immunitaires innées jouant un rôle important dans la pathogénèse de la TB. Les monocytes activés relarguent des formes solubles de récepteurs tels que CD14, CD163 et l’IL-1 récepteur antagoniste IL-1Ra, inhibiteur compétitif de la cytokine inflammatoire IL-1.
Dans une étude pilote chez des patients Cambodgiens inclus dans l’essai CAMELIA, nous avons montré que les concentrations plasmatiques d’IL-1Ra diminuent de façon spectaculaire après deux mois de traitements antituberculeux. L’objectif de cette étude preuve de concept est de démontrer que les concentrations d’IL-1Ra diminuent de façon significative dans les deux semaines qui suivent l’initiation du traitement anti-TB chez des adultes avec une TB documentée. Nous faisons l’hypothèse qu’en réponse à une diminution rapide de la charge mycobactérienne, les monocytes seront moins activés et que les concentrations plasmatiques de ces biomarqueurs vont décroître précocément après l’initiation d’un traitement efficace. 100 adultes avec une TB documentée seront inclus dans deux sites ANRS Cambodge (n=50) et Côte d’Ivoire (n=50). Nous mesureront les concentrations d’IL-1Ra avant traitement (BL), aux semaines 1 (S1), S2, S4, et S8. Deux autres marqueurs seront mesurés, l’IP-10 suggéré comme un possible biomarqueur prédictif de réponse au traitement anti-TB et sCD163 pour lequel nous avons montré une diminution modérée mais significative.
Population de l’étude : Adultes VIH+, naïfs d’ARV (n=60), adultes VIH- (n=40), tous avec une TB confirmée (BAAR+ et/ou Xpert MTB/RIF+). Le suivi clinique permettra de diagnostiquer des évènements: infections intercurrentes, IRIS et le devenir de la tuberculose. Des échantillons sanguins seront collectés à J0, S1, S2, S4 et S8 après le début du traitement anti-TB. Dans chaque pays le traitement anti-TB et les ARV seront administrés selon les recommandations nationales.
Objectif principal : évolution de la concentration d’IL-1Ra entre BL et S2
Objectifs secondaires :
- Evolution de la concentration d’IL-1Ra entre BL, S1, S2 et S8
- Evolution de la concentration de sCD163 et IP-10 entre BL, S1, S2, S4 et S8
- Impact de la survenue d’évènements sur l’évolution des biomarqueurs: TB-IRIS, guérison ou non de la tuberculose, souche de Mtb résistante.
Si nous démontrons que la diminution de la concentration d’IL-1Ra survient précocement après le début du traitement anti-TB, idéalement à S2 ou encore à S4, suivre ce biomarqueur pourrait être d’un intérêt majeur dans le futur, pour aider les cliniciens à décider d’arrêter ou non un traitement anti-TB empirique. Identifier des biomarqueurs précoces de réponse au traitement serait particulièrement intéressant pour les patients chez lesquels le diagnostic de TB reste difficile par ex tuberculoses pulmonaires BAAR- ou tuberculoses extrapulmonaires/disséminées chez des patients VIH+ très immunodéprimés.
Demandeur
WEISS Laurence (hegp) / PEAN Polidy
Type de financement
Projet de recherche
WEISS Laurence (hegp) | Service d'Immunologie Clinique WEISS Laurence (hegp)
Service d'Immunologie Clinique
Hôpital Européen Georges Pompidou
20 rue Leblanc
75015
PARIS
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FONTENILLE Didier | Unité VIH / Hépatites FONTENILLE Didier
Unité VIH / Hépatites
Institut Pasteur du Cambodge
5 boulevard Monivong
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Phnom Penh
Cambodia