SexEducation : prévention aux Infections sexuellement transmissibles (IST dont vih/sida) en milieu scolaire
Au regard des dernières enquêtes épidémiologiques, il apparait que les Infections sexuellement transmissibles (IST) sont en hausse chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. Ainsi, entre 2012 et 2016, le nombre de diagnostics d’infections à Chlamydia et à gonocoque aurait été multiplié par trois auprès de cette population (SPF, 2018b), ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé des personnes (douleurs pelviennes chroniques, grossesse extra-utérine, infertilité…). Cette hausse s’explique, entre autres, par le non-recours systématique au préservatif à chaque rapport sexuel (SPF, 2018a) mais aussi par un dépistage non-systématique (Smerep, 2018).
La loi du 4 juillet 2001, relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, fixe à trois séances d’éducation à la sexualité par an et par groupe d’âge homogène au sein des établissements scolaires. Dès lors, notre questionnement est le suivant : comment les jeunes s’approprient-ils les messages de prévention concernant les Infections sexuellement transmissibles diffusés en milieu scolaire ?
D’autres enquêtes permettent d’affiner les caractéristiques des publics concernés par cette hausse aux IST. Alors que l’entrée dans la sexualité des jeunes est relativement stable depuis une trentaine d’années (environ 17,5 ans pour les deux sexes), il s’avère que les jeunes femmes s’initient plus souvent avec un partenaire plus âgé d’au moins deux ans et qui a déjà eu des rapports sexuels. Cette « première fois » étant davantage envisagée sous l’angle de la « tendresse » ou de « l’amour » chez les femmes (53%) tandis que les hommes mobilisent le « désir » (74%) pour la justifier (Bajos et al., 2018). Une autre enquête indique que parmi les personnes âgées de 18 à 29 ans, l’IST Chlamydia trachomatis est quatre fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes non diplômés mais aussi dix fois plus fréquente chez les femmes non diplômées que chez les femmes les plus diplômées (Goulet et al., 2011). Par ailleurs, on constate que les Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) les moins diplômés ont des prises de risque plus fréquentes (Leclerc et al., 2008) et ne recourent pas au test vih (Velter, 2013). Enfin, selon l’enquête réalisée auprès de jeunes (15-24 ans) qui ont découvert leur séropositivité vih, on constate une prédominance de contamination chez les adolescentes (15-17 ans) dont 69% d’entre elles sont nées à l’étranger et ont été contaminées par rapports hétérosexuels (Lot&al., 2015).
Au regard de ces données, on se rend compte que les IST touchent de manière différenciée certaines catégories sociales de jeunes. Les variables sexe, classe et race étant les plus pertinentes pour appréhender la réception des messages de prévention aux IST chez les jeunes. L’intersectionnalité nous permettra d’appréhender certaines formes de domination (Dorlin, 2008). Pour cela, il nous paraît indispensable d’être au plus proche des élèves, en étant au quotidien présent/e dans leurs classes, et ce afin de connaître leurs contextes de vie. De manière pratique, trois classes de 2nde seront sélectionnées pour 2019-2020 : l’une dans un lycée général au recrutement « supérieur », deux autres dans un lycée professionnel dont les filières sont genrées (Moreau, 1995), quasiment non mixte (Jarty&Kergoat, 2017), et au recrutement populaire, avec une classe composée de filles et une autre de garçons. L’objectif étant de saisir les univers de sens et les pratiques sexuelles de ces jeunes et ce au regard des messages de prévention aux IST qui leurs sont adressés : cours de Science et vie de la terre, séances d’éducation à la sexualité, manuels scolaires, sites Internet… Observations, entretiens individuels, focus group constitueront nos techniques d’enquête. Si cette méthodologie s’avère pertinente, nous engagerons une étude longitudinale avec un suivi sur trois ans de plusieurs cohortes/classes de jeunes.