Journée mondiale contre l’hépatite : participation de la recherche à l’amélioration de la prise en charge des personnes en situation de précarité vivant avec l’hépatite B ou l’hépatite E

Publié le 27 juillet 2023

La journée mondiale contre l’hépatite, célébrée le 28 juillet, est chaque année l’occasion de faire le point sur la maladie dans le monde mais également de mettre en avant le travail réalisé et les projets de recherche menés au niveau national et international pour l’éradication de ces infections.

L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes participe et soutient activement la recherche sur les hépatites, notamment en vue d’adapter les recommandations sanitaires en fonction des différents types de populations, y compris ceux se trouvant en situation de précarité.

A l’occasion de cette journée spéciale, découvrez les projets ANRS TOPCHIB et ORHEB qui s’inscrivent tous les deux dans cet objectif :

ORHEB : caractérisation d’une épidémie d’hépatite E dans un contexte d’urgence humanitaire au Burkina Faso selon une approche One health

Selon l’OMS, il est détecté chaque année dans le monde environ 20 millions d’infections d’hépatite E et 3,3 millions de cas symptomatiques, avec un nombre de décès estimé à 56 600 cas. La maladie se transmet à l’homme par la consommation d’eau ou d’aliments contaminés. Elle peut également toucher les animaux.

Ces dernières années, de nombreux cas d’épidémies d’hépatite E se sont déclarées dans les zones de conflit et d’urgence humanitaire (camps de personnes réfugiées ou de populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays). La majorité des cas d’hépatite E en Afrique a d’ailleurs été observée dans les camps de personnes réfugiés en Somalie, au Soudan, au Kenya, en Ouganda.

Le Burkina Faso n’avait connu jusqu’alors aucune flambée épidémique déclarée d’hépatite E, jusqu’en 2020, date à laquelle le pays a connu une flambée de cas d’ictères (ou jaunisses) dans la région du Centre-Nord, dans le district sanitaire de Barsalogho, où se trouvent des populations déplacées. Des prélèvements chez un échantillon de personnes ont montré qu’il y avait des cas d’infection par le virus de l’hépatite E (VHE).

Le projet ORHEB vise à mieux caractériser cette première épidémie d’hépatite E au Burkina Faso selon l’approche One Health. Pour cela, l’équipe de recherche a réalisé entre janvier 2018 et décembre 2022 des prélèvements biologiques sur des patients présentant un ictère afin de confirmer les diagnostics d’hépatite E. Les chercheurs décrivent les cas et identifient les populations à risque de forme grave. Ils évaluent aussi les performances du test de diagnostic rapide utilisé sur le terrain, comparent les caractéristiques génomiques des variants du virus de l’hépatite E chez les animaux (porcs et ruminants) et dans l’environnement (eaux de boisson et eaux de surfaces et d’évacuation) à ceux détectés chez l’homme et ils évaluent le système de surveillance du virus au Burkina Faso.

Les résultats de l’étude permettront entre autres de fournir des informations permettant d’adopter des mesures de lutte appropriées contre le VHE et de renforcer les capacités de la surveillance nationale des futures épidémies d’hépatite E selon une approche One Health.

Le projet est mené par une équipe du Centre Muraz de l’Institut national de santé publique du Burkina Faso, sous la responsabilité de Dramane Kania, en collaboration avec une équipe de l’UMR 1058 Pathogenesis and Control of Chronic and Emerging Infections (université de Montpellier/Inserm/EFS/université des Antilles), sous la responsabilité d’Edouard Tuaillon, en lien avec le CNRFP au sein de l’INSP, la DPSP/DGSP du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le laboratoire national d’élevage, l’IRSS, les services de maladies infectieuses du CHUSS et de gastro-hépato-entérologie du CHU Bogodogo, au Burkina Faso et le CNR VHE/VHA en France.

Le projet ORHEB est promu et financé par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes.

TOPCHIB : étude de l’efficacité du ténofovir disoproxil associé au vaccin à la naissance sur la transmission mère-enfant de l’hépatite B à Tokombéré, Cameroun

Selon l’OMS, 296 millions de personnes vivaient avec une hépatite B chronique en 2019 et 1,5 million de nouvelles infections sont détectées chaque année. Le virus de l’hépatite B (VHB) est transmis – entre autres – de la mère à l’enfant le plus souvent à la naissance lors de l’accouchement.

Le projet TOPCHIB vise à démontrer qu’un traitement préventif par ténofovir disopoxil fumarate (TDF) en complément de la vaccination contre l’hépatite B peut réduire la transmission du virus de la mère infectée à l’enfant (TME), si ce dernier est vacciné à la naissance.

Il se déroulera à l’hôpital privé de Tokombéré au Cameroun. Il est prévu d’inclure 150 femmes enceintes – ainsi que leurs futurs enfants – en deux phases, une pré-inclusion, qui prévoit le dépistage VHB, et une phase d’inclusion liée à l’initiation du traitement.

Des examens virologiques seront effectués chez la mère et l’enfant pour suivre l’évolution de la charge virale du VHB, estimer le taux de contamination et le taux de protection des enfants par la recherche des marqueurs du VHB, évaluer la tolérance clinique et biologique de l’administration de TDF chez la mère et l’enfant et évaluer l’acceptabilité et les coûts de l’intervention.

Le choix du TDF s’appuie notamment sur les recommandations internationales en vigueur dans le traitement des femmes enceintes avec un AgHBe positif pour prévenir la TME du VHB ainsi que sur l’efficacité et la sécurité de cette molécule utilisée depuis longtemps pour prévenir la TME du VIH :

–              le profil d’innocuité du TDF a largement été démontré par des études réalisées chez des femmes enceintes infectées par le VIH ;

–              la prise de TDF n’entraine pas de résistance du VHB au traitement ;

–              plusieurs études en Asie ont démontré l’efficacité du TDF pendant la grossesse à partir de la 24e semaine d’aménorrhée, jusqu’à 12 semaines après l’accouchement, pour prévenir la TME du VHB.

 

Le projet TOPCHIB est porté par Jean-Pierre Adoukara (hôpital privé de Tokombéré – Cameroun) et Françoise Lunel-Fabiani (département de biologie des agents infectieux à l’Institut de biologie-CHU Angers – France).

Ce projet est promu et financé par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes.