Journée mondiale du sida : l’ANRS MIE œuvre pour l'élimination du VIH/sida en tant que problème de santé publique

Dernière mise à jour le 29 novembre 2024

L’essentiel

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, dont le thème cette année est « Suivons le chemin des droits », l’ANRS Maladies infectieuses émergentes réaffirme son rôle central dans la recherche en soutenant des initiatives visant à mettre fin à cette épidémie en tant que problème de santé publique d’ici 2030.

Épidémie du VIH : des progrès encourageants, mais des efforts à intensifier pour atteindre les objectifs de 2030

La riposte mondiale au VIH, qui dure depuis des décennies, se trouve à un point d’inflexion. Le rapport mondial 2024 du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a montré que « Le monde a désormais les moyens de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030 » [1].

Dans le monde

En 2023, 39,9 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde1, dont 25,9 millions en Afrique sub-saharienne Les nouvelles infections au VIH ont diminué de 60 %, depuis le pic de 1995. D’après une publication récente dans la revue Lancet HIV [2], le nombre de nouvelles infections a reculé d’un cinquième à travers le monde dans les années 2010.

Près d’un quart des personnes vivant avec le VIH n’ont pas accès à une thérapie antirétrovirale (soit 9,3 millions de personnes), avec de grandes disparités selon les territoires : de plus de 50% en Europe de l’Est, Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à moins de 20% en Afrique orientale et australe.

En 2023, 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH, contre 3,3 millions en 1995. Toutefois, malgré les progrès, ce chiffre est loin de correspondre à l’objectif 2025 de 370 000 nouvelles contaminations. Les femmes et les filles représentent 44 % environ des nouvelles infections au VIH en 2023. Et certaines populations apparaissent particulièrement vulnérables, notamment, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les travailleuses et travailleurs du sexe, les usagers de drogues par voie injectable, les personnes transgenres.

En France

Les dix dernières années ont été marquées par une baisse globale du nombre de nouvelles infections. Les actions déployées y ont grandement contribué : diversification des modalités de dépistage, hausse du recours au dépistage, utilisation croissante de la prophylaxie préexposition (PrEP) chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), efficacité croissante de la prise en charge des personnes atteintes, avec un bénéfice tant sur le plan individuel que populationnel (une charge virale indétectable permettant d’être intransmissible).

Ces chiffres ont permis à la France de se rapprocher des objectifs de l’Onusida dits « 95-95-95 » avec 2 objectifs sur 3 déjà atteints : 97 % des personnes vivant avec le VIH suivent un traitement antirétroviral et 97 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable (inférieure à 200 copies/ml, seuil durablement indétectable). En revanche, des efforts en matière de dépistage sont à renforcer car 94 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, avec un nombre de personnes séropositives non diagnostiquées estimé par Santé publique France à 10 756 (IC95 % 10 244 – 11 267).

Au total et malgré ces progrès, de nouvelles contaminations ont toujours lieu, notamment dans les populations clés HSH, et personnes nées à l’étranger. Santé publique France[3] estime à 3 650 (IC95 % 3 271- 4 030) le nombre de personnes qui ont été contaminées par le VIH en France en 2023, soit en moyenne 10 personnes par jour.

[1] Source : estimations épidémiologiques de l’ONUSIDA, 2024. https://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet

[2] Global, regional, and national burden of HIV/AIDS, 1990–2021, and forecasts to 2050, for 204 countries and territories: the Global Burden of Disease Study 2021. GBD 2021 HIV Collaborators. Lancet HIV 2024 Published Online November 25, 2024 https://doi.org/10.1016/S2352-3018(24)00212-1

[3] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-sexuellement-transmissibles/vih-sida/documents/bulletin-national/vih-et-ist-bacteriennes-en-france.-bilan-2023

La Journée mondiale de lutte contre le sida est un moment clé pour mesurer le chemin parcouru et les défis qu’il reste à relever. L’ANRS MIE s’engage pleinement avec des projets innovants et des partenariats ambitieux visant à mettre fin à la transmission du VIH d’ici 2030. La mobilisation de tous – équipes de recherche, acteurs de santé, société civile et associative – est indispensable pour transformer cet objectif en réalité.

L’engagement continu de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes

Face à ce constat l’ANRS MIE continue de jouer un rôle central dans la coordination et le financement de la recherche sur le VIH/sida, dont les résultats contribuent à une prévention plus efficace et une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Voici quelques actions menées et projets soutenus en 2024 :

Le programme « VIH Zéro en Île-de-France » : une mobilisation régionale pour éliminer la transmission du VIH dans la région

Parmi les actions et dispositifs financés par l’ANRS MIE, le programme « VIH Zéro en Île-de-France en 2030 », en partenariat avec l’Agence régionale de santé Ile-de-France, repose sur un engagement collectif et des actions concrètes. En mobilisant l’ensemble des ressources et en agissant sur les disparités sociales et territoriales, les deux institutions réitèrent aujourd’hui leur engagement commun pour relever ce défi majeur de santé publique.

À l’issue d’un travail collaboratif réunissant les acteurs et actrices engagés dans la lutte contre le VIH en Île-de-France (associations, équipes soignantes, chercheurs et chercheuses, collectivités locales), 25 nouvelles propositions ont été formulées. Certaines vont pouvoir être rapidement déployées, d’autres doivent encore faire l’objet de travaux complémentaires.  Certaines renforcent les dispositifs existants, tandis que d’autres introduisent des approches novatrices visant à former et élargir le réseau de professionnels de santé et de services impliqués dans l’offre de prévention combinée. Elles se déploient sur trois axes prioritaires :  renforcer la compréhension locale de l’épidémie, étendre l’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et maximiser l’impact du dépistage et du traitement.

Pour en savoir plus, lire le communiqué de presse

Le soutien de l’ANRS MIE à la recherche

Voici quelques projets de recherche emblématiques soutenus par l’ANRS MIE :

Pour une meilleure compréhension de l’épidémie : l’étude COINCIDE a permis de préciser les connaissances territoriales de l’épidémie VIH en Île-de-France à une échelle géographique fine. De nombreux projets sont également menés pour une meilleure connaissance des personnes vivant avec le VIH comme l’enquête nationale VESPA 3, qui s’intéresse aux conditions de vie des personnes vivant avec le VIH et à leurs besoins sociaux, et dont les inclusions viennent de se terminer; l’enquête Trans&VIH s’intéressant aux parcours et  conditions de vie des personnes trans séropositives en France, ; ou encore l’enquête multicentrique Coquelicot permettant une mesure de séroprévalence du VIH et des hépatites B et C chez les consommateurs de substances par injection ou sniff,  et de renseigner leurs pratiques de consommation et de réduction des risques, dont les résultats seront publiés prochainement.

Pour maximiser l’impact du dépistage et du traitement, l’étude NotiVIH visant à encourager la notification des partenaires après un diagnostic VIH. Dans le champ de la prévention et l’accès à la PrEP, la cohorte ANRS Prévenir est une étude menée en Île-de-France visant à prévenir les nouvelles infections par le VIH grâce à l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). De nouvelles stratégies sont également à l’étude : c’est le cas de l’étude CABOPrEP qui va évaluer l’impact d’une prophylaxie pré-exposition du VIH par cabotégravir injectable à action prolongée comparée à la PrEP orale sur la persistance et la couverture des actes sexuels à risque chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Par ailleurs, de nouvelles études pour l’amélioration de la prise en charge thérapeutique ont démarré : l’essai ELDORADO qui compare une trithérapie à base de doravirine et une trithérapie à base de dolutégravir ; l’ étude ANRS BI-LIGHT étudiant des stratégies d’allégement pour les personnes co-infectées par le VIH et l’hépatite B ; ou encore l’étude ANRS 0338 PDVCOH qui évalue la perte de suivi dans le soin de sujets infectés par le VIH. Le consortium RHIVIERA (Remission of HIV Infection ERA) a, quant à lui, pour objectif de développer de nouveaux outils et stratégies dans la recherche d’une rémission durable de l’infection par le VIH. L’inclusion des patients dans l’essai Rhiviera 2 vient de démarrer. Toujours dans le maintien de la rémission, l’essai HELIOS a pour objectif d’évaluer la tolérance et l’efficacité d’une immunothérapie dans la prévention du rebond virologique après l’interruption d’un traitement antirétroviral.

Élaboration des nouvelles recommandations de bonne pratique en collaboration avec le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) et la Haute Autorité de santé (HAS)

Au cours de l’année 2024, l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, le CNS et la HAS, ont publié l’ensemble des recommandations pour la prise en charge thérapeutique, curative et préventive des personnes vivant avec le VIH et des personnes exposées au VIH. Ces recommandations ont pour objectif d’aider les professionnels à proposer la meilleure prise en charge thérapeutique possible de l’infection par le VIH.

Ces recommandations sont le fruit de deux ans de travail et comprennent de nombreux chapitres : les nouveaux traitements préventifs pré et post-exposition, les aspects gynéco-obstétricaux et pédiatriques, les spécificités des traitements antirétroviraux, les complications infectieuses associées à l’infection par le VIH, le dépistage et la prise en charge des cancers chez les personnes vivant avec le VIH, le suivi virologique de l’infection VIH et l’analyse de la résistance aux antirétroviraux, le parcours de soins et le suivi de l’adulte vivant avec le VIH, l’organisation de l’accès aux soins ou en encore le dépistage et la prise en charge des comorbidités chez l’adulte vivant avec le VIH.

Lire le communiqué https://anrs.fr/fr/actualites/actualites/vih-recommandations-prise-en-charge/

Communiqué du programme « VIH Zéro » Communiqué des recommandations de bonne pratique