La journée mondiale contre l’hépatite, le 28 juillet, est l’occasion d’intensifier les efforts internationaux de lutte contre cette maladie et de renforcer les mesures pour améliorer l’accès aux services de dépistage et de traitement. Focus sur l'action de l'ANRS Maladies infectieuses émergentes face à cette épidémie.
Dernière mise à jour le 29 juillet 2025
La journée mondiale contre l’hépatite a lieu tous les ans le 28 juillet. Le thème de cette année est : « Hépatites : mettons-y fin. » L’ANRS Maladies infectieuses émergentes s’engage en accompagnant de nombreux projets de recherche avec par exemple :
L’ANRS Maladies infectieuses émergentes continue de se mobiliser pour faire avancer la recherche sur les hépatites virales et apporter des solutions aux millions de personnes qui en souffrent.
Cette journée mondiale est l’occasion de découvrir la cohorte HEPATHER, soutenue et promue par l’ANRS MIE, qui vise à améliorer les connaissances sur les hépatites B et C et leur prise en charge.
Lancée en 2012, la cohorte nationale ANRS CO22 HEPATHER est une étude observationnelle multicentrique qui suit 20 857 patients atteints d’hépatite B et/ou C, en phase chronique ou après guérison. Conçue pour documenter l’histoire naturelle de ces infections, elle vise à évaluer l’efficacité et la tolérance des traitements en conditions réelles, à identifier les facteurs pronostiques de progression de la maladie hépatique, et à fournir une base solide pour des recherches translationnelles.
Le protocole repose sur un suivi longitudinal de 7 à 10 ans, intégrant un recueil prospectif de données cliniques, biologiques et sociales. Les inclusions sont clôturées depuis le 30 avril 2019, et les visites se sont achevées au 31 décembre 2024.
Depuis son lancement, HEPATHER a grandement contribué à la recherche, avec 70 communications en congrès et 59 publications scientifiques. Elle a notamment apporté des résultats majeurs sur l’efficacité clinique et la sécurité des antiviraux à action directe (AAD) dans le traitement de l’hépatite C. Ces résultats ont permis de faire évoluer les recommandations nationales de prise en charge des patients.
La cohorte a été mise en place en 2012, avec un objectif très ambitieux : inclure environ 15 000 patients atteints d’hépatite C et 10 000 atteints d’hépatite B, recrutés dans des centres experts en hépatologie sur toute la France, avec le soutien de l’Association Française pour l’Etude du Foie (AFEF). Finalement, nous avons atteint l’objectif pour l’hépatite C avec 15 000 inclusions, et avons inclus 6 000 patients pour l’hépatite B. C’est, à ce moment-là, la plus grande cohorte du monde occidental sur les hépatites virales.
Et c’est grâce à cette ampleur qu’on a pu documenter de manière très robuste l’impact réel des antiviraux à action directe contre le virus de l’hépatite C, en montrant une baisse significative de la mortalité, du risque de cancer du foie et de décompensation hépatique chez les patients traités.
Le suivi des patients atteints d’hépatite C est désormais terminé, compte tenu de l’efficacité des traitements actuels, mais l’étude se poursuit pour les patients atteints d’hépatite B.
Une étude ancillaire, HEPAT-B, prend la suite de la cohorte HEPATHER en se concentrant sur les patients atteints d’hépatite B. Le suivi des 5 000 à 6 000 patients déjà inclus dans HEPATHER va être prolongé, en collectant de nouvelles données cliniques et biologiques. L’objectif de cette nouvelle nouvelle cohorte nationale dédiée au VHB est de documenter l’efficacité des traitements actuels et à venir contre l’hépatite B, mais aussi d’identifier des biomarqueurs précoces de complications, comme le cancer du foie.
« L’un des grands défis aujourd’hui dans l’hépatite B, c’est d’atteindre ce qu’on appelle une cure fonctionnelle. C’est-à-dire obtenir la disparition de l’antigène HBs, qui est le témoin de l’infection chronique. Le problème c’est que même après cette disparition, l’ADN du virus peut persister dans les cellules et se réactiver. Ce qu’on espère avec HEPAT-B, c’est d’arriver à identifier les biomarqueurs qui prédisent cette réponse au traitement, et mieux comprendre les risques résiduels pour pouvoir à terme arrêter les traitements chez certains patients. »
Pr Fabrice Carrat, responsable scientifique de la cohorte HEPATHER
De nombreuses publications scientifiques (retrouvez l’inventaire ici) sont issues de la cohorte HEPATHER. C’est le cas par exemple des travaux de recherche du Pr Patrick Soussan, qui s’intéresse à la diversité du génome et à la répartition des particules virales du VHB lors des quatre grandes phases de l’infection virale.
Patrick Soussan : Le projet « Diversité du génome des particules virales circulantes du VHB : Impact au cours de l’infection virale » est né d’une découverte qui a surpris la communauté scientifique : en plus des particules virales « classiques » du virus de l’hépatite B, qui contiennent de l’ADN, on a identifié chez les patients infectés des particules virales contenant de l’ARN. C’était complètement inattendu. À l’époque, on ne savait pas du tout si ces particules étaient accidentelles ou si elles pouvaient jouer un rôle dans la maladie.
Patrick Soussan : Mon objectif était de décrire la diversité des formes virales et de mieux la comprendre. On sait que le virus de l’hépatite B est capable de générer différentes formes de particules virales, par exemple via un mécanisme appelé l’épissage alternatif. Nous avons voulu explorer les quatre grandes familles de particules qui circulent dans le sang des patients : celles contenant un ADN complet, celles avec un ADN épissé, celles avec un ARN complet, et celles avec un ARN épissé. C’était une approche très centrée sur la biologie du virus, mais avec des implications possibles pour la compréhension de la maladie.
Patrick Soussan : À l’époque, il n’existait qu’une seule grande cohorte en France permettant d’étudier des patients porteurs chroniques du VHB : la cohorte HEPATHER. Pour pouvoir mener mon étude, j’ai dû présenter mon projet au comité scientifique de la cohorte. Une fois leur feu vert obtenu, j’ai pu accéder aux échantillons biologiques et aux données associées. Sans cette cohorte, ce projet n’aurait tout simplement pas été possible.
On a travaillé à partir d’un ensemble initial de 162 patients inclus dans la cohorte entre 2012 et 2016. Après un tri rigoureux – notamment parce que certains prélèvements ne correspondaient plus à la phase active de la maladie –, on a conservé les patients pour lesquels on pouvait établir une bonne corrélation entre les données cliniques et ce qu’on mesurait dans les échantillons. On a ensuite quantifié les différentes formes de particules virales présentes dans leur sérum et étudié leur répartition selon les différentes phases de l’infection chronique. Cela nous a permis d’évaluer leurs effets sur le cycle viral, notamment à l’aide de modèles cellulaires.
Patrick Soussan : Aujourd’hui, on classe les patients atteints d’hépatite B selon des critères virologiques et cliniques bien établis. Ce que notre étude montre, c’est que la composition du « virome » – c’est-à-dire la diversité des particules virales circulantes – pourrait être un marqueur complémentaire. Il serait possible, à terme, d’affiner la classification des patients, voire de mieux anticiper l’évolution de la maladie.
Nos résultats montrent que :
Ce travail a donné lieu à une publication dans la revue Hepatology International en 2022, qui décrit à la fois la diversité des formes virales et leur répartition selon les différentes phases de l’infection chronique.
Retrouvez la publication : Sotty, J., Bablon, P., Lekbaby, B. et al. Diversity of the nucleic acid forms of circulating HBV in chronically infected patients and its impact on viral cycle. Hepatol Int 16, 1259–1272 (2022). https://doi.org/10.1007/s12072-022-10389-6
L’ANRS MIE finance des projets dans les pays à ressources faibles et intermédiaires (PRFI), notamment via le Réseau international. Parmi l’ensemble des projets menés, découvrez 2 projets sur la prévention de la transmission de l’hépatite B de la mère à l’enfant.
L’étude ANRS 12417 TOPCHIB est destinée à évaluer dans une région rurale et de forte endémie de l’hépatite B au Cameroun, la faisabilité, l’efficacité, et le coût-efficacité d’un traitement antiviral délivré aux femmes enceintes ayant une charge virale élevée ou avec un taux d’antigènes E du virus de l’hépatite B (AgHBe) détectable afin de prévenir la Transmission Mère-Enfant (TME) du VHB dans un contexte de vie réelle.
Cette étude est réalisée dans le district de Tokombéré, district où la prévalence de l’hépatite B est de 20% environ et où les traitements antiviraux des femmes enceintes ont été mis en place depuis longtemps afin de prévenir la TME du VIH avec une réussite totale.
L’étude a démarrée en 2023 avec une fin des inclusions prévue pour le deuxième semestre 2026
L’étude ANRS 0562s HIPOCAMP est un essai clinique qui s’inscrit également dans le cadre de l’élimination de la transmission mère-enfant du virus de l’hépatite B. Il s’agit d’un essai thérapeutique multicentrique qui se déroulera dans cinq pays : trois en Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire et Togo) et deux en Asie (Cambodge et Vietnam). Au total, 3 200 femmes enceintes seront incluses et suivies jusqu’à neuf mois après l’accouchement.
Deux stratégies seront comparées :
L’étude examinera aussi : la faisabilité et l’acceptation des stratégies dans les différents pays, les perceptions des femmes et du personnel de santé, le rapport coût-efficacité, les politiques nationales et les possibilités d’appliquer les résultats à grande échelle. Le début des inclusions est prévu pour octobre 2025, et la fin de l’essai est prévue pour juin 2028.
L’ANRS MIE rassemble des chercheurs et experts au sein de divers collectifs : actions coordonnées (AC), groupes et sous-groupes de travail, réseaux, task forces, etc.
Parmi les groupes d’experts impliqués dans la recherche sur les hépatites, la Task force HBV Cure promeut une recherche ambitieuse et innovante autour de la thématique de la guérison de l’hépatite B en France et à l’international. Également, l’action coordonnée « Recherche fondamentale et translationnelle sur les hépatites virales » (AC42) travaille sur de nouveaux concepts et orientations concernant la prévention et la thérapie, notamment à travers trois groupes de travail : Interactions virus-cellules, Immunologie et Pathogenèse. Découvrez aussi les travaux de l’ANRS MIE autour de l’hépatite D via la présentation de la cohorte HEPDELTA.
Cohorte nationale du suivi des patients ayant une co-infection par les virus des hépatites B et Delta
La cohorte ANRS CO22 HEPATHER est intitulée « Options thérapeutiques au cours des hépatites B et C : une cohorte nationale française ».
Une étude de la revue PLOS chiffre les impacts positifs de la science ouverte sur la recherche à l’échelle de la France.
12 décembre 2025