Le dépistage du cancer anal se base depuis 2024 sur la recherche d’HPV16 sur frottis anal suivie, en cas de positivité, d’une cytologie anale et d’un examen proctologique. La recherche unique d’HPV-16 pour ce dépistage pourrait engendrer un sous-diagnostic chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) : 31% des lésions cancéreuses anales chez les PVVIH étaient dues à la présence d’un HPV à haut-risque oncogène (HPVHR) autre que HPV16 (versus 13% en population générale) dans une méta-analyse de référence. Certaines lésions anales de haut grade (HSIL) pouvant régresser spontanément, la connaissance de la durée et des facteurs associés à la persistance des HSIL en fonction du type d’HPV-HR apparait primordiale, notamment les niveaux de méthylation des marqueurs cellulaires.
L’objectif principal est de déterminer chez des FVVIH de plus de 30 ans si la régression des lésions HSIL HPV-HR non HPV16 est supérieure à celles avec HPV16.
Méthodologie : Étude de cohorte, multicentrique.
Critères d’inclusion
- FVVIH de plus de 30 ans
- Sous ARV depuis plus de 6 mois
Critères d’exclusion
- Absence de traitement ARV
- Esperance de vie estimée par l’investigateur comme engagée
- Patiente sous tutelle ou curatelle
- Présence d’une symptomatologie anale ou gynécologique
- Dernier test HPV-HR anal négatif datant de moins de 5 ans
- Dernier test HPV-HR anal positif datant de moins d’1 an
Procédures diagnostique :
Adaptation des recommandations de la Société Nationale Française de Colo-proctologie et du groupe d’experts de prise en charge des PVVIH pour le dépistage des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses au niveau anal par la réalisation et le rendu d’un test ADN HPV-HR comme 1er examen selon l’algorithme de la figure 3 du projet.
Deux prélèvements anaux et cervicaux (inclusion) : un frottis cervical et anal analysés localement; et un frottis cervical et anal pour une analyse centralisée uniquement si le test local positif (laboratoire de virologie, hôpital Bichat-Claude Bernard) : génotypage et rendu individualisé d’HPV-HR (Seegene AnyplexII HPV-HR), et niveau de méthylation des marqueurs cellulaires
Critères de jugement :Proportion de FVVIH présentant une régression des lésions anales HSIL liées à HPV16 ou à un/des autre(s) HPV-HR au cours du suivi. Le diagnostic d’HSIL et de LSIL est histologique sur des biopsies anales de lésions identifiées en AHR. Une régression se définit par une disparition ou une régression de grade de la lésion intra-épithéliale de haut à faible grade.
Critères de jugement secondaires :
- Prévalence des lésions anales HSIL HPV-HR ou HPV-16 à l’inclusion
- Prévalence et incidence des lésions HSIL ayant des critères de mauvais pronostics
- Taux de prévalence et taux de régression des lésions LSIL
- Prévalence et distribution des HPV-HR (dont HPV16) au col et à l’anus
- Taux de clairance des infections HPV-HR anales et cervicales, selon le type d’HPV-HR
- Prévalence des HSIL au niveau du col de l’utérus
- Concordance des génotypes d’HPV-HR détectés au niveau anal et du col utérin
- Niveaux de méthylation des marqueurs cellulaires au niveau cervical et anal chez les porteuses d’HPV-HR en fonction de la sévérité de la lésion
- Niveau de méthylation et évolution des lésions anales ou cervicales
- Incidence des cancers anaux ou cervicaux
- Proportion de FVVIH adressées au proctologue dans le cadre de l’étude par rapport à la population totale des FVVIH incluses, ou celles ayant un antécédent de CIN2 ou de cancer-précancer vulvaire, ou ayant un HPV-16 anal
L’inclusion de 2000 FVVIH est nécessaire, pour un suivi de 65 FVVIH avec des lésions HSIL HPV-HR non HPV16 et de 81 FVVIH avec des HSIL HPV-16.
Période d’inclusion et participation par patiente : 1 an et 3 ans respectivement
Analyses finales : 24 semaines
Durée du projet : 4 ans
Attentes : l'étude apporterait potentiellement des modifications dans l’algorithme de dépistage du cancer anal, en la détection de l’ensemble des HPV-HR et non HPV-16 uniquement, et de positionner les marqueurs anaux de méthylation dans un algorithme de triage pour identifier une population tout particulièrement à risque de non-régression d’HSIL.